Fsu : Une rentrée qui interroge le métier  

"Une carrière c'est pas un job". Les "job dating" de la rentrée ne passent pas à la FSU. La première fédération de l'éducation a mis l'accent le 8 septembre sur la façon dont le ministère détricote le métier enseignant. La Fsu estime que les actes de Pap Ndiaye vont à l'encontre de ses propos. La réforme de l'enseignement professionnel en est un exemple tellement elle sacrifie les enfants familles populaires.

 

"Une carrière ce n'est pas un job"

 

" La rentrée 2022 n’est pas synonyme d’une amélioration des conditions d’enseignement et d’apprentissage des élèves, quel que soit le niveau considéré. Le ministre Ndiaye, qui entend marquer quelques ruptures de styles avec son prédécesseur, n’a contribué à aucune inflexion des conditions de rentrée. Les débats qu’il entend ouvrir au plus près des écoles et des établissements en associant parents, élu-es, collectivités, associations, entreprises portent même des risques d’une nouvelle déréglementation de l’école publique", estime la Fsu.

 

Un bel exemple en a été donné dès cet été avec les job dating."Les job dating ont choqué. Ca ne passe pas dans l'opinion. Les gens sont attachés à une école de qualité", dit Benoît Teste, secrétaire général de la Fsu. Avec les secrétaires généraux des syndicats de la FSU, il pointe "la continuité libérale" de cette rentrée.

 

"La revalorisation qu'en début de carrière c'est inacceptable", estime Benoît Teste. Pour lui cela montre la différence entre les "jobs" proposés par le ministère, et le métier enseignant. "Une carrière c'est une conception d'un métier. Une carrière ce n'est pas un job pour quelques semaines. Cela veut dire qu'on reconnait l'engagement des personnels éducatifs".

 

La question du sens du métier enseignant est posée aussi par Guislaine David, co-secrétaire générale du Snuipp Fsu et Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes Fsu. "En salle des profs la grande question de la rentrée c'est comment on quitte l'éducation nationale", dit S Vénétitay. "L'éducation est à la croisée des chemins", dit-elle.

 

La rentrée s'effectue en mode dégradé. Dans le premier degré les remplaçants sont déjà très nombreux à être mis en classe. C'est le cas de la moitié des remplaçants en Creuse, de 243 remplaçants en Meurthe et Moselle. Dans le second degré 62% des établissements n'ont pas tous leurs enseignants.

 

Une réforme qui contredit les propos de P Ndiaye

 

La Fsu est particulièrement inquiète de la réforme de l'enseignement professionnel. "Les collègues demandent qui va être impacté", explique Sigrid Gérardin co secrétaire générale du Snuep fsu. "Les professeurs de lettres et de maths sont les plus en colère. Ils ont déjà subi des coupes sombres avec la dernière réforme. Or E Macron a promis le doublement des périodes de stage. "Les professeurs des disciplines professionnelles vivent cette réforme comme une provocation. On nous dit que l'entreprise fait mieux que nous". Surtout la réforme pourrait peser principalement sur eux."Ce serait la fin des heures en atelier". La récente réforme du lycée professionnel menée par JM Blanquer s'est traduite par 4500 suppressions de postes. "On est très inquiet", dit S Gérardin.

 

Le Snuep Fsu souligne aussi la dégradation de la formation des jeunes des familles populaires. "En stage ils travaillent sur des missions restreintes et des gestes techniques. Alors qu'au lycée , dès la seconde, on les fait travailler sur la prospection, la négociation, la fidélisation pour qu'ils soient prêts en terminale".

 

"Individualiser chaque lycée en le mettant au service d'une branche professionnelle, c'est instrumentaliser le parcours de ces jeunes. Cette volonté de réduire la formation professionnelle est choquante". Le Snuep rappelle que 72% des professeurs des disciplines professionnelles viennent des entreprises. "On a des liens forts avec les entreprises".

 

Pour le Snuep Fsu, le projet de reforme de la voie professionnelle est en contradiction avec les propos du ministre sur la justice sociale.

 

" Les priorités du ministère ne vont véritablement pas à la réussite de tous les jeunes, encore moins à former de futur-es citoyen-nes émancipé-es. Il s’agit avant tout de préparer la jeunesse au marché de l’emploi tout en forgeant le « caractère propre » de chaque établissement. Auto-évaluation des établissements, dispositifs expérimentaux que ne manqueront pas de valoriser les débats locaux voulus par le ministre, financements contractuels sur projets... tout concourt pour que le système scolaire ne lutte plus contre les inégalités mais se fragmente sans moyens ni politique nationale ambitieuse", estime la Fsu.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 09 septembre 2022.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces