L'OCDE invite le gouvernement à persévérer dans ses réformes de l'éducation 

"Pour la France l'important est de poursuivre l'effort engagé de réformes ". Présentant le 16 septembre l'édition 2021 de Regards sur l'éducation, Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, invite le gouvernement français à persévérer dans ses réformes. Pour l'OCDE elles vont permettre de réduire les inégalités, qui restent le premier problème de l'école française. L'OCDE donne la priorité à la réforme du métier enseignant dans l'esprit du Grenelle de l'éducation.  Problème : les réformes suivies jusque là, y compris les dédoublements, n'ont  pas réduit les inégalités. Elles se sont aggravées selon le ministère lui-même. Autre problème : comment réformer le métier enseignant quand 90% d'entre eux sont contre les réformes de JM Blanquer ?

 

Redéfinition du métier enseignant

 

Présentant l'édition 2021 de Regards sur l'éducation, Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, a mis l'accent sur la lutte contre les inégalités. "L'équité est le thème central de cette édition", a t-il ajouté. Il a souligné le maintien des inégalités dans le système éducatif français expliquant que "en France venir d'un milieu favorisé diminue fortement la possibilité d'être en échec scolaire". Selon l'OCDE on compte 35% d'élèves peu performants parmi les jeunes issus de milieu défavorisé contre 7% chez les favorisés.

 

"Face à ces enjeux, la France a pris des mesures pour combler les lacunes", a t-il ajouté. "Il est important de poursuivre les efforts engagés dans les réformes". M Cormann cite les dédoublements mais aussi "la redéfinition du métier enseignant", notamment le statut des directeurs d'école. "Le prolongement de ces réformes rendra le système éducatif plus solide et plus résilient".

 

S'appuyer sur le Grenelle de l'éducation

 

Eric Charbonnier, analyste éducation de l'OCDE et tout nouveau membre du Conseil de l'évaluation de l'école créé par JM Blanquer, a donné plus de précisions sur ce que souhaite l'OCDE.

 

Pour lutter contre les inégalités scolaires "investir dans les premiers niveaux " est nécessaire. Il estime qu'il faut observer "les bonnes pratiques" des écoles qui réussissent les dédoublements et les partager. Et il relève que la dépense dans le 1er degré est inférieure à la moyenne de l'OCDE. Mais l'accent est nettement mis sur le métier enseignant.

 

Il faut "redéfinir le métier enseignant et celui de directeur d'école. Une valorisation salariale est importante mais il faut une réforme plus profonde du métier et tirer le bénéfice du Grenelle de l'éducation". C'est à dire "avoir une formation initiale et continue de meilleure qualité et ciblée sur les besoins des enseignants", "avoir des possibilités d'évolution de carrière" et "développer la culture d'autonomie dans les établissements".

 

Un bond en avant dans le new public management

 

Les recommandations du Grenelle de l'éducation sont pourtant loin de faire l'unanimité. Le Grenelle est favorable à la revalorisation salariale mais entend y joindre des contreparties. Le Grenelle s'est prononcé pour une rémunération "selon le mérite" comme par exemple "les projets innovants" ou "certaines fonctions objectivées qui demandent un investissement préalable". Le Grenelle veut en finir avec les accords PPCR et l'avancement à l'ancienneté. Les obligations de service des enseignants seraient modifiées pour y ajouter un temps de travail en équipe. Enfin il y a le statut de directeur. Le groupe Gouvernance du Grenelle recommande de leur donner "un véritable statut leur conférant autorité décisionnelle et fonctionnelle" et que le directeur "ait la possibilité de valoriser par une évaluation positive" les professeurs des écoles , à l'image des évaluation des chefs d'établissement dans le 2d degré. Ils devraient aussi recruter les enseignants, proposition reprise récemment par E Macron. Le Grenelle voulait aussi aller plus loin dans l'autonomie des établissements estimant qu'entre l'Etat et les établissements le seul lien devait être un contrat (un Plan d'autonomie et de réussite d'établissement) et un document d'objectifs.

 

Des annonces ministérielles prochainement ?

 

Eric Charbonnier indique que des proposition tirées du Grenelle de l'éducation devraient être annoncées "dans les prochaines semaines". S'agirait-il du statut de directeur ? Des annonces officielles devaient suivre le Grenelle en janvier. Puis on les a attendues en mars. Et on les attend toujours. E Macron  à Marseille puis l'OCDE vont ouvert la boite de Pandore. Ca ne devrait plus tarder.

 

François Jarraud

 

Regards sur l'éducation 2021

Le communiqué

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 16 septembre 2021.

Commentaires

  • Viviane M, le 17/09/2021 à 16:37
    L'indication du chiffre brut du pourcentage d'enfants en échec parmi les enfants dans des familles défavorisés me semble une maladresse dans un article destiné à convaincre d'améliorer l'école.
    En effet, l'article ne porte pas sur les mécanismes sociaux et cognitifs qui créent les inégalités dans tous les pays du monde. (La connaissance de ces mécanismes est peu répandue en France, en particulier chez les autoproclamés progressifs qui ont tendance à les nier). 
    La question est que la France est le pays le plus mal placé sur ce critère dans les pays à situation comparable. Personnellement, je le lie cette mauvaise place au déni de l'utilité de diffuser les mécanismes à l'origine de ces inégalités. Vu qu'ils ne sont pas connus, la société civile organisée ne peut pas agir collectivement pour les compenser.
    La maladresse du chiffre brut va dans le renforcement de ce déni.
  • Viviane M, le 17/09/2021 à 10:12
    L'OCDE a raison sur un sujet : La France n'a pas su mettre l'attention de gouvernance suffisante sur " les apprentissages fondamentaux". 
    Les plus importants sont la "lecture automatique avec construction de sens"; la capacité de donner du sens à l'addition, la multiplication, la soustraction, la division et faire les opérations en découlant; les règles essentielles de la société qu'il faut apprendre pour ne pas se sentir exclus (que les enfants issus de la classe sociale dominante connaissent sans apprentissage conscient).
    Par contre, cela ne sert à rien d'avoir moins de 18 élèves par classes. 12 élèves par classe est une stupidité. Il faut mieux 18 élèves par classe et un enseignant un surnombre pour 3 classes. (ce qui demande le même nombre d'enseignants).
    Une classe naturellement hétérogène (comme en Ecole du socle) doit être limitée à un maximum de 25 élèves. Autrement la charge mentale nécessaire à la tenue de classe est prise au soutien des élèves les plus faibles. Ce n'est pas ce qu'a choisi Blanquer.
    Le meilleur accompagnement de l'enseignant vu par Blanquer a toujours été, de mon point de vue, du pipeau de communication. 
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