Pap Ndiaye promet 2000€ pour les professeurs débutants 

En annonçant un salaire net de départ de 2000€ en 2023, Pap Ndiaye fait le buzz. Pourtant rien de neuf dans ces propos  qui reprennent de vieilles promesses de JM Blanquer. Dans cet entretien donné au Parisien,  le ministre de l'éducation nationale revient surtout sur sa feuille de route. Force est de constater qu'elle est dans une totale orthodoxie par rapport aux annonces d'Emmanuel Macron. Interrogé sur la rupture ou la continuité avec JM Blanquer, Pap Ndiaye semble préférer la continuité...

 

2000€ nets ?

 

"La hausse de rémunération sera composée de deux parts. La première sera non conditionnée et s'appliquera à tous les enseignants. Ce qui implique de passer le salaire de départ des jeunes au-dessus des 2000 euros net. Ce sera en 2023. Par ailleurs , nous mettrons en place une part salariale conditionnée à des tâches nouvelles". Cette annonce a fait beaucoup réagir car elle ne parle que des enseignants débutants, semblant laisser de coté les autres enseignants. Pour un débutant cela représente environ 500€ par mois d'augmentation, beaucoup plus que les récentes prime Grenelle.

 

On sait depuis une rencontre avec les syndicats que la date de cette revalorisation pourrait être septembre 2023. E, fait, Pap Ndiaye reprend les annonces du président de la République début juin  en ce qui concerne le double niveau de rémunération avec le nouveau "pacte" proposé ou imposé aux enseignants avec une rémunération au mérite. Quant à la barre des 2000€ nets, elle a été avancée plusieurs fois par JM Blanquer , sur Europe 1 le 8 mai 2019 ou encore le 31 août 2021 sur BFM. Il semble pourtant que le budget 2023 ne soit pas arrêté si on en croit P Ndiaye dans le même entretien où il dit qu'il "y a une enveloppe budgétaire à caler". Elle ne l'est donc pas encore.

 

Une mesure qui interroge la fonction publique

 

Les syndicats ont réagi à ces propos. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa, estime que le ministre "n'en dit pas assez" mais salue "un bon changement de cap" dans le contexte actuel. Guislaine David, co secrétaire générale du Snuipp Fsu, rappelle qu'il faut actuellement 15 ans d'ancienneté pour atteindre 2000€. "Il faut revaloriser toute la grille et pas que les débutants", dit-elle, rappelant "qu'on a déjà entendu cette promesse". Pour Gérard Aschiéri, ancien secrétaire général du Snes Fsu, "ce serait rendre caduc le droit à une carrière.. et substituer de fait une fonction publique d'emploi à la fonction publique de carrière". Une perspective qui est bien en accord avec la philosophie de la loi de transformation de la fonction publique.

 

La seule annonce nouvelle

 

La plupart des autres déclarations du ministre reprennent aussi les annonces présidentielles. Anisi, P Ndiaye parle de formations qui "ne soient plus organisées sur le temps d'enseignement", des propos qui rappellent le Grenelle de l'éducation et la Cour des Comptes, et qui sont déjà traduites dans un décret signé par son prédécesseur. Pour les absences courtes, il dit "réfléchir à la meilleure manière de faire que les absences - qui sont légitimes - soient compensées". Et il imagine qu'un professeur absent soit remplacée par un autre collègue d'une autre discipline quitte à ce que ce remplacement soit compensé par le professeur absent à son retour. Apparemment cela remet en question la base même du congé maladie. Sauf si on met en place l'annualisation, chère au Grenelle de l'éducation et à la Cour des Comptes, dont l'influence au ministère a été soulignée.

 

Finalement il y a une seule annonce nouvelle dans l'entretien avec Pap Ndiaye. Le ministre dit que l'horaire de maths en 1ère dans le tronc commun  sera "obligatoire en 2023", un point qui n'était aps encore certain. Mais il ajoute que "c'est l'hypothèse la plus probable"...

 

Rupture ou continuité ?

 

Pap Ndiaye continue à jouer avec la question de la rupture ou de la continuité avec son prédécesseur. Interrogé sur ce point, le ministre dit vouloir "échapper à une alternative simpliste" et ajoute qu'il "y aura des éléments de  continuité forte... L'école c'est le lieu des savoirs fondamentaux... On retouche, on améliore mais on ne change rien fondamentalement sur Parcoursup, la réforme du lycée. Et il y aura des inflexions nouvelles et fortes".

 

En attendant, Pap Ndiaye promet "un dialogue sincère et respectueux" avec les syndicats tout en ajoutant "ce n'est pas de la cogestion et nous ne serons pas d'accord sur tout". Rupture ou continuité ?

 

François Jarraud

 

Dans Le Parisien

Pap Ndiaye : le dossier

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 27 juin 2022.

Commentaires

  • stephan, le 27/06/2022 à 08:18
    En réalité la mesure précise étudiée par le ministre serait :
    - 2000€ pour un débutant;
    - 2500€ net au bout de 10 ans de carrière ;
    - 3000€ net au bout de 20 ans ;
    Et ainsi de suite.
    - sans oublier : l'argent du beurre et le sourire de la crémière, en prime, pour tous.
    Allez, on y croit...
    • Yann G, le 05/08/2022 à 11:54
      L'hypothèse la plus probable :
      1. Cajoler les entrants avec une rémunération plus attractive mais des tâches compensatoires.
      2. Surtout ne pas toucher aux autres (pognon de dingue, etc).
      3. Freiner très fort sur les départs volontaires et favoriser mécaniquement les démissions.

      En créant un statut à deux vitesses ils vont finir par avoir ce dont ils rêvent : des agents asservis, corvéables et fiers de l'être. Privatisation à marche forcée avant la fin du quinquénat. Le tout avec une apathie totale des citoyens. Voire un plaisir bien populiste. Personne ne défilera pour l'hôpital, ni pour l'école.
    • isaca1, le 27/06/2022 à 20:33
      On avait pas parlé d'une augmentation avant l'été ? Propos de campagne électorale il faut croire car depuis sa réélection, le président n'en parle plus. Encore 3 ans à tenir, et ce sera un adieu sans regret pour moi.
    • Fscud, le 27/06/2022 à 09:37
      Euh...
      Pas une mauvaise idée en soi mais que va-t-on faire des "anciens" ?
      J'enseigne (en saigne) le Français depuis 2014 et suis encore loin des 2000 €.
      J'ai commencé sous Peillon avec 1280 euros nets...
      Attention, je trouve normal de commencer à 2000 euros.
      C'est un métier tellement difficile, on est toujours en première ligne, toujours critiqués (par les parents, les médias, les politiques)... Pas étonnant que les jeunes se lançant dans la vie active craignent cette voie, malgré tous les prétendus "avantages"...
      Serons-nous augmenter nous autres ?
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