Covid : Le nouveau protocole allégé ne prévoit plus de fermeture de classe 

"Nous aurons chaque jour plusieurs milliers d'élèves positifs". La prévision de JM Blanquer, dans Le Parisien du 2 janvier, va probablement se réaliser. Il y a des raisons à cela. Le nouveau protocole sanitaire, publié en fin d'après midi le 2 janvier, ne prévoit plus la fermeture de classe dans le premier degré. Et il allège les mesures prises suite à un cas positif ou un cas contact dans le premier comme dans le second degré. Pour éviter les fermetures de classes il suffit de les supprimer. Ce nouveau protocole est publié alors que la pandémie explose. Le taux d'incidence des écoliers (écoles élémentaires) est supérieur à 1000 dans 59 départements métropolitains. Pour les collégiens 65 départements sont au dessus de 1000 et 78 pour les lycéens. 3 départements dépassent les 3000. La probabilité d'avoir un malade au réfectoire ou en classe est énorme. Elle va désorganiser les enseignements. Comment les maintenir avec des flux d'élèves entrants et sortants chaque jour ? L'Ecole semble abandonnée au covid.

 

Un protocole "adapté" ou allégé ?

 

Il a fallu attendre la soirée du 2 janvier pour connaitre les conditions réelles du retour en classe le 3 janvier. Selon JM Blanquer il s'agit de "conditions sanitaires adaptées" ou encore de "politique personnalisée". En fait c'est beaucoup plus simple. Pour éviter les fermetures de classes face à la progression de l'épidémie, le nouveau protocole sanitaire ne les prévoit plus. Au fur et à mesure de l'aggravation de l'épidémie, on est passé ainsi dans le premier degré de la fermeture au 1er cas avéré à la fermeture dès 3 cas et maintenant plus de fermeture jusqu'à ce que l'enseignant.e tombe.

 

Les cas confirmés

 

Regardons ce que dit le nouveau protocole sanitaire. En cas de covid confirmé, " s’agissant des élèves de moins de 12 ans indépendamment de leur statut vaccinal, et des élèves de plus de 12 ans et personnels bénéficiant d’un statut vaccinal complet, l’isolement est de 7 jours. Il peut prendre fin au terme de 5 jours si un test antigénique ou PCR est réalisé et que son résultat est négatif. S’agissant des élèves de plus de 12 ans et des personnels non vaccinés ou ne disposant pas d’un schéma vaccinal complet, l’isolement est de 10 jours. Il peut prendre fin au terme de 7 jours si un test antigénique ou PCR est réalisé et que son résultat est négatif".

 

Les cas contacts contrôlés par les seuls parents

 

Pour les personnes cas contact confirmés " s’agissant des élèves de moins de 12 ans, indépendamment de leur statut vaccinal, ainsi que des élèves de plus de 12 ans et des personnels bénéficiant d’un statut vaccinal complet, ils n’ont pas à s’isoler s’ils réalisent un test antigénique ou PCR immédiat puis des autotests à J2 et J4. S’agissant des élèves de plus de 12 ans et des personnels non vaccinés ou ne disposant pas d’un schéma vaccinal complet, ils doivent s’isoler durant 7 jours. L’isolement prend fin au terme de 7 jours si un test antigénique ou PCR est réalisé et que son résultat est négatif".

 

Les tests réalisés par les cas contacts à J+2 ou J+4 sont des autotests. " Les représentants légaux de l’élève devront produire à J2 et à J4 une attestation sur l’honneur de la réalisation effective de l’autotest et de son résultat négatif". Avec cette simple attestation parentale l'enfant revient en classe. On peut s'attendre à ce que de nombreux élèves malades reviennent en classe.

 

Fin des fermetures de classe dans les écoles

 

Comme le précise le protocole sanitaire, " dans une école maternelle ou élémentaire, la survenue d’un cas confirmé parmi les élèves entraîne l’éviction du cas confirmé, la mise en oeuvre du protocole de dépistage réactif avec la suspension de l’accueil en présentiel des autres élèves dans l’attente de la réalisation d’un test. Les élèves de la classe (et ceux identifiés comme contacts à risque en dehors de la classe) qui satisfont aux conditions ci-dessous pourront poursuivre les apprentissages en présentiel sous réserve : de présenter un résultat de test TAG ou RT-PCR négatif, d’attester sur l’honneur de la réalisation de deux autotests négatifs à J2 et J4 à compter du premier test. Cette évolution entre en vigueur à compter du lundi 3 janvier 2022". Ce paragraphe met fin au régime de la fermeture de classe dès trois cas de covid parmi les élèves (hors fratrie). Rappelons que précédemment, jusqu'au 25 novembre 2021, la règle qui s'appliquait était celle de la fermeture dès le 1er cas de covid.

 

Retour en classe des enseignants cas contacts

 

Dans les collèges et les lycées la même règle s'applique. " L’élève doit respecter une quarantaine de 7 jours après le dernier contact avec le cas confirmé et réaliser un test immédiatement puis à l’issue de la période de 7 jours à compter du dernier contact avec le cas confirmé sauf s’il a moins de 12 ans ou s’il justifie d’un schéma vaccinal complet (deux doses pour les 12-17 ans). L’élève relevant de l’une de ces situations devra respecter l’obligation de dépistage immédiat par test antigénique ou test RT-PCR et réaliser des autotests à J2, J4. Dans ces conditions, la quarantaine ne s’applique pas et l’élève peut poursuivre les cours en présence en veillant strictement au respect des gestes barrières".

 

La même règle s'applique aux personnels contacts à risque. On sait que selon le protocole les enseignants ayant des élèves malades ne sont pas déclarés cas contacts sous prétexte qu'ils sont protégés par le masque en tissu fourni par l'éducation nationale. Dans Le Parisien, JM Blanquer déclare que les enseignants actuellement cas contacts " compte tenu de la doctrine qui s’applique désormais, ils font la rentrée s’ils sont vaccinés après avoir fait un test".

 

Un protocole dérisoire face à la vague épidémique

 

Selon JM Blanquer, " on tient compte de l’extrême-contagiosité d’Omicron et de sa plus faible létalité". Il dit aussi : " L’objectif est de garder l’école ouverte dans des conditions sanitaires sécurisées au maximum, alors même que les deux dernières semaines ont été marquées par une très forte accélération de la circulation d’Omicron."

 

Ces objectifs ont-ils une chance d'être tenus ? Les dernières données sur l'épidémie datent du 30 décembre 2021. Pour les écoles élémentaires, 59 départements métropolitains ont à cette date un taux d'incidence supérieur à 1000 dont 6 au dessus de 2000. Pour les collèges, ces nombres sont de 65 et 12. Un département (le Territoire de Belfort) dépasse 3000. Pour les lycéens on compte 78 départements métropolitains au dessus de 1000 dont 16 au dessus de 2000 et 3 supérieurs à 3000 (91, 90, 2B). Autrement dit dans tous les réfectoires il y a statistiquement au moins un malade. Or le protocole ne les ferme pas et ne renforce pas leurs conditions sanitaires. Dans ces conditions, la multiplication des cas est certaine. La probabilité dans une classe de 30 élèves avec un taux d'incidence de 1494, le taux moyen des collégiens français, est de 60%. Pour les lycéens elle dépasse 70%. Un professeur a en moyenne 4 ou 5 classes. Il a donc un très forte probabilité de côtoyer des élèves malades puisque les règles de distanciation ne sont pas non plus respectées.

 

L'Ecole abandonnée

 

On comprend que le "durcissement" du protocole concernant le non brassage des écoliers quand un professeur est malade n'est pas à la hauteur de la situation. La mesure de mise à l'écart des élèves à besoin particulier (ils doivent soit suivre l'enseignement en dispositif soit dans leur classe d'inscription) n'a pas plus d'efficacité et pourrait passer pour une brimade.

 

Ce que semblent dire les nouvelles règles du protocole sanitaire c'est que, avec Omicron, le ministère abandonne l'idée de faire barrage au covid dans les écoles et établissements.

 

Concrètement, dans les écoles et les établissements, s'ouvre ce 3 janvier une période d'absences perlées des élèves et des enseignants avec tout ce que cela veut dire pour les enseignements. Jour après jour, des adultes et des élèves vont être contraints de quitter la classe. Le ministère ne manquera de parler de "continuité pédagogique". Mais dans la réalité les professeurs ne pourront être au four et au moulin. Ils auront déjà bien du mal à avoir un continuité de l'enseignement en présentiel avec ce flux constant d'élèves entrants et sortants. Les chefs d'établissement et les équipes de vie scolaire devront demander les fameuses attestations parentales et aussi organiser au jour le jour les emplois du temps en fonction des personnels disponibles. Comment seront maintenus les enseignements dans ces conditions ? Et, plus tard, quid des examens ?

 

Le ministère n'a pas plus anticipé cette situation pédagogique qu'il n'a anticipé la situation sanitaire. Faute d'avoir investi dans la ventilation mécanique, permis la distanciation des élèves, prévu les masques FFP2 qui deviennent maintenant indispensables, l'Ecole est abandonnée au Covid. Les élèves, leur famille, les enseignants aussi. Deux années après le début de l'épidémie, l'Ecole et ses personnels se retrouvent en réalité dans une situation qui ressemble à celle du printemps 2020.

 

François Jarraud

 

La FAQ du 2 janvier 2022

Interview de JM BLanquer dans Le Parisien du 2/1/22

Le Covid risque de Covidtracker

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 03 janvier 2022.

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