Retour du masque à l'école : Comment ça se passe ? 

Dans trente-neuf départements français, à la rentrée du lundi 8 novembre, les élèves ont dû remettre le masque en classe alors qu’ils ne le portaient plus avant les vacances. Et maintenant cela va être le cas pour les autres départements encore au niveau 1. Passant du niveau 1, où le port du masque n’est pas obligatoire pour les enfants, au niveau 2, les équipes pédagogiques des écoles concernées ont donc dû anticiper le retour en classe sur leur temps de vacances. Elles ont contacté les parents pour les prévenir du retour de l’obligation du port du masque. Entre inquiétude et soulagement, les enseignants et enseignantes ont, comme d’habitude, dû faire face à l’annonce ministérielle. Annonce dénoncée par plusieurs syndicats qui avaient alerté sur la précocité d’une telle mesure.

Réapprendre aussi les gestes barrières

 

À l’école de Paladru, c’est avec appréhension que Florence Launay a préparé le retour en classe. Dans cette école rurale de l’Isère qui comporte quatre classes de la PS jusqu'au CM2, cinq enseignants et quatre-vingt-dix élèves se côtoient quotidiennement. « Dès le 4 octobre, les élèves ont eu l'autorisation de retirer le masque en classe. Ils étaient extrêmement heureux, ils ont vécu ça comme une libération et certains ont même dit "Adieu le masque ! On n'en portera plus jamais !". En ce qui me concerne, j'ai regretté un certain manque de cohérence. Pourquoi enlever les masques en classe si c'est pour laisser les fenêtres ouvertes ? En Isère, il fait froid en octobre… Alors quand il a été annoncé que les élèves devaient de nouveau porter le masque en classe le 8 novembre, je pensais qu’ils allaient peut-être rechigner et se demander pourquoi on faisait marche arrière aussi vite... Finalement, je n’ai eu aucun commentaire. Les parents avaient été avertis lors des derniers jours de vacances du retour du port du masque et il leur a été demandé de préparer leurs enfants à ce changement. Je pense que cela a contribué à ce retour serein.  J’ai tout de même pris le temps d’expliquer à nouveau les raisons du port du masque ainsi que l’importance des gestes barrière, gestes barrières qui d’ailleurs n’étaient plus autant respectés les dernières semaines avant les vacances ».

 

"J'ai investi dans un détecteur de Co2"

 

Delphine Rousseau est professeure des écoles à l’école publique Saint Étienne de Touquin, village en regroupement pédagogique avec les deux villages voisins, Pézarches et Hautefeuille en Seine et Marne, près de Coulommiers. Dans sa petite école rurale de deux classes, quarante trois élèves se côtoient. Les élèves de CP de Delphine, ainsi que leurs parents, s’étaient réjouis du retrait des masques le 18 octobre dernier, la semaine précédant les vacances. Un enthousiasme que l’enseignante avait très rapidement tempéré. « Le 18 octobre, une élève m’a demandé pourquoi ils pouvaient enlever les masques. J’ai alors expliqué que c’était une décision du gouvernement mais que je pensais que ce serait sûrement provisoire car le Covid n’était pas terminé. J’ai ajouté, car quelques enfants avaient gardé leur masque, que ce n’était plus obligatoire mais pas interdit. Le premier jour trois élèves sur les vingt-trois ont gardé leur masque. Un seul sur le reste de la semaine. Quand la décision a été prise, le taux d’incidence est repassé le soir même - le jeudi- au-dessus de 50. Pour ne plus redescendre. Je me doutais que cela ne durerait pas, qu’on n’avait pas fini d’entendre parler du Covid… Depuis le début de l’épidémie je suis très prudente car j’ai des personnes très à risques dans mon entourage, cette décision ne m’avait donc pas rassurée ».

 

C’est donc avec soulagement que Delphine a appréhendé la rentrée. « Je pense que cela est plus sécurisant pour tout le monde. J’ai prévenu les parents d’élèves dès l’officialisation de la nouvelle, soit jeudi 4 novembre matin, via notre cahier de correspondance numérique Éducartable. Cela s’est bien passé, je n’ai pas eu de souci avec le port du masque depuis le début de l’épidémie. Les parents et les enfants comprennent. J’étais, d’ailleurs, prête à prendre le temps d’expliquer la situation lundi matin, mais finalement, je n’ai même pas eu besoin de le faire. À titre personnel j’ai investi l’an dernier dans un petit détecteur de Co2 pour ma classe et mes élèves sont sensibilisés et savent très bien quand il faut ouvrir la porte fenêtre. D’ailleurs l’aération est quasiment continue car c’est nécessaire ».

 

Quand le port du masque n'est pas accepté...

 

Du côté des parents, pour certains l’appréhension règne encore. Julie, maman d’un petit garçon scolarisé dans une école de la commune de Sainte-Marie à la Réunion, est rentré de l’école très angoissé. « A la Réunion la fin du port du masque aura finalement duré deux semaines. Quand j’ai entendu qu’il était à nouveau question de porter le masque en classe, j’étais une peu perdue et ne savais plus quoi dire à mon fils. Je m'en voulais presque de l'avoir autorisé à ne pas le mettre quand il est revenu benêt le premier jour sans masque car il était le seul de l'école à le porter. Et puis lundi est arrivé et mes angoisses se sont confirmées. Il est rentré angoissé car le port du masque est peu accepté et respecté dans sa classe ».

 

Port du masque ou retrait, encore une situation où la rue de Grenelle aurait mieux fait de prendre le temps de la réflexion avant de faire des annonces. Car concrètement sur le terrain, ce sont les équipes qui doivent expliquer, appliquer et parfois rassurer élèves et parents.

 

Lilia Ben Hamouda

 

 

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 10 novembre 2021.

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