Grève du 27 janvier : Parole aux professeurs 

Jeudi 27 février, c’était journée de grève interprofessionnelle dans la fonction publique. Alors que le ministère annonçait un peu moins de 9% de grévistes chez les enseignants et enseignants, le SNUipp-FSU évoquait 20% dans le premier degré, et le SNES, 30% pour le second degré. Malgré un nombre moins important de grévistes, le mécontentement des profs ne semble pas se démentir.

 

La grève, un coût que peuvent de moins en moins se permettre les profs

 

Leslie enseigne à Bois Colombes. Dans la rue le 27, elle n’avait pas pu manifester le 13 puisqu’en arrêt de travail à cause du covid. « Je ne me suis pas mise en grève le 20. Financièrement, on ne peut pas faire grève trop souvent. Une journée en moins grève fortement notre quotidien. J’ai pas mal de collègues qui sont des femmes seules avec enfant, et faire grève, clairement c’est très compliqué pour elle ».  `

 

Morgane est, quant à elle, professeure des écoles (PE) à Vitry. « On veut des salaires dignes. Dignes de nos études et de ce que nous accomplissons au quotidien pour le pays, pour construire la société de demain. On nous a martelé que nous étions essentiels, mais force est de constater qu’on ne nous le montre pas ». Dans la rue le 13, elle a beaucoup hésité pour la journée du 20. « On en a beaucoup discuté avec les collègues, mais une journée de salaire en moins, ça veut dire pas de beurre dans les épinards. Nos rémunérations ne sont déjà pas élevées, avec l’augmentation de la vie, énergie, essence, fruits et légumes… on en est à compter nos fins de mois. Donc faire grève, c’est se dire qu’à la fin du mois ça va être encore plus compliqué que d’habitude ».

 

Et les difficultés de fin de mois, Caroline, AESH depuis trois ans à Villiers-sur-Marne, connait bien. « Un projet de loi a été présenté à l’assemblée pour un début de reconnaissance de nos fonctions avec des primes qui nous permettraient de vivre un peu plus dignement, il a été balayé par la majorité. Ce mépris est de plus en plus insupportable. Nous sommes sur le terrain depuis le début de la crise sanitaire, nous sommes baladés d’une classe à l’autre quand un élève ou une enseignante a le Covid. Nous n’avons pas de masques FFP2 alors que nous sommes au contact des élèves que nous accompagnons. Aujourd’hui, je suis dans la rue pour dire stop à cette maltraitance ».

 

Moins de 2000 euros par mois après douze ans d’ancienneté

 

Thomas est professeur de technologie dans un collège parisien. Il est en grève pour les salaires. « Depuis vingt ans, les profs ont perdu l’équivalent de deux mois de salaire. Aujourd’hui, un professeur stagiaire démarre à un peu plus que le smic, il est à 1480 euros. Le smic augmente mais pas les salaires des enseignants, et de tous les personnels de la fonction publique, puisque l’indice reste gelé. Après douze ans de carrière, je suis à un peu moins de 2000 euros. J’habite Paris et ce n’est pas simple de réussir à se loger avec ce salaire ».

 

Des moyens pour la fonction publique

 

Pour Claire, PE à Vitry sur Seine, la grève c’est pour les salaires mais pas seulement. « On veut plus de moyens pour l’école, et le plus de moyen passe aussi par des salaires décents. L’école a besoin de remplaçants, d’effectifs raisonnables et d’enseignants rémunérés convenablement. Depuis deux ans, sur le terrain, on se bat pour maintenir l’école à flot et parallèlement à cela, on voit notre pouvoir d’achat dégringoler. Aujourd’hui, notre métier ne fait plus rêver, la preuve, s’il en faut : l’incapacité qu’à le gouvernement à recruter des contractuels ». Déjà en grève, le 13 et le 20, Claire retournera battre le pavé autant de fois qu’il le faudra.

 

Patricia, enseignante à l’université Paris-Est Créteil, est dans la rue pour défendre les services publics, que ce soit ceux de l’éducation, ceux de l’enseignement supérieur, ou les hospitaliers… « Deux mois avant les élections, il est important de se mobiliser. Cela fait vingt ans que les services publics sont mis à mal mais ce gouvernement a accéléré le pas, il saccage le service public. Suppressions des lits d’hôpitaux, 5000 en pleine pandémie, augmentation des frais d’inscriptions à l’université pour les étudiants étrangers, sélection à l’université, réforme du bac catastrophique, suppression de postes énormes dans l’enseignement supérieur… La liste est encore longue. Alors il est urgent de se battre, le service public est en danger ».

 

Retraité mais dans la rue

 

Gérard Blanchetot, retraité de l’enseignement, était aussi de la manifestation parisienne. Par solidarité et pour « défendre le service public. Cela concerne les actifs mais aussi les retraités. Cette journée est, par ailleurs, l’occasion d’exprimer notre demande de reconnaissance des métiers de l’éducation et plus généralement des métiers du service public, métiers qui ont pu montrer ces derniers mois toute leur importance par leur efficacité ». `

 

Pas aussi nombreux que le 13 janvier, le ras-le-bol des enseignants et enseignantes ne semble pourtant pas s’être amoindri. L’explication du nombre moins important de grévistes tient peut-être tout simplement au déclassement salarial subi depuis de nombreuses années dans la fonction publique.  À croire que maintenir des salaires à peine décents profite au gouvernement…

 

Lilia Ben Hamouda

 

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 28 janvier 2022.

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