TIMSS : Le Cnesco interroge les inégalités sociales dans TIMSS 

"La moindre réussite de la France à Timss 2019 concerne-t-elle l’ensemble des élèves de CM1 ou est-elle spécifique à certains écoliers ?"  Le Cnesco publie deux études, un document de travail et une Note de synthèse, sur les résultats de Timss 2019. Il annonce trois autres publications sur Timss. La grande enquête internationale sur le niveau en maths des élèves de Cm1 a révélé que les élèves français sont les plus faibles des pays développés avec une moyenne de 485 points, soit 44 de moins que la moyenne OCDE. Pour le Cnesco, "l’école française ne parvient ni à garantir la maîtrise de compétences élémentaires à tous les élèves socialement défavorisés, ni à permettre aux meilleurs d’entre eux d’atteindre un niveau élevé". Démonstration.

 

La France nulle en maths

 

Pour bien comprendre la singularité française, il ne faut pas se contenter de la moyenne. Il faut observer la répartition des résultats des élèves français entre bons moyens et faibles.

 

 

 

 

 

 

 

 


Qu'il s'agisse des élèves favorisés ou défavorisés, les jeunes français sont plus faibles. On compte 34% d'élèves faibles en maths chez les jeunes défavorisés et 4% chez les favorisés contre 15 et 2% en moyenne dans l'OCDE. Et on ne compte que 4% de très bons en France chez les défavorisés, 41% chez les favorisés contre 20 et 61% en moyenne dans l'OCDE.  Les resultats français sont mauvais par rapport à la moyenne. Ils sont mauvais aussi bien pour les élèves favorisés que défavorisés. C'est d'ailleurs ce qui explique notre faible moyenne car la France compte davantage d'élèves favorisés que la moyenne des pays de l'OCDE. Les 25% plus défavorisés de nos élèves ont un score inférieur de 54 points à celui de leurs camarades de même milieu des autres pays.

 

Le score moyen des élèves de CM1 français est de 485 points en maths contre 529 pour la moyenne Ocde. L'étude du Cnesco s'attache aussi à la répartition des scores des élèves français. Ainsi les 10% des élèves les plus forts en maths en France ont un score supérieur à 586 points contre 624 en moyenne dans l'OCDE.

 

Est-ce lié aux élèves défavorisés ?

 

Le Cnesco a d'abord voulu savoir si le faible niveau moyen des élèves français s'expliquait par un plus fort nombre d'élèves défavorisés.  En France 33% des élèves font partie du quart des élèves de l'OCDE les plus socialement favorisés et 19% font partie du quart des élèves de l'OCDE le splus défavorisés. "La faible réussite des élèves en France n’est donc pas expliquée par une plus forte présence d’élèves défavorisés, comme cela peut être le cas au Chili par exemple, où 48 % des élèves font partie du quart des élèves de l’OCDE les plus socialement défavorisés", relève le Cnesco.

 

"En comparant la réussite des élèves en France à celle des élèves des autres pays de l’OCDE appartenant au même milieu social, nous observons que la moindre réussite des élèves en France est plus marquée parmi les élèves défavorisés. Parmi ces élèves défavorisés, ceux scolarisés en France obtiennent un score inférieur de 53 points à la moyenne des pays de l’OCDE, alors que cet écart de réussite est de -34 points parmi les élèves les plus socialement favorisés".

 

Est ce lié au type d'école ?

 

Si la part des élèves défavorisés ayant un niveau moyen est identique en France à la moyenne de l'OCDE (62 et 65%), "les élèves défavorisés en France sont sur-représentés parmi les élèves qui obtiennent des scores inférieurs au premier niveau de Timss (34 % contre 15 % en moyenne dans les pays de l’OCDE)". Inversement la part des élèves ayant un niveau élevé est plus faible (4 contre 19%). " L’école française ne parvient donc ni à garantir la maîtrise de compétences élémentaires à tous les élèves défavorisés, ni à permettre aux meilleurs d’entre eux d’atteindre un niveau élevé", écrit le Cnesco.

 

Or pour le Cnesco, "La composition sociale de l’école n’influence pas l’écart de réussite entre les élèves défavorisés en France et dans les autres pays de l’OCDE". Les élèves défavorisés scolarisés dans une école défavorisés et ceux qui sont scolarisés dans une école favorisée socialement ont un écart identique par rapport à leur camarades de l'OCDE dans les mêmes situation (-49 points et -43 points).

 

Faut-il regarder les programmes ?

 

Pour autant, parmi les élèves défavorisés, ceux scolarisés en France obtiennent un score inférieur de 53 points à la moyenne des pays de l’OCDE, alors que cet écart de réussite est de -34 points parmi les élèves les plus socialement favorisés. Et les élèves défavorisés en France sont plus souvent scolarisés dans une école défavorisée que dans l'ensemble des pays de l'OCDE. 54% des élèves défavorisés sont scolarisés dans une école défavorisée contre 35% dans l'OCDE.

 

De ces premières constatations, le Cnesco tire la conclusion qu'il faut aller plus loin dans l'observation. "Il apparaît donc que la moindre réussite des élèves de CM1 en France en mathématiques à Timss 2019 ne concerne pas exclusivement certains élèves. Il est alors pertinent d’étudier le contenu même du test Timss en analysant précisément ce qui est demandé aux élèves au regard des programmes scolaires français". Cette investigation fera l'objet d'une prochaine Note...

 

Et si c'était la faute des profs ?

 

L'étude de H. Botton sur les résultats de Timss souligne d'autres caractéristiques. On entend parfois JM Blanquer dire, pour justifier le plan Maths,  que ces résultats s'expliquent par le faible niveau en maths des professeurs des écoles français. En fait la part des élèves ayant un professeur ayant fait des études de maths dans sa formation initiale est presque identique en France (24%) que dans la moyenne OCDE (26%). Cela n'empêche pas leurs élèves d'avoir un niveau inférieur de 46 points à celui de leurs camarades ayant des professeurs de formation identique dans l'OCDE.

 

Signalons encore quelques autres caractéristiques. 36% des élèves français ont des professeurs satisfaits au travail contre 50% dans la moyenne OCDE. Là aussi les élèves ont 46 points d'écart avec leurs camarades de l'OCDE. 3% des élèves français déclarent (en CM1 toujours) être victimes de harcèlement fréquent contre 6% en moyenne dans l'OCDE. Ils ont 53 points d'écart avec leurs camarades de l'OCDE. 15% des élèves français parlent une autre langue que celle du test à lamaison contre 20% dans l'OCDE. Ces jeunes là ont 68 points d'écarts avec leurs camarades dans la même situation dans l'OCDE. Il n'y a pas que les maths qui comptent pour faire des maths. La langue aussi...

 

François Jarraud

 

Le dossier du Cnesco

Notre dossier Timss 2019

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 29 septembre 2021.

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