23 septembre : Les raisons d'une grève 

Trois sujets importants font l'actualité de la semaine. Deux arrivent en même temps le 22 septembre : le budget de l'éducation nationale et l'avenir de l'école républicaine avec la loi Rilhac. Le troisième c'est la grève à laquelle appellent jeudi 23 septembre, la Fsu, FO, la CGT et Sud. Comment ne pas voir que celle-ci aura un impact sur ceux-là ? Elle mesurera ce que pensent les enseignants de la "revalorisation" proposée par JM Blanquer. A un niveau d'inquiétude gouvernementale supérieure, elle dira jusqu'où le gouvernement peut aller dans la mise au pas de l'école primaire. Beaucoup se joue dans cette journée.

 

Une revalorisation low cost

 

A coup sur l'absence de réelle revalorisation va jouer un rôle dans la mobilisation du 23 septembre. Si la proposition d'A Hidalgo d'une revalorisation significative des professeurs s'est imposée dans le débat des présidentielles c'est bien que la paye des enseignants a atteint un tel décrochage que ce n'est plus admissible. Les mesures prises par le gouvernement sont très loin des attentes. D'abord parce que la moitié des enseignants ne bénéficieront pas de la prime d'attractivité. Ensuite parce que celle-ci est des plus minimes : 57€ pour les échelons 2 et 3, 43€ à l'échelon 4 et 28€ du 5ème au 9ème. Au delà : rien ! Les enseignants ont subi comme les autres fonctionnaires le gel du point fonction publique depuis 10 ans. Mais dans les autres ministères, des primes ont compensé le salaire perdu, ce qui n'a pas été le cas à l'éducation nationale. Les enseignants, qui commencent à moins de 1500€ par mois, sont bien conscients du décrochage de leur métier.

 

Une révolution dans l'Ecole

 

En même temps leurs conditions de travail se dégradent. C'est très clair dans le second degré où le nombre d'élèves par classe a régulièrement augmenté depuis 2017 et les suppressions de postes. A cette rentrée ce sont encore 1883 postes qui disparaissent alors qu'il y a 30 000 élèves de plus. Le résultat se voit dans les classes surchargées et tout ce que cela entraine comme surcharge de travail pendant et après les cours.

 

Dans le premier degré, la grande affaire c'est la nature même de l'école primaire. Aligner l'école sur el fonctionnement des établissements du second degré est un des principaux objectifs de JM Blanquer. Il a essayé à deux reprises de passer en force. La première fois, avec la loi sur l'école de la confiance, la mobilisation des enseignants l'a fait reculer. La majorité parlementaire et aussi l'opposition de droite ont pris peur et imposé une modification du projet de loi que JM Blanquer a du , la rage au coeur, accepter. La seconde fois c'était avec la proposition de loi Rilhac. L'année dernière , une nouvelle fois, la majorité a imposé une marche arrière à JM Blanquer. Les députés ont vidé de son contenu la proposition de loi. Et voilà que JM Blanquer remet la question sur le tapis. Pour bien démoraliser les enseignants, Emmanuel Macron lui-même descend à Marseille et met toute son autorité à crever l'abcès. A Marseille il n'annonce pas de plan de reconstruction des écoles qui en ont bien besoin. Non, il lance le plan de démolition et annonçant des directeurs qui auront les pouvoirs supérieurs à ceux des chefs d'établissement en choisissant leurs professeurs. Avec cette annonce et le poids de l'autorité présidentielle, la loi Rilhac doit passer. C'est le pari qui est fait. Ce n'est pas pour autant que le souvenir des deux précédentes tentatives aient été oubliées dans les rangs de la majorité à quelques semaines des législatives. La réaction des enseignants le 23 septembre dira s'ils peuvent vraiment imposer cette transformation libérale de l'école, en imposant un supérieur hiérarchique sous payé dans chaque école ou si l'école républicaine, celle du conseil des maitres qui décide dans le cadre des lois le fonctionnement pédagogique le plus adapté aux élèves, sera maintenu. L'enjeu est de taille et dépasse l'avenir des enseignants. Pour eux il s'agit bien sur d'un changement radical de leurs conditions de travail et de la conception même qu'ils se font de leur métier. Mais c'est aussi la question de savoir si l'école est totalement définie par en haut ou si elle s'adapte aux conditions locales, à la communauté où elle s'exerce en lien avec la municipalité. Ajoutons que cette évolution ne répond pas aux besoins des directeurs. Elle va juste rendre leur vie plus difficile en les isolant des professeurs et en renforçant l'autorité des inspecteurs sur eux.

 

Le second degré vit aussi cette pression accrue qui prend la forme en ce moment du guide d'évaluation au lycée et d'évaluations nationales qui sont perçue comme inutiles par la très grande majorité des enseignants.

Une politique éducative fortement rejetée

 

Ces derniers épisodes rappellent la rupture entre les enseignants et la politique éducative de JM Blanquer. Toutes les enquêtes, le Baromètre Unsa par exemple, montrent que plus de 8 enseignants sur 10 est contre cette politique.

 

Alors que la question de leur rémunération est entrée dans le débat de la présidentielle et que le gouvernement attaque frontalement l'école avec le statut des directeurs d'école et la prise de controle sur les évaluations dans le second degré, les enseignants sont mis devant un choix qui va engager leur avenir. Laisser faire ou pas. Réponse le 23 septembre.

 

François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le lundi 20 septembre 2021.

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