Covid : Les annonces gouvernementales inquiètent 

Qu'est ce qui pousse le gouvernement à alléger encore le protocole le 2 février ? Les annonces de Jean Castex le 20 janvier ressemblent à une fuite en avant justifiée davantage par le calendrier politique, et une éventuelle candidature d'E Macron, que par la situation sanitaire. Celle-ci reste très grave. Suffisamment pour que le Conseil scientifique covid prenne ses distances avec le gouvernement. Et que les syndicats mettent en garde contre un retrait trop précoce du masque à l'école.

 

Des annonces contredites par la situation sanitaire

 

"La situation commence à évoluer plus favorablement", a expliqué Jean Castex le 20 janvier. Le premier ministre a annoncé des allègements pour les scolaires à la rentrée des vacances de février : le port du masque en école élémentaire sera levé et la règle des autotests pour les personnes cas contacts pourra être revue.

 

Cette vision de la situation sanitaire est pourtant très optimiste. Le bulletin ministériel du 20 janvier annonce 463 197 élèves contaminés dans la semaine et 30 774 personnels. C'est 130 000 élèves et 5000 personnels de plus que la semaine précédente. Cette progression montre clairement l'inefficacité du protocole sanitaire. Les chiffres du ministère sont toujours très optimistes par rapport à ceux du ministère de laSanté : il compte 205 263 nouveaux malades entre 0 et 19 ans pour la seule journée du 17 janvier.

 

Au 20 janvier, les taux d'incidence chez les scolaires sont extrêmement élevés. Ainsi en maternelle le taux moyen est de 4815, ce qui veut dire en moyenne plus d'un enfant par classe contaminé en moyenne. Aucun département métropolitain est ne dessous de 3000. Les Pyrénées atlantiques sont à 6415. Pour l'école élémentaire, la moyenne est à 6617, soit en moyenne deux enfants par classe atteints du covid. Plusieurs départements sont au dessus de 7000, voire 8000 (Pyrénées atlantiques 8703 !). Aucun département métropolitain est en dessous de 3000. La moyenne nationale pour les collèges est de 7006 avec deux départements au dessus de 9000 ! (05 et 64). Enfin pour les lycées, la moyenne est à 6916 avec là aussi les Pyrénées atlantiques au dessus de 8000.  Croire que dans une semaine on sera redescendu à un niveau permettant de retirer le masque à l'école élémentaire est vraiment très optimiste.

 

Et par le Conseil scientifique

 

C'est d'ailleurs l'avis du Conseil scientifique. Dans un avis rendu le 19 janvier, le Conseil estime que "la 5ème vague n'est pas terminée et son retentissement sur le système de soin va rester élevé... jusqu'à mi mars". Début février semble donc écarté pour un allègement.

 

Bien au contraire, le Conseil souligne la forte progression de l'épidémie et pointe l'Ecole dans la transmission du virus. " Une remontée importante du nombre de cas a été notifiée le 18 janvier avec environ 460 000 cas déclarés en 24h. Il semble que cette remontée s’explique par un regain de l’épidémie chez les moins de 15 ans et chez les 30-44 ans, suggérant un effet important de la rentrée des classes : le virus circule de façon intense chez les plus jeunes et se propage ensuite aux parents".

 

Et le Conseil critique l'action ministérielle. " Des moyens supplémentaires pourraient être alloués afin de renforcer les protocoles sanitaires de prévention et dépistage des infections en milieu scolaire et dans les crèches (voir avis précédents du Conseil scientifique)", écrit le Conseil. Ces "avis précédents" ont été rendus le 13 septembre et le 8 décembre. Le Conseil critiquait le système de tests réactifs, jugé inefficace, et demandait des tests systématiques avec un test par semaine pour chaque élève dans le premier degré.

 

Le Conseil souligne aussi le risque des covid longs " et ce d’autant plus si le pourcentage de personnes ayant une forme chronique de COVID reste le même avec le variant Omicron, compte tenu du nombre massif de personnes infectées avec ce variant".

 

A plus long terme le Conseil est nettement moins optimiste que Jean Castex. " L’ambiance générale parfaitement compréhensible est de penser qu’on sera en mars- avril 2022 « au début de la fin » en raison d’une immunité collective très élevée liée au nombre massif d’infections avec le variant Omicron qui est nettement moins sévère, et d’un très haut niveau vaccinal, y compris pour la 3ème dose/rappel. L’expérience récente (variants Alpha, Delta et Omicron) nous a malheureusement montré que l’arrivée d’un nouveau variant était difficile, voire très difficile à anticiper..."

 

Les syndicats prudents

 

Les syndicats ont eux les pieds sur terre et ne sont pas candidats aux présidentielles... Dès le 20 janvier, Guislaine David, co secrétaire générale du Snuipp Fsu, nous disait sa crainte sur le retrait du masque à l'école élémentaire. "Annoncer ça maintenant ça n'a pas de sens.  S'il faut remettre le masque après 15 jours d'interruption,  ça va être encore compliqué. Aujourd'hui,  au vu des contaminations, ça semble irréaliste", nous disait-elle.

 

Le 21 janvier, Stéphane Crochet, secrétaire général du Se6unsa, prenait aussi ses distances avec l'optimisme gouvernemental. " Le SE-Unsa met d’ores et déjà en garde l’exécutif qui ne doit pas commettre les mêmes erreurs que ces deux dernières années. Le SE-Unsa exige que le futur protocole soit travaillé dès maintenant pour permettre une simplification de la gestion de crise par tous les personnels et puisse être connu en amont des vacances scolaires... Suite à l’annonce d’un allégement du protocole à l’École, et notamment une levée du port du masque pour les élèves dans les écoles élémentaires, qui entrerait en vigueur à la rentrée des congés d’hiver et donc de façon décalée selon les zones, le SE-Unsa rappelle ses demandes depuis des mois pour un protocole  concerté avec les personnels et adapté à la réalité du quotidien et de chaque métier; simplifiant réellement la gestion de crise, pour tous les personnels, par des mesures concrètes annoncé suffisamment tôt et directement aux personnels pour laisser le temps des réorganisations nécessaires; stabilisé pour ne pas connaître de revirement peu de temps après".

 

Mais il semble que l'urgence politique , une fois encore, soit plus forte que les garanties sanitaires.

 

François Jarraud

 

Avis du Conseil scientifique

Cartes Germain Forestier

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 24 janvier 2022.

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