Jonathan Guyot : une vie entre arts et SVT 

Comment permettre à des élèves de laisser une trace durable dans leur établissement scolaire ? Jonathan Guyot, professeur de SVT au lycée Rémi Belleau de Nogent-le-Rotrou (28) a plus d’une corde à son arc.  Régulièrement, l’enseignant enfile sa casquette d’artiste graffeur au service de projets éducatifs comme la réalisation de fresques collaboratives. Des approches techniques à la venue d’artistes reconnus, Jonathan Guyot travaille avec des écoliers, collégiens et lycéens. « L’appropriation et la personnalisation des murs de l’établissement participent à l’amélioration du cadre de vie et du climat scolaire », souligne l’enseignant aussi impliqué dans un projet de slam pour le grand oral.

 

Comment alliez-vous arts et SVT au sein de votre vie professionnelle ?

 

Je suis professeur de Sciences de la Vie et de la Terre (SVT) au lycée Rémi Belleau de Nogent-le-Rotrou, depuis une dizaine d’années, mais également artiste graffeur depuis plus de 20 ans. Ces deux activités indépendantes se rejoignent de plus en plus régulièrement au sein de projets que je mène avec les élèves. Michel Toumoulin, alors proviseur en 2019 au lycée Rémi Belleau et grand amateur d’art m’avait permis de proposer aux élèves des ateliers d’initiation au graffiti et la première fresque sur les murs du lycée dans le cadre d’un projet Erasmus +. M. Sibenaler, son successeur est dans la continuité et permet la réalisation de nouvelles œuvres sur les murs. C’est une chance pour les élèves !

 

Mon statut d’artiste déclaré à la Maison Des Artistes, en activité complémentaire, me permet également d’intervenir dans d’autres établissements scolaires auprès d’élèves de tous âges. J’ai ainsi encadré la réalisationd’une fresque au collège Arsène Meunier de Nogent-le-Rotrou par les 4e Segpa et une autre à l’école de Frétigny avec des élèves de maternelle et de CM. En tant que professeur de SVT, ces expériences me permettent de travailler avec d’autres élèves, d’autres niveaux et d’autres âges. Pédagogiquement, c’est très enrichissant. En effet, il faut se mettre à la portée des élèves, que ce soit pour enseigner une notion de SVT ou les perspectives dans un lettrage graffiti ! Je trouve que cela nourrit ma pratique pédagogique en classe.

 

A chaque fois, ces projets ont de multiples intérêts pour les jeunes. Ils leur permettent tout d’abord de laisser une trace dans leur établissement scolaire. C’est très important ! Et cela leur amène une très grande fierté. L’appropriation et la personnalisation des murs de l’établissement participent également à l’amélioration du cadre de vie et du climat scolaire. Enfin, la peinture des murs permet d’aborder et de sensibiliser les élèves à de nombreuses thématiques : le paysage, l’engagement, le respect, la lutte contre les discriminations, …Les sujets travaillés sont très variés !

 

Pourquoi ce projet de fresque collaborative proposé aux élèves dans le cadre d’un projet Erasmus ?

 

Les élèves ont réalisé plusieurs fresques et actions artistiques dans le cadre des projets Erasmus + portés par ma collègue Anita Pastor. Ces projets ont, à chaque fois, permis aux élèves du lycée général et du lycée professionnel de collaborer pour la réalisation des murs.

 

En 2019 et 2020, nous avons travaillé sur « l’art engagé, vecteur de promotion et de diffusion des valeurs de l’Union Européenne ». Le graffiti et le street-art avaient, bien évidemment, toute leur place. Chaque projet débute par un échange, un « brainstorming » avec les élèves. Ils exposent leurs idées, les confrontent et réalisent un choix artistique.

 

Pour le premier mur, les élèves ont eu l’idée des fleurs, symboles des pays, mais aussi des révolutions. Ils ont ensuite pensé à peindre une chaine brisée par ces fleurs avec, les étoiles jaunes du drapeau européen. Ce mur a été réalisé sur un fond bleu europe.

 

Dans le cadre de ce projet, j’ai proposé à un ami artiste parisien : Jaeraymie d’intervenir auprès des élèves au lycée. Ils ont utilisé sa technique de peinture à l’encre de chine sur papier pour se mettre en scène et représenter en quoi l’Union Européenne et ses valeurs sont garants de nos libertés. Ils se sont représentés enchainés ou en train de peindre des étoiles. Puis, nous avons collé ces œuvres à Paris (Butte aux Cailles) et sur un des murs du lycée.

 

Plusieurs autres fresques ont ensuite été réalisées. Par exemple pour lutter contre les discriminations, le mur de la loge du lycée a été peint. Enfin, les élèves ont réalisé un cheval percheron du XXI ème siècle dans le cadre du projet Erasmus + sur les traditions.

 

Comment se déroule l’atelier ?

 

Tous les ateliers graffiti / street-art que j’anime se déroulent en 4 temps. Le premier est celui de la présentation de l’histoire du graffiti et du street-art. Il permet aux élèves de comprendre que ce projet s’inscrit dans un mouvement artistique actuel très riche et en pleine ébullition en ce moment. Il permet aux élèves de cerner l’importance du message et du sens de l’œuvre murale.La fresque sera à la vue de tous pour de nombreuses années !

 

Puis, je propose toujours aux élèves de découvrir les techniques sans plus de préparation. Utilisation de la bombe aérosol, des rouleaux de peinture, cela ne s’improvise pas ! Ils en font l’expérience et se rendent compte qu’une utilisation sans travail préalable ne leur permet pas d’obtenir un résultat satisfaisant.

 

Le troisième temps est celui du travail en salle. Il faut choisir les symboles, mots, phrases que l’on veut représenter. Il faut réaliser des esquisses et travailler sur papier. C’est un temps important qui permet d’aborder les couleurs, les proportions, la perspective, …

 

Enfin, la phase de réalisation se fait par petits groupes : pas plus d’une dizaine d’élèves en même temps. Les élèves comprennent vite qu’un raté sur le mur n’est pas si grave. En effet, la peinture aérosol sèche très rapidement et on peut recouvrir immédiatement. On ne peut que s’améliorer si on persévère !

 

Pourquoi cette collaboration avec l’artiste lillois Freaks The Fab ? Pour quels retours des élèves ?

 

Cette année, nous allons travailler sur le thème de la solidarité et du vivre ensemble. Nous avons proposé à un ami artiste : Freaks The Fab de venir réaliser des fresques avec les élèves. En effet, il est déjà venu à Nogent-le-Rotrou lors du dernier festival des arts urbains RUR ! en 2021 et a peint le portrait de … Rémi Belleau (poète français de la Pléiade) à l’emplacement de sa maison natale ! Cette œuvre a beaucoup touché certains élèves du lycée qui sont venus me proposer de travailler avec lui … au lycée Rémi Belleau! Nous sommes en train d’organiser sa venue pour le mois d’avril 2022.

 

Quelques mots sur la poursuite du projet de slam pour préparer au grand oral

 

M. Sibenaler, proviseur du lycée Rémi Belleau m’a permis de reconduire la préparation au grand oral sous la forme d’un atelier Slam avec les élèves de Terminale Argent dont je suis le professeur principal. En effet, la préparation proposée par Karim Feddal, est très pertinente pour préparer au mieux le grand oral. Elle permet aux élèves d’apprendre à gérer leur voix, leur posture et les interactions. Le cadre du slam leur permet de travailler toutes ces compétences dans un contexte propice à la confiance en soi et progresser rapidement.

 

Je suis persuadé que tous ces projets « extra disciplinaires » que je mène au lycée (graffiti, slam, radio2B, …) sont très complémentaires des cours. Ils amènent de la confiance entre les élèves et les enseignants, ce qui facilite la transmission de savoirs et savoirs faire au sein de sa propre discipline en classe !

 

Entretien par Julien Cabioch

 

Freaks The Fab

Jaeraymie

 

Dans le Café

Du slam et de la radio pour préparer le grand oral

 

 

 

Par fjarraud , le mardi 25 janvier 2022.

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