Le CSEN autosatisfait de ses évaluations  

Dans une nouvelle étude du Conseil scientifique de l'Education nationale, les auteurs manifestent leur satisfaction à propos des évaluations de CP et CE1 que le CSEN a créées. Ce satisfecit s'étend aussi aux dédoublements qui selon le CSEN réduirait les écarts de réussite entre élèves favorisés et défavorisés. Mais c'est pour reconnaitre que cette amélioration ne se retrouve pas en CE1. Alors que la question du bilan de JM Blanquer se pose en fin de quinquennat cette nouvelle étude n'arrive à poser qu'une bonne question : pourquoi les garçons réussissent-ils mieux en maths que les filles ?

 

Quelle efficacité pour les dédoublements ?

 

"Nous partageons ici les résultats d’analyses réalisées à partir de ces données. Ces résultats confirment que les évaluations sont à la fois sensibles et utiles : sensibles, parce qu’elles détectent des effets extrêmement fins, comme l’augmentation systématique des performances avec l’âge des élèves, mois après mois ; utiles, parce toutes les mesures effectuées en début de CP permettent d’anticiper sur le développement ultérieur du langage et des mathématiques de l’élève, et suggèrent ainsi à l’enseignant des priorités d’intervention", écrivent S Dehaene, P Martinot, P Bressoux, P Huguet, C Potier-Watkins, L Sprenger Charolles et J Ziegler dans une nouvelle étude publiée par le CSEN.

 

Selon les auteurs, les évaluations démontrent l'efficacité des dédoublements en CP Rep et Rep+. "Les différences sociales sont clairement majeures dès l’entrée au CP. Cependant, à mi-CP, les points se resserrent. Nous observons ces résultats dans les domaines de mathématiques mais également dans les domaines du langage. Ainsi, en quelques mois, l’école réduit les écarts de niveaux des élèves de catégories sociales différentes, en langage comme en mathématiques. Ces résultats vont dans le sens des travaux en cours des experts de la DEPP sur l’effet spécifique de la réduction des classes de CP et de CE1 en REP/REP+, qui montrent un impact significatif et positif des classes dédoublées sur les acquis des élèves en langage et en mathématiques". Malheureusement, les auteurs reconnaissent que "les écarts réaugmentent en début de CE1". Ils en imputent les raisons aux vacances.

 

Lancée en 2017, la politique de dédoublement des classes de CP et CE1 de l'éducation prioritaire est régulièrement mise en avant par JM Blanquer. C'est la vitrine sociale du gouvernement qui y a consacré des moyens importants : près de 11 000 classes ont été créées depuis 2017. Fin septembre, la Depp (division des études du ministère) a publié un bilan (auquel participait P Bressoux) jugé positif mais qui montre en réalité peu de progrès dans les résultats. En fait, si les élèves des classes dédoublées font bien de véritables progrès en CP et en CE1, ceux ci ne se détachent pas vraiment entre classes dédoublées et classes à composition identiques mais non dédoublées. Les élèves appartenant à des catégories sociales comparables mais non scolarisés en Rep ou Rep+ ont un niveau identique. Par ailleurs, l'écart entre l'éducation prioritaire et les écoles hors éducation prioritaire ne s'est pas réduit malgré les dédoublements.

 

Les garçons meilleurs en maths à cause de l'école ?

 

L'étude du CSEN apporte quand même un éclairage intéressant sur l'écart de niveau en maths entre filles et garçons. " C’est toutefois, à notre connaissance, la première fois qu’on démontre l’apparition aussi soudaine d’un biais de genre en mathématiques, en moins d’un an, et en lien direct avec la scolarisation. Si les stéréotypes liés au genre sont présents dans toute la société, notamment dans le milieu familial, nos résultats suggèrent que l’entrée à l’école joue le rôle d’un facteur déclenchant de leur internalisation chez l’élève".

 

Les maitres + plus efficaces ?

 

Interrogé par la Commission culture éducation du Sénat le 3 novembre, JM Blanquer a affirmé que des études montrent que les dédoublements obtiennent de meilleurs résultats que les dispositifs de type "plus de maitre que de classes". Comme il a fait disparaitre ce dispositif en France sans l'évaluer, on n'a pas de réponse solide pour la France. Mais les dédoublements n'apportent pas les résultats annoncés et maintenant claironnés par le ministère. Une récente étude belge valide par contre les progrès obtenus par un dispositif de type "plus de maitres que de classes". Une autre étude européenne va dans le même sens.

 

François Jarraud

 

Etude CSEN

Sur l'étude Depp

 

 

Par fjarraud , le mardi 09 novembre 2021.

Commentaires

  • caroudel, le 09/11/2021 à 10:32
    Plus l'enfant est âgé, plus il sait de choses, quelle découverte. Ajoutons que plus l'enfant est jeune plus l'effet âge est important (1 an à 6 ans c'est 20% en plus des 5 ans). Dans ce cadre, on est surpris que des redoublants ou des déficients mentaux soient testés comme les autres et non différenciés, on verrait que certains élèves ne décollent pas, tout comme le dernier quartile plafonne dans sa grande majorité.

    Quant à la démonstration, elle s'établit uniquement avec des résultats sur les maths (avec toutes les réserves nécessaires et les précautions indiquant ce constat) et aucune indication chiffrée ou quartilesse ou centlilesse ne figure sur l'apprentissage de la lecture.
    Et le CSEN assure sa sécurité en prévenant : en aucune manière les évaluations internationales ne pourront rendre compte des effets des évaluations françaises...
    On invite donc le CSEN à publier les résultats en lecture, ce serait bien.
     
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