Le Snuipp Fsu veut un "nouveau souffle" pour l'école 

"On demande un nouveau souffle pour l'école". Lors de son point de rentrée, le 23 août, Guislaine David, co secrétaire générale du Snuipp Fsu, définit le contenu de ce nouveau souffle. Bien sur il est question des salaires : premier syndicat du 1er degré, le Snuipp demande 300€ net mensuels pour les enseignants. Mais le Snuipp veut aussi rompre avec la pédagogie Blanquer et "sortir des seuls fondamentaux". Une ambition qui se heurte à "l'école du futur" macronienne.

 

Salaire : 300€ nets de plus par mois

 

"La profession ressort épuisée du quinquennat précédent". Guislaine David, devant les deux autres co secrétaires généraux, Blandine Turki et Nicolas Wallet, évoque "la remise en cause de la liberté pédagogique, la succession de réformes" sous JM Blanquer mais aussi les deux années de crise sanitaire. Tout cela pèse sur cette rentrée sans que la nomination de Pap Ndiaye ait suffit à changer l'atmosphère.

 

Ce qui pourrait bien mobiliser les enseignants du premier degré ce sont bien sur les salaires. Selon Nicolas Wallet, un professeur des écoles au 9ème échelon a perdu 3600€ par an en 2022 par rapport à 2010. Le Snuipp demande 300€ nets d'augmentation par mois, soit le mois de salaire qui a fondu grâce au gel du point Fonction publique.

 

Les déclarations de G Attal et P Ndiaye sur les 2000€ net pour les enseignants débutants ont augmenté le mécontentement. "Si c'est le cas il va falloir que le gouvernement mette le paquet", estime G David. "On s'opposera à des mesures divisant la profession", précise N Wallet. Pour le Snuipp Fsu la revalorisation ne doit pas se limiter aux seuls enseignants débutants. Il faut une refonte de la grille , y compris pour les fins de carrière exclus par G Attal de la revalorisation.

 

Le syndicat souligne la crise de recrutement. A coté du salaire, la dégradation des conditions de travail jouent aussi un rôle, estime le Snuipp : nombre d'élèves par classe, inclusions intenables faute de moyens, droits dégradés pour le personnel avec par exemple des refus de temps partiel ou de mutation.

 

Rejet de l'Ecole du futur

 

Mais le nouveau souffle est aussi pédagogique. Le Snuipp est sceptique devant l'Ecole du futur promise par Macron. "La généralisation de l'expérimentation marseillaise n'est pas une demande du terrain", précise G David. "Cette expérimentation met en concurrence les écoles. A Marseille elles ont obtenu 40 000€ pour mettre en place un projet innovant et 15 postes supplémentaires. Ca fait beaucoup de moyens : l'Ecole du futur on ne pourra pas la généraliser partout sur le territoire", ironise t-elle. "C'est une façon de déréguler le système en dérogeant au statut des personnels. Cela ne pourra pas améliorer l'Ecole car le recrutement des enseignants par les directions a déjà été essayé du temps des réseaux Eclair. La recherche montre qu'on n'obtient pas de meilleurs résultats quand les directeurs recrutent ont plus de pouvoir hiérarchique et recrutent les enseignants".

 

Les débats annoncés par E Macron sont aussi rejetés. "Il n'ya pas de demande sur le terrain", explique G David. "Ces débats (auxquels participeront associations et élus) pourront remettre en cause les projets d'école. Des débats comme cela on en a déjà connu et cela n'a jamais été favorable pour les écoles".

 

Contre le "tout fondamentaux"

 

Mais le Snuipp se mobilise aussi contre le "tout fondamentaux" que JM Blanquer a installé dans le premier degré. "On ne peut pas réduire les inégalités sociales avec les seuls fondamentaux", dit G David. Pour le Snuipp, "faire de la maitrise du lire, écrire, compter la solution à l'échec scolaire n'a pas l'évidence que lui attribue la communication ministérielle". Le Snuipp soulève que la France est déjà la championne des fondamentaux : la France consacre 42% du temps scolaire aux disciplines autres que français et maths contre 63% dans les pays de l'Ocde. "Les travaux en sociologie des apprentissages montrent que les élèves les plus en difficulté à l'école sont ceux qui sont convaincus qu'ils n'y sont que pour apprendre à lire, écrire et compter. En resserrant les enseignements sur les fondamentaux, one exclut les élèves issus des classes populaires des autres champs de savoirs : sciences, arts etc. portant déterminants". Le Snuipp souligne le risque de voir cette année cette logique des seuls fondamentaux gagner la maternelle. Pour le Snuipp, "le pilotage par les résultats des évaluations nationales privilégie l'acquisition des compétences de plus bas niveaux au détriment de celles permettant la construction du sens".

 

Le Snuipp éclaire d'ailleurs les résultats du quinquennat précédent en montrant comment les inégalités sociales de résultats se sont accrus malgré les dédoublements.

 

Le Snuipp attend un véritable changement pédagogique du nouveau ministre qui, pour le moment, situe sa politique pédagogique dans la continuité de son prédécesseur.

 

François Jarraud

 

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 24 août 2022.

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