Cnesco : Success stories pour les réformes ? 

Après deux journées assez sévères sur la difficulté de légitimer les réformes éducatives, la troisième journée de la conférence de comparaisons internationales du Cnesco a été celle des Success Stories. Au Chili, en Belgique des exemples de réformes abouties car acceptées et légitimées ont été donnés. Avec une affirmation : la légitimation est indispensable y compris aux yeux des enseignants. Des expériences transposables ?

 

Comment faire accepter l'évaluation au mérite ?

 

José Weinstein présente la réforme de l'évaluation des enseignants au Chili, pays où il a été également ministre. Lancée en 2000, appuyée sur plusieurs lois, la réforme a construit un système d'évaluation des enseignants dans un pays où le privé est majoritaire. Le système d'évaluation classe les enseignants en 4 catégories en utilisant différents outils (portfolio, enregistrement vidéo, rapport du chef d'établissement, rapport d'un autre enseignant). Selon l'évaluation le déroulé de carrière change de façon importante les "bons" enseignants pouvant faire de la formation par exemple. Selon J Weinstein, le système a été construit avec l'aval des syndicats enseignants et il est piloté par le ministère de l'éducation, les municipalités (employeurs des professeurs du public) et des universitaires. Pour J Weinstein le succès de ce système, dans un pays où le privé et la concurrence l'emportent, est lié à la force de la loi. Trois lois ont légitimé et installé le processus qui survit aux alternances politiques. Il a aussi une légitimité sociale : les enseignants et l'opinion publique le soutiennent. Pourtant une évaluation OCDE montre que si les enseignants compétents obtiennent de meilleurs résultats des élèves , ce srésultats sont aussi liés à des caractéristiques des établissements (selon leur ressources et aussi le nombre d'enseignants jugés compétents). On touche là la question de l'évaluation du "mérite" enseignant.

 

Une leçon sur la mixité sociale

 

Estelle Cantillon (Université de Bruxelles) intervient dans un tout autre domaine : une réforme pour instaurer de la mixité sociale dans le pays du libre choix scolaire, en l'occurrence à Gand (Belgique). Un dispositif particulièrement complexe a été mis en place pour instaurer des quotas d'élèves défavorisés dans les écoles primaires en donnant la priorité à la proximité de l'école. Une plateforme pilote les inscriptions. Elle réunit tous les acteurs de l'éducation (directions, syndicats, parents, associations). Leur participation permet des ajustements. Au final "la mixité sociale percole lentement dans les écoles" et en même temps le nombre d'élèves qui n'ont pas leur première demande diminue. 60 à 70% des parents soutiennent la démarche. Si la mixité sociale a augmenté les écarts entre les écoles existent toujours du fait de la ségrégation immobilière. Pour E Cautillon les plateformes ont permis l'émergence d'un consensus.

 

Accompagner les enseignants pour imposer les réformes

 

Pour Vincent Dupriez (Université de Louvain), réussir une réforme c'est soutenir le travail des esneignants. Pour lui l'autonomie professionnelle des enseignants est importante et doit être prise en compte dans toute réforme.L'adhésion des enseignants doit être obtenue. Et la façon de l'obtenir c'est l'accompagnement : travailler avec les enseignants pour leur permettre de devenir plus compétents dans le cadre de la réforme. Il donne plusieurs exemples très différents. Celui de Suces for All aux EtatsUnis, un programme "clé en porte", comme on dit en Belgique, qui ressemble à celui de Teach for France. Ce genre de programme peut aider des enseignants non formés ou débutants. Autre exemple celui des communautés d'apprentissage qui valorise le développement professionnel des enseignants. Enfin les communautés de recherche collaborative qui réunissnet chercheurs et enseignants. Tous ces exemples visent la même organisation : à travers le travail d'équipe casser le huis clos de la classe ("déprivatisation des pratiques") pour accompagner les enseignants vers le résultat cherché.

 

Clément Lacouette-Fougère (Sciences Po) montre des exemples d'évaluations participatives, un autre modèle où on associe les acteurs à leur évaluation. Ce qui fait mieux accepter cette évaluation.

 

Tous ces exemples aboutissent à la légitimation de la réforme aux yeux des enseignants. Ils leur laissent une marge d'adaptation. Mais au final ce sont toujours les réformes propulsées par la superstructure qui sont mises en place. V Dupriez soulève d'ailleurs des écueils. Le smoyens pour faire travailler ensemble les enseignants de façon collaborative. Et la construction même des écoles qui bloque l'évolution attendue du métier enseignant. Si on veut que les enseignants passent 35 heures par semaine à l'école, où les met on ?

 

François Jarraud

 

La conférence

 

 

Par fjarraud , le jeudi 18 novembre 2021.

Commentaires

Vous devez être authentifié pour publier un commentaire.

Partenaires

Nos annonces