JM Blanquer attaqué sur sa communication 

Dérapages en série ce 4 janvier pour le ministre de l'éducation nationale. A quatre reprises il a du s'expliquer sur la communication du nouveau protocole sanitaire le dimanche soir pour le lundi matin. Fidèle à lui-même, JM Blanquer nie et accuse ses contradicteurs... Comme si cela ne suffisait pas, le ministre parle à nouveau de "l'absentéisme" des professeurs qui sont malades. Au final, c'est la façon de faire et ce qu'elles disent de la personnalité de JM Blanquer qui sont critiquées. Et ces attaques ne viennent pas que de l'opposition mais aussi de députées proches de la majorité.

 

Dénégation et accusation

 

Devant les députés, le 4 janvier, JM Blanquer a du défendre la façon dont il a géré la diffusion du nouveau protocole sanitaire lors d'une séance de questions au gouvernement qui a du lui paraitre longue.

 

"J ’ai été enseignante et personnel de direction. S’imaginer que transmettre les protocoles aux recteurs le dimanche en fin d’après midi peut permettre une rentrée sereine et organisée, c’est méconnaître profondément la réalité des personnels que vous avez sous votre tutelle. Agir de la sorte à la veille d’une rentrée scolaire, et particulièrement après les fêtes de fin d’année, c’est ajouter de la confusion et du stress à des situations déjà difficiles. Être conscient de la réalité, c’est donner les moyens aux personnels de s’organiser bien en amont de la rentrée, plutôt que leur transmettre une avalanche de consignes à respecter par des canaux non officiels ", explique Jennifer de Temmerman (Libertés et territoires).

 

" Les informations principales ont été données à la suite du conseil de défense qui s’est tenu la semaine dernière, lorsque nous avons réaffirmé que le protocole de niveau 2 s’appliquait dans le second degré et le protocole de niveau 3 dans le premier degré. J’ai aussi été amené à dire publiquement, mardi dernier, que c’était sur le sujet des tests qu’il y aurait une évolution majeure... La Haute Autorité de santé (HAS) a été consultée et elle s’est prononcée le 31 décembre au soir. Nous avons travaillé le 1er janvier ; puis, comme prévu, le 2 janvier, le ministre des solidarités et de la santé s’est exprimé pour annoncer la doctrine générale... Je me suis ensuite exprimé. Contrairement à ce que vous avez dit, les informations communiquées en interne aux personnels sont arrivées un peu avant leur publication dans un média", répond JM Blanquer.

 

Et le ministre de contre attaquer : " Je sais que certains cherchent à faire des polémiques ; j’ai l’impression que vous en faites partie. Mais ce qui est important, c’est que nous avons réussi à garder les écoles ouvertes". Ce à quoi la députée répond : "les témoignages que je reçois contredisent ce que vous affirmez... Vous n'écoutez rien. Vous préférez vous entendre parler dans les médias".

 

Ce genre d'échange va se reproduire encore 3 fois. Loïc Prud'homme (LFI) fait le même reproche à JM Blanquer et l'invite à "l'isolement complet et définitif". JM Blanquer répond en opposant "ceux qui cherchent la polémique et ceux qui travaillent".

 

Troisième échange avec Agnès Thill (UDI). "Quel manque de respect", dit-elle. "La veille de la rentrée vous annoncez dans un article payant sans prévenir personne de l'instauration d'un nouveau protocole sanitaire". Elle s'attire la même réponse.

 

Nouveau dérapage sur "l'absentéisme"

 

C'est alors que JM BLanquer exécute un nouveau dérapage. "Hier dans la journée nous avions entre 5 et 10% d'absentéisme" précise le ministre pour parler des enseignants malades.

Michèle Victory (PS) reprend JM BLanquer sur l'usage de ce mot. Elle déplore la façon dont l eprotocole a été communiqué et s'interroge sur la possibilité d'assurer les enseignements avec des taux d'incidence aussi élevés. "En Ardèche si 180 personnes son réunies le risque de contamination est de 100%. Où est la logique ?", dit-elle. JM Blanquer parle de polémique et redit que " Dimanche dernier les informations étaient données gratuitement en communication interne en même temps" que la publication dans Le Parisien.

 

Ce que Blanquer veut dire

 

En réalité la publication de l'article (payant) présentant le nouveau protocole a précédée les envois de mails aux enseignants et cadres de terrain. Les témoignages visibles sur Twitter donnent des heures plus tardives : 16h52 pour un responsable syndical, 17h16, 19h47 pour une directrice, 18h36 pour un proviseur.

 

Mais la question du timing est plus globale. Le ministre avait tout le temps des vacances pour saisir les autorités de santé et obtenir des directives alors que la diffusion d 'Omicron ne faisait aucun doute bien avant les vacances. Ce timing tardif et la diffusion du protocole d'abord dans un média grand public avant de s'adresser aux professionnels disent autre chose.

 

D'abord que JM Blanquer gère son ministère en fonction des réactions du grand public et non des besoins des professionnels. C'ets aussi le sens du clin d'oeil appuyé sur "l'absentéisme" des enseignants, alors que ceux ci ont tenu seuls l'Ecole au pire moment de la crise sanitaire.

 

Ensuite que JM Blanquer a fait le choix de ne rien anticiper et d'attendre le dernier moment. C'ets dès 2020 que des masques FFP2 auraient du être distribués aux enseignants, et particulièrement à ceux qui sont exposés à des élève sans masques. C'ets dès 2020 qu'il fallait s'assurer des conditions sanitaires dans les écoles et établissements, toujours sous équipés en points d'eau. On sait depuis des mois que le virus se transmet par voie aérienne et c'est depuis des mois que la question de la ventilation mécanique filtrée aurait du être réglée. En agissant au dernier moment JM Blanquer ne s'adapte pas à la crise sanitaire : ses effets sont connus depuis au moins novembre de façon précise. En retardant les décisions, il s'exonère ainsi d'une véritable gestion de la crise qui supposerait des investissements.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 05 janvier 2022.

Commentaires

  • Francois L, le 05/01/2022 à 22:06
    Autre sujet en connexion avec le covid, qui me semble encore plus grave que la communication très approximative de Blanquer : le fait que l'on prend prétexte du covid pour essayer de faire avaler n'importe quoi aux enseignants.
    En l'occurence (exemple parisien, qui n'est probablement pas isolé) :
    au cours des deux dernières semaines de décembre 2021, les formations en rep+ ont été annulées, au nom du covid-19, et les brigades rep+ réaffectées au remplacement des enseignants absents, ce qui, non seulement détourne ces enseignants de leur mission mais aussi habitue au fait que les formations constituent un luxe inutile et que l'éducation prioritaire, elle aussi, n'est qu'un luxe inutile qui coûte un pognon de dingue pour des pauvres qui ne le méritent guère.
    Les enseignants de brigade rep+, dont je fais partie, ont collectivement protesté et obtenu, pendant les vacances de Noël, un engagement écrit, diffusé aux organisations syndicales, de reprendre ces formations dès début janvier 2022.
    Le dimanche 2, le recteur de Paris a diffusé des consignes revenant totalement sur cette promesse et aggravant encore la situation puisqu'il a par écrit donné la consigne d'employer les membres du RASED pour jouer eux aussi les bouche-trous. C'est bien connu, les RASED sont eux aussi inutiles !
    Blanquer continue son travail de sape, nous devons tous réagir !
  • Francois L, le 05/01/2022 à 21:51
    Un témoignage de plus, celui d'un enseignant parisien :
    Dans ma circonscription, les consignes de rentrée ont été communiquées aux directeurs d'école dimanche 2 janvier à 16h03, et encore, on ne savait pas comment les comprendre puisque le cabinet du recteur indiquait lui-même envoyer "la FAQ actualisée du 31 décembre (attention celle-ci devrait évoluer compte tenu des dernières déclarations du ministre de la santé sur la durée d'isolement et les cas contacts) ." 
    (La remarque a été mise en gras par le cabinet du recteur, pas par moi).
    Ajoutez-y le temps nécessaire aux directeur le temps nécessaire pour retransmettre, etc...
  • Yann G, le 05/01/2022 à 09:28
    Il y a bien longtemps que l'Etat n'a plus les moyens de ses fonctionnaires. Le professionnalisme de ses enseignants est au-dessus de ses moyens. Ce beau métier voit tenter de partir de plus en plus de personnels, et encore 75% des demandes sont refusées. De moins en moins entrent.

    Et notre ministre pavoise dans les médias au lieu de s'occuper de son ministère. Comme vous le dites, il fait le choix politique de s'adresser à l'opinion publique. Le reste ne l'intéresse pas. Triste sir.
    • Ann14, le 05/01/2022 à 20:01
      Je partage votre tristesse Yann ! 
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