En cette journée du sport scolaire nous aurions pu parler des milliers de collègues partout en France qui quotidiennement se battent pour faire vivre un sport accessible à tous et pour tous. Mais cette année, s’il y a bien un sujet qu’il ne faut pas aborder c’est celui du sport scolaire et notamment du nouveau protocole qui vient couper l’élan des professeurs d'EPS ! Pour Nathalie François, secrétaire nationale du SNEP-FSU en charge du sport scolaires, le protocole sanitaire propre à l'UNSS pose problème.
La direction nationale de l’UNSS vient d’envoyer un protocole sanitaire. Correspond-t-il à ce qu’attendait les professeurs d’EPS pour assurer une relance du sport scolaire ?
Il aura fallu attendre plus de 18 mois et de nombreuses demandes de notre part pour que ce protocole qui n’est, au final, qu’une interprétation du protocole EPS, arrive enfin. Malheureusement notre organisation syndicale, bien que membre du conseil d’administration de l’UNSS, n’a pas été consultée avant son écriture et sa diffusion. Si ce protocole permet la reprise des rencontres et compétitions, il exclut celles des sports collectifs en gymnase, à l’exception du volley-ball, au moins jusqu’au 15 novembre quand dans le même temps on peut les pratiquer en EPS et dans les clubs. Une telle décision compromet gravement la reprise attendue, notamment par les élèves. Les enseignant•es d’EPS savent que les premières semaines sont déterminantes pour la suite de l’année scolaire. 44% (chiffres UNSS 2017) des jeunes qui s’inscrivent à l’association sportive viennent pour faire des rencontres de handball, basket-ball et futsal et nous ne pourrions pas leur en proposer ? L’an dernier l’UNSS a déjà perdu plus de 350 000 licencié•es. Dans certaines associations sportives, surtout en lycée, la baisse a pu aller de 40 à plus de 80%. Avec l’interdiction des sports collectifs en salle il faut s’attendre à ce que la situation ne s’améliore pas. L’UNSS se tire elle-même une balle dans le pied !
De plus, pour l’instant le texte de cadrage du ministère interdit le brassage d’élève alors que celui de l’UNSS l’autorise. Du coup, dans certaines académies les interprétations sont différentes, certains recteurs, ou corps d’inspection ne se réfèrent qu’au texte du ministère.
Concrètement dans ces académies, impossible d’emmener des élèves de 6ème et de 5ème dans le même bus… Vous imaginez les conséquences concrète pour cette journée du sport scolaire ! Faut-il exclure des élèves par conséquent ? Nous avons vraiment l’impression que tout est fait pour couper l’élan du sport scolaire plutôt que de le mettre en avant.
La journée du sport scolaire rend visible le sport scolaire et doit donner de l’élan à l’année. La jeunesse vit une crise importante de sédentarité et d’inégalité d’accès que la covid19 a accentué. Cette journée est-elle sous le signe d’une reprise du jeu pour reprendre les mots de la campagne de l’UNSS ?
Pour le SNEP-FSU, cette journée doit être organisée sous le signe de la reprise sportive et du plaisir de « mouiller le maillot », ce qui a beaucoup manqué tant physiquement que moralement à nos élèves dans ces longs mois d’inactivité ou d’activité physique partielle. Que l’UNSS, avec l’aval du ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports ait choisi pour thème de la JNSS « le sport, facteur de développement durable » est pour nous en dehors des enjeux post confinement. Non que nous ne considérions pas que ce thème soit important pour les jeunes comme pour la société tout entière, mais ce n’était pas la priorité à cette rentrée, du moins la priorité sportive ! Le cœur de cette JNSS aurait dû être l’effort, le plaisir de pratiquer, de se lancer des défis physiques, de faire des matchs etc. Habiller l’UNSS en « vert » c’est bien, l’habiller en maillot c’est mieux !
Le ministre va surement s’exprimer lors de cette journée, qu’aimeriez entendre comme mesure concrète de sa part pour encourager le sport scolaire ?
D’abord qu’il annonce officiellement que toutes les rencontres UNSS doivent reprendre immédiatement dans toutes les activités, y compris celles de tous les sports collectifs en gymnase car nos élèves ont bien vu les JOP cet été à la télévision… le handball et le basket-ball se pratiquent en salle et pas en extérieur !
Actuellement le cadre sanitaire de l’éducation nationale pour l’EPS est la seule référence retenue par certain•es Recteurs/IA-Dasen/chefs d’établissements qui en font des interprétations diverses et empêchent la reprise des rencontres UNSS. Il est urgent que la même information et les mêmes directives soient appliquées partout sur le territoire, avec notamment l’officialisation qu’un groupe AS est considéré comme un groupe classe, excluant les problématiques de brassage d’élèves.
Vous noterez que les annonces restent modestes, concrètes même si évidemment le doublement de la subvention annuelle allouée à l’UNSS pourrait permettre une véritable dynamique et également une aide pour les AS en difficulté suite au contexte que nous venons de connaître.
Propos recueillis par Antoine Maurice
Dossier Sport Scolaire du SNEP FSU
La tour de contrôle ne répond plus