Ile-de-France : La gestion solitaire de V. Pécresse 

Quand Valérie Pécresse imagine la carte future des lycées franciliens, elle ne consulte pas les académies. D'ailleurs elle ne donne pas davantage d'informations au CESER, pourtant devant être légalement consulté, et n'informe que très tardivement son conseil régional. Tout cela alors que près de 10 000 places manquent dans les lycées régionaux. Et que la région construit des lycées alors qu'il reste des places vacantes juste à coté. Ces erreurs de gestion sont constatées par la Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France dont le Café s'est procuré le rapport. Il souligne d'autres faits comme un contrat de partenariat sans intérêt pour la région et une dérive sécuritaire, avec les BRS, particulièrement brouillonne.

 

Une gestion solitaire qui s'avère coûteuse

 

"La région a révisé son Programme prévisionnel d'investissements (PPI), qui prévoit de rénover de nombreux lycées, sans avoir engagé préalablement avec les académies une réflexion sur l’évolution de la carte des établissements", relève la Chambre régionale des comptes d'Ile-de-France dans un rapport sur "la politique régionale pour la construction, la rénovation et l’entretien des lycées" que le Café pédagogique s'est procuré.

 

Ce royal isolement pose problème dans une région qui manque cruellement de places dans ses lycées. Le rapport montre une croissance régulière du manque de places dans les lycées sous la présidence Pécresse. Le nombre de lycées en suroccupation est passé de 95 en 2017 à 111 en 2021 et le déficit de places de 7206 à 10501.

 

Pour autant le taux d'occupation moyen des lycées est d'environ 85%. Il reste des places. Mais leur gestion, qui ne tient pas compte de celles des académies, laisse à désirer. Par exemple la Chambre s'interroge sur le maintien de la frontière entre Paris et les académies avoisinantes. Alors que près de 900 places sont vides dans des lycées en bordure du périphérique coté Paris, les jeunes de banlieue n'y ont pas accès.

 

Un lycée réhabilite totalement puis fermé...

 

La gestion régionale indépendante de la gestion académique c'est aussi la réhabilitation à grands frais de lycées sans avenir. La Chambre donne en exemple le lycée Lazare Ponticelli (Paris 13ème). "Depuis la révision du PPI en 2017, le lycée Lazare Ponticelli a été fermé. Les locaux sont aujourd’hui utilisés pour l’accueil des élèves du lycée Gabriel Fauré actuellement fermé pour travaux. La fermeture définitive d’un lycée deux ans après que la région a décidé le principe de sa rénovation globale démontre tant le manque de concertation de la région avec l’académie de Paris que la nécessité d’un examen approfondi de la carte des lycées, pour éventuellement la modifier avant toute décision d’investissement", écrit la Chambre.

 

Une gestion solitaire pour échapper aux controles ?

 

Solitaire, Valérie Pécresse omet de consulter les assemblées sur sa gestion. Ainsi le CESER qui n'a pu rendre d'avis sur le PPI n'ayant pas reçu les informations nécessaires. Le Conseil régional lui-même n'a été valablement informé sur le programme d'investissement de 2017 qu'en 2021. La Chambre régionale des comptes relève qu'elle-même a rencontré des difficultés. "Le déroulement du contrôle a souffert de réponses tardives et partielles de la région aux demandes formulées par la chambre, le contexte de la crise sanitaire n’expliquant qu’une partie de ces difficultés".

 

Un partenariat couteux et inutile

 

La Chambre relève également un contrat de partenariat probablement inutile et dangereux. "Afin de répondre au nombre croissant de lycéens dans les secteurs concernés, la région a engagé en 2017 une procédure en vue d’attribuer un contrat de partenariat portant, en tout ou partie, sur le financement, la conception, la construction, le gros entretien, le renouvellement et la maintenance de deux lycées neufs à Palaiseau et Pierrefitte-sur-Seine... Le coût de l’investissement a été fortement sous-estimé ainsi que les « frais de maîtrise d’ouvrage » comprenant les aléas et la rémunération de l’entreprise retenue : par la suite, ce poste augmentera de 119 % contre 14 % pour le montant des travaux. En outre, les délais prévisionnels de réalisation, avancés dans l’évaluation préalable, avantageaient le recours au marché de partenariat de façon peu objective. En ce qui concerne la procédure d’attribution du contrat de partenariat, le rapport d’analyse des offres ne justifie pas toujours clairement, en fonction des critères retenus, les notes différenciées attribuées aux candidats".

 

Et ce n'est pas tout. "Le contrat a finalement été conclu à des conditions économiques plus onéreuses que dans l’évaluation initiale. Le contrat signé fait apparaître que l’estimation initiale des coûts d’investissement a été dépassée de 17 %, soit dans des proportions pouvant remettre en cause l’intérêt du marché de partenariat".

 

Quand la présidence de la région se prend déjà pour celle de l'Etat...

 

La Chambre condamne enfin la création de la Brigade de sécurité régionale (BRS) par V Pécresse. Cette "brigade" devant intervenir dans les lycées est crée alors que "la loi ne  confère (à la région) aucune compétence en la matière. En particulier, l’encadrement et la surveillance des élèves sont expressément exclus du champ de compétence de la région par le code de l’éducation". "Aucun bilan de l’action de la BRS n’a été transmis par la région aux académies qui en ignorent souvent les interventions dans les établissements de leur ressort", ajoute la Chambre. "Cette organisation vient brouiller la lisibilité et la cohérence des dispositifs offerts aux chefs d’établissement amenés à gérer des situations de tension au sein des lycées".

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le vendredi 12 novembre 2021.

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