Selon une nouvelle Note de la Depp, l'enseignement des langues vivantes s'est renforcé. Alors que le ministre fait son bilan, la Note donne une image positive de l'étude des langues. Pour cela elle compare 2010 et 2020. Mais les vrais changements positifs ont eu lieu en 2015 et 2016. Inversement la réforme du lycée a fait reculer les langues. Et l'évolution de l'allemand , s'il "se maintient" selon la Depp s'effondre quand on regarde les premières langues, suite au choix fait en faveur de l'anglais.
Au collège l'effort de 2016
"Dans le premier cycle, hormis en classe de sixième, presque tous les élèves étudient une LV2. Les enseignements de langue vivante se sont ainsi renforcés, notamment depuis 2016 : si 14,1 % des élèves de cinquième étudiaient alors une LV2, ils sont 99 % en 2020", écrit la Depp. "C’est lorsqu’ils suivent une formation du second cycle général et technologique (GT) que les élèves étudient le plus de langues vivantes (plus de deux par élève en moyenne). Dans les séries technologiques, le nombre moyen de langues étudiées a ainsi fortement augmenté entre 2010 et 2020, l’enseignement des LV2 devenant obligatoire à partir de 2015 pour les séries STD2A, STI2D et STL. En filières générales, le nombre moyen de langues étudiées par élève, plus élevé qu’en filières technologiques, diminue légèrement depuis 2019. Enfin, dans le second cycle professionnel, l’apprentissage des langues vivantes, tout en restant moins développé que dans les autres cycles, est en progression par rapport à 2010. Quel que soit le cycle, l’anglais reste la langue la plus étudiée devant l’espagnol. Les filles et les élèves issus des catégories sociales les plus favorisées étudient davantage de langues vivantes. Enfin, des disparités territoriales liées à la situation géographique des académies ont une incidence sur les langues étudiées".
Cette vision positive pour le ministre en exercice mérite quand même des nuances. D'abord parce que les décisions importantes ont été prises lors du quinquennat précédent. Ainsi dans le premier cycle du second degré (le collège) "l’enseignement des langues s’est sensiblement renforcé en dix ans. L’enseignement d’une LV2 – devenu obligatoire en classe de cinquième depuis la rentrée 2016 – a ainsi nettement progressé". Par contre le grand retour des bilangues décidé par JM Blanquer n'a fait progresser celles ci que de 13.4 à 14.8%.
Quand la réforme du lycée fait reculer les langues
Au lycée, "le nombre moyen de langues vivantes étudiées par élève augmente légèrement entre 2010 et 2020, de 2,00 à 2,04 par élève. Plus précisément, il progresse fortement parmi les élèves de première ou terminale technologique (1,99 langue vivante étudiée en 2020, contre 1,67 en 2010) et recule légèrement parmi ceux de seconde générale ou technologique (2,05 en 2020, 2,09 en 2010) et dans une moindre mesure parmi ceux de première ou terminale générales (2,05 en 2020 contre 2,07 en 2010)."
Si on y regarde de plus près on voit "une forte hausse du nombre de langues vivantes étudiées mesurée dans les séries technologiques (qui) s’explique par le caractère obligatoire de l’apprentissage d’une LV2 pour les séries STL, STI2D et STD2A, totalement effectif à partir de 2015". Par contre en série générale "la légère baisse en seconde GT et en filière générale a pour origine une baisse du taux d’élèves étudiant une LV3. Entre les rentrées 2010 et 2020, cette part passe en seconde GT de 9,8 % à 5,4 %, soit 4,4 points de moins. En première et terminale générales, la baisse est moins forte de moitié (respectivement de 2,1 et 2,2 points). La mise en place progressive du nouveau baccalauréat général – dont la configuration exclut les LV3 des choix possibles de spécialités – ne les rend accessibles qu’en option facultative. Moins d’élèves ont fait le choix de cette option". On sait que la récente réforme du bac va permettre de redonner des points à l'examen aux options mais leur développement ne pourra se faire qu'en prenant des moyens aux spécialités.
La Note souligne l'augmentation de l'espagnol et le maintien de l'allemand. C'est oublier une évolution très inquiétante : l'effondrement de l'allemand LV1. La baisse avait commencé bien avant 2017. Mais le choix annoncé de l'anglais LV1, peut-être en lien avec les difficultés de recrutement de professeurs d'allemand, aboutit à un niveau très bas en 2020. La dégringolade depuis 2010 est historique et nuance fortement ce tableau si positif de l'évolution de l'enseignement des langues.
F Jarraud