Duru-Bellat : Le vertige des notes 

"La polémique récente autour de l’harmonisation des notes du bac – quand des notes de spécialités ont été relevées en masse sans que les correcteurs en aient été informés – posait pourtant des questions cruciales, pour le système scolaire et bien au-delà", écrit Marie Duru-Bellat dans Alternatives économiques. "Les pratiques d’harmonisation des notes, pour atténuer les écarts moyens entre jurys ou entre sujets, sont classiques et en général tolérées dès lors que ce qui est en jeu, c’est d’assurer une certaine équité entre les candidats. Leur note doit refléter leurs connaissances et ne pas pâtir d’un jury ou d’un sujet plus dur que les autres. Voilà qui semble évident. Mais quel enseignant soutiendrait que ses notes reflètent précisément les acquis de tel ou tel élève ?". Elle rappelle les nombreux biais qui affectent la notation. " Il n’en demeure pas moins que relativiser la valeur des notes – ce qu’elles mesurent et avec quelle précision – est une pente glissante. C’est bien pour cela que les pratiques d’harmonisation font peur : ne risquent-elles pas de miner la confiance dans les notes ? Car si l’on ne croit plus aux notes, comment classer et sélectionner ces élèves qui se pressent si nombreux aux portes des filières les plus prestigieuses et les plus attractives ? Si l’on ne croit plus aux notes, comment croire aux diplômes et aux compétences qu’ils sont censés sanctionner ? Et alors comment accepter que les salaires suivent fidèlement la hiérarchie des diplômes et admettre sans broncher le pouvoir de nos élites diplômées ? C’est toute notre logique méritocratique qui s’en trouve ébranlée."

 

Dans Alternatives économiques

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 28 juin 2022.

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