Pap Ndiaye entre Ferry et Macron 

Si, le 25 août, E Macron a emprunté les habits de ministre de l'éducation, le 26 Pap Ndiaye les a repris. D'abord avec des annonces : augmentation des fonds sociaux, concours de titularisation des contractuels au printemps, réflexion sur l'enseignement des maths, travail  approfondi sur le collège, réforme de la formation des enseignants. Lors de sa conférence de presse de rentrée, P Ndiaye connait ses dossiers. Il veut convaincre que "l'Ecole du futur" promise par E Macron est compatible avec le maintien de l'école républicaine. Tout en prônant la flexibilité...

 

Un choc d'attractivité

 

"L'école est le pilier central de la République". Après les projets libéraux énoncés par Emmanuel Macron devant les recteurs le 25 août, il semblait que Pap Ndiaye n'ait rien à ajouter. Erreur. Le ministre s'est employé à convaincre que l'école républicaine est toujours au programme. Son discours s'ouvre par une maxime républicaine et se clôt par une citation de Jules Ferry. Entre les deux se mêlent les projets libéraux d'E. Macron et les politiques sociales qu'annonce P Ndiaye.

 

Attaqué sur sa gestion de la crise du recrutement, P Ndiaye réagit. "Il faut créer un choc d'attractivité grâce à des rémunérations initiales attractives". P Ndiaye confirme une concertation avec les syndicats cet automne. Les salaires en dessous de 2000€ passeront au dessus. Mais il y aura une réflexion sur l'ensemble de la grille salariale, dit-il. Il annonce 260 nouveaux recrutements sur listes complémentaires et promet une réflexion sur l'utilisation de ces listes à l'avenir.

 

Quand on lui reproche le manque de formation des contractuels, le ministre annonce un concours exceptionnel de titularisation des contractuels au printemps. Il apporte ainsi une réponse à ceux qui voient dans l'appel aux contractuels une gestion délibérée de la fonction publique.

 

Après les propos d'E Macron sur le recrutement des enseignants au niveau bac, P Ndiaye précise qu'il ne veut pas rompre avec la masterisation.  Il explique qu'il s'agit de réfléchir à la sélection et la formation pas de revenir sur le bac +5.

 

Travail  approfondi sur le collège

 

Et puis il présente ses propres projets pédagogiques. Il annonce une réflexion sur l'enseignement des maths du collège au lycée. La place des maths dans le tronc commun en fait partie : le ministre ne sait pas si elles sera optionnelle ou obligatoire en 2023. Le collège semble être la préoccupation pédagogique majeure du ministre. Il pointe les mauvais résultats en français, maths et anglais pour annoncer "un travail approfondi" sur le collège à partir de cet automne. une nouvelle réforme à venir. Dès cette année, des collèges volontaires expérimenteront la demi journée "avenir" pour "créer une passerelle entre les mondes éducatif et professionnel" (C Grandjean). Les élèves pourront faire des mini stages en entreprises, visiter des lycées professionnels etc.

 

Hausse des fonds sociaux

 

Pap Ndiaye lance aussi des politiques sociales. Alors qu'on l'a critiqué pour avoir créé des fonds sociaux au bénéfice du privé, il annonce l'augmentation de  50% des fonds sociaux. Il met aussi l'accent sur la mixité sociale dans les établissements. Des filières d'excellence vont être installées dans des établissements prioritaires. Surtout, le ministre s'intéresse aux démarches de sectorisation et met en modèle les expériences parisienne et toulousaine. Des instructions sont données aux recteurs pour faire preuve de volontarisme en ce domaine. P Ndiaye a aussi un peu parlé de l'éducation prioritaire et surtout des CLA qui semblent moins bien installés qu'avant 2022. "On doit regarder ces dispositifs qui sont valides et positifs dans le principe", dit-il. "Mais on doit aussi regarder la réalité". Le développement des CLA est il assuré ? Pas sur.

 

La réforme de la voie pro

 

Mais les plus gros projets du ministre sont ceux d'E Macron. D'abord la réforme de la voie pro. Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, se veut rassurante. "On associera les organisation syndicales, les élus locaux, le sparents, les chefs d'entreprise, les acteurs de la formation à la réforme", dit-elle. Il s'agit de faire progresser le taux d'insertion dans l'emploi. Et, pour cela, "il sera indispensable de rapprocher encore davantage le lycée professionnel et le monde de l'entreprise". Concertation ou pas, elle annonce déjà qu'à la rentrée 2023 de toutes façons la durée des stages sera doublée. Evidemment cela pose la question des horaires d'enseignement général et professionnel théorique. "On va travailler dans la concertation avec les acteurs", dit-elle. "Ce volume de stage doit entrer dans le projet pédagogique et maintenir une qualité de savoirs fondamentaux auxquels je suis attachée.. On doit pouvoir organiser ce volume de stage et accompagner le projet pédagogique des établissements... C'est aussi l'engagement que doit porter le lycée professionnel de permettre à l'élève d'avoir réellement sa chance de s'insérer ou de poursuivre des études". Comme les enseignements généraux et professionnels théoriques ont déjà été saignés lors des précédentes réformes, ces propos ne vont peut-être pas rassurer les professeurs de ces lycées.

 

Ecole du futur, futur de l'école...

 

P Ndiaye présente "l'école du futur", ces établissements reconstruits autour d'un projet qu'E Macron a initié à Marseille, comme "une démarche de confiance envers le terrain". Il reprend l'argumentaire d'E Macron. Ces écoles pourront développer des pratiques pédagogiques nouvelles. Mais elles seront évaluées par les rectorats.

 

Et quid du futur de l'école ? Pap Ndiaye évoque la baisse du nombre d'élèves sous le quinquennat. "On va perdre 95 000 élèves chaque année", soit 500 000 dans le quinquennat. Cela représente une occasion de faire des économies de postes. "Dans un contexte de baisse des effectifs on doit réfléchir en terme de fermetures de classes", explique P Ndiaye. A propos de l'école du futur il avait dit peu auparavant : "on reste l'éducation nationale mais il faut accepter un peu de flexibilité". C'est bien cela le problème..

 

François Jarraud

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 26 août 2022.

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