Quelle place ont les images satellitales dans l'enseignement de la géographie aujourd'hui ? Enseignant au lycée Balata de Matoury, à quelques kilomètres de Kourou en Guyane, Gwenaël Régnier prépare une thèse sur les usages des images satellitales dans l'enseignement. Il met en ligne des séquences pédagogiques complètes pour le collège et le lycée.

Pourquoi avoir créé ce site sur l'utilisation des images satellitales pour l'enseignement de la géographie ?

C'est lié à ma thèse qui s'intéresse à l'appropriation de ces images par les professeurs d'histoire-géographie. Je cherche à voir ce qui a été fait dans les années 1980 et aussi ce qu'on fait maintenant et pourquoi. En apparence aujourd'hui il y a moins de contraintes et davantage de facilités matérielles pour accéder à ces images. Mais quels sont les usages réels ?

Avez vous l'impression que ces usages se sont répandus ?

Sur mon site les enseignants trouveront un questionnaire sur ces questions. Mon impression aujourd'hui c'est qu'elles sont sous exploitées en géographie, à la différence par exemple de la SVT où les professeurs en font un usage plus fréquent et pointu.

Cette sous utilisation tient à différents facteurs. D'abord le fait que les moyens matériels (ordinateur récent, bande passante suffisante) ne sont pas toujours réunis dans les établissements. Le fait que les professeurs d'histoire-géo soient très majoritairement des historiens joue aussi. Ils n'ont pas forcément les compétences pour un usage pointu des logiciels de SIG ou de traitement des images.

Avez vous l'impression que l'on a perdu en compétences par rapport aux années 1980 ?

Il y a eu un gros effort de formation fait dans les années 1980 notamment avec les travaux de Michel Vauzelle. Il y avait à l'époque une offre de formation importante alors que je ne suis pas sur qu'actuellement elle soit aussi large. On peut avoir des outils informatiques plus puissants que dans les années 1980 et en même temps avoir perdu en compétences sur le traitement de ces images numériques.

En classe doit-on faire un traitement poussé de ces images ou les utiliser comme des photos ?

Les images satellitales sont des données numériques ce ne sont pas des photos. Le répertoire d'images le plus connu est Google Earth et Google Earth Pro. On a aussi Sentinel Hub avec lequel on peut faire des traitements pointus des images. Google Earth propose maintenant des images dans le temps : c'est le Time Laps, ainsi que la source des images.

C'ets cela le paradoxe. Dans les années 1980 on avait peu d'images. Aujourd'hui on accède facilement à des images en très haute résolution sur 40 années. On a des outils simples comme Sentinel Hub avec lesquels oon peut proposer aux élèves des traitements et des manipulations faciles. Je pense par exemple au traitement des infrarouges pour mettre en évidence les incendies en Turquie cette année.

Que peut on faire avec ces images au collège ?

Dans les programmes on a le thème Habiter un espace avec de fortes contraintes en 6ème qui se prête bien à l'utilisation d'images satellitales. On a aussi l'urbanisation. En 5ème on a la prévention des risques et e 4ème la mondialisation avec les ports par exemple. J'en ai aussi utilisé pour étudier les migrations et leurs traces.  Aujourd'hui l'intérêt principal des images satellitales c'est la possibilité de comparer dans le temps l'évolution d'un paysage ou d'un équipement ou encore l'étalement urbain. Avec la focntion Time Laps de Google Earth c'est très facile. On peut observer n'importe quel  lieu sur 40 ans !

Et au lycée ?

Bien des points au programme se prêtent à cet usage. Pa exemple en 2de sur la gestion des risques environnementaux. L'image va apporter une vision réelle qui ira plus loin qu'une photo de presse par exemple. On trouvera des séquences sur mon site. Je les partage pour m'améliorer.

Est-il utile que les élèves sachent décoder des images satellitales ?

Oui parce que ces images sont présentes partout. Ce  sont des outils dont ils vont avoir de plus en plus besoin. C'est là que la réflexion sur le traitement des images et pertinente.

Propos recueillis par François Jarraud

Le site de G Régnier