L'intersyndicale fissurée, des appels "à l'action" le 20 janvier 

Une nouvelle grève risque t-elle de renforcer ou d'affaiblir le mouvement ? C'était la question posée aux syndicats ce week end. Au final, l'intersyndicale qui s'est réunie le 14 janvier n'a pas réussi à trouver un accord. Quatre syndicats, Fsu, Cgt, FO et Sud, appellent  à une "journée d'action" le 20 janvier et à une grève le 27. Sud appelle à la grève dès le 20 janvier. Dans un communiqué commun, la Fsu l'Unsa, la Cfdt, le Snalc et le SNE "réaffirment leur volonté de rester mobilisées sous des formes diversifiées pour le respect des mesures annoncées et obtenir des améliorations durables pour le système éducatif et la reconnaissance matérielle et morale des métiers de l’Education". Après le mariage c'est l'union libre. Pourquoi cette rupture de l'unité ? Avec quels risques ?

 

L'appel des 4 à la journée d'action du 20

 

"La situation est intenable dans l’Éducation nationale. Le chaos engendré par la gestion de la crise sanitaire mérite des réponses fortes, au-delà des engagements pris par le Premier ministre et le ministre de l’Éducation nationale", écrivent les 4 syndicats (FSU, Cgt, FO, Sud) avec la Fcpe et des mouvements lycéens. "L’école a un besoin urgent d’investissement. Il faut un collectif budgétaire pour permettre des recrutements massifs et réduire les effectifs dans les classes. Il faut augmenter les salaires des personnels, au-delà des annonces du Grenelle de l’Éducation, dans le cadre du dégel du point d’indice et d’augmentations indiciaires". Les 4 organisations appellent " à s’engager dans une nouvelle journée d’action le 20 janvier, y compris par la grève" et à "une grève massive le 27 janvier dans le cadre de l’appel interprofessionnel".

 

Cet appel à l'action reprend l'ensemble des revendications des organisations syndicales : report des épreuves de spécialités, annulation des évaluations de mi cp, embauche de remplaçants, matériel de protection etc.

 

Dès le 13 janvier au soir, la Cgt annonce "militer pour qu'il existe un prolongement nationale très rapidement" à la journée du 13. La 14, FO écrit que "le compte n'y est pas et ces réponses ne sont pas à la hauteur". Le même jour, le Snes Fsu veut "maintenir la pression" et demande un collectif budgétaire. De son coté, Sud lance dès le 14 janvier un appel à la grève le 20 janvier. "Il faut battre le fer tant qu'il est chaud", écrit Sud. Le syndicat demande la démission de JM Blanquer.

 

Enfin, le 16 au soir, la Fsu, l'Unsa, la Cfdt, le Snalc et le Sne "réaffirment leur volonté de rester mobilisées sous des formes diversifiées pour le respect des mesures annoncées et obtenir des améliorations durables pour le système éducatif et la reconnaissance matérielle et morale des métiers de l’Education". Ils gardent ainsi la possibilité d'actions communes dans l'avenir.

 

Cet appel met fin à l'unité syndicale réunie le 13 janvier même si, selon B Teste, secrétaire général de la Fsu, il y avait volonté commune de "maintenir la pression" sur le ministère". Le 14 au soir, la Fsu trouvait encore qu'une journée d'action "de suite" était risquée : "elle risque d'être moins importante que le 13 janvier", nous disait B Teste. "On a fait des propositions de texte dans la volonté d'aboutir à un texte commun", nous disait Stéphane Crochet, secrétaire général du Se Unsa, le 15 au matin. "On doit rester mobilisés pour que les annonces se concrétisent. Les collègues ont envoyé un signal très fort qui se paye par une journée de salaire et qui a été entendu. On doit faire frictifier cette écoute avant de reposer la question d'une autre mobilisation qui couterait une autre journée de salaire".

 

Les annonces floues du ministère

 

Trois facteurs ont joué pour aboutir à la rupture de l'unité syndicale. D'abord le flou entretenu par le gouvernement sur ses annonces qui n epeuit que remobiliser les enseignants. Comme c'est souvent le cas au ministère de l'éducation nationale, le décryptage des annonces, faites le 13 janvier, apporte de mauvaises surprises. Certaines avaient été signalées par le Café pédagogique.

 

Ainsi l'annonce de 5 millions de masques FFP2 non seulement ne répond pas à la demande des syndicats (des FFP2 pour les personnels qui le souhaitent) mais ne permettrait même pas d'équiper les professeurs de maternelle jusqu'aux élections. En fait cela couvre seulement 40 jours de classe en maternelle. L'annonce d'aide financière aux communes pour l'achat de capteurs de co2 sans qu'un montant soit indiqué n'a pas de consistence.

 

Plus grave il apparait que le "recrutement de 3300 enseignants contractuels" n'est que la prolongation de contrats existants. En ce qui concerne le recrutement sur listes complémentaires, aucun nombre précis n'a été donné par le ministère. On voit mal comment les 1500 aides administratifs en circonscription pourront aider les directeurs qui font du travail de terrain. Le protocole reste en l'état c'est à dire ni protecteur ni facilitateur. Il cumule les deux défauts de laisser le virus circuler quasi librement dans les salles de classe, de générer une masse de travail colossale et de hacher les progressions des enseignants qui ne savent plus comment continuer à faire cours.

 

Car sur le terrain pédagogique ce n'est pas plus clair. Si les évaluations de mi CP sont reportées, elles ne sont pas annulées alors qu'elles ne servent pas à grand chose. Quant au report des épreuves des spécialités de terminale, l'annonce par le ministre de la consultation du CNVL montre qu'il n'est pas prêt de céder aux enseignants.

 

Un mouvement d'action qui vient de la base

 

Une seconde raison a pesé sur la rupture de l'unité syndicale. Ce sont les actions décidées sur le terrain. Dans plusieurs départements, par exemple Paris, la Seine Saint Denis, des appels à la grève intersydnicaux ont circulé dès le 14 janvier. Ainsi l'intersyndicale du premier degré de Paris, réunissant le Snuipp Fsu 75, Sud 75, Cgt 75 et Cnt 75, appelle à la grève le 20 janvier sous prétexte que "les annonces de JM Blanquer ne changent rien ou presque". L'intersyndicale entend mobiliser contre la loi Rilhac et les salaires. Le Snuipp 62, qui appelle à un rassemblement le 19, veut le retour à la règle "1 cas = fermeture de classe", expréssément écartée par le gouvernement.

 

L'arrivée des DHG

 

La troisième raison de ce mouvement tient au calendrier.  Il y a bien sur la journée interprofessionnelle du 27 qui mobilise les appareils syndicaux. Mais , généralement, elles sont peu suivies dans l'éducation nationale. Ce qui se présente au calendrier et qui intéresse beaucoup les enseignants du second degré, ce sont les dotatiions horaires globales (DHG). Elles arrivent dans les établissements secondaires. Le ministère a annoncé que partout il y aurait des "moyens d'enseignement" supplémentaires à la rentrée. En fait ces "moyens" n'existent pas. Ce qui existe réellement ce sont les postes. Et là , dans le second degré, c'est une nouvelle année négative avec 440 postes supprimés alors même que le nombre d'élèves continue à croitre. Dans le second degré, les deux semaines qui viennent sont celles de l'annonce de mauvaises nouvelles. Des postes en moins cela veut dire des classes surchargées et des enseignants sur plusieurs établissements.

 

En cédant sur le symbolique, avec la reprise en main par le premier ministre de la gestion de lacrise à l'Ecole, le gouvernement semble avoir gagné du temps et misé sur la division syndicale.  Un pari gagnant ?

 

François Jarraud

 

Communiqué intersyndical

Communiqué Sud

Communiqué des 5

 

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 17 janvier 2022.

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