Marie-Alice Médioni : Retour sur l'Université d'été Langues du GFEN 

Quelle place pour le linguistique dans le développement de l'autonomie langagière ? Lors de la 13ème Université d'été Langues du GFEN, du 20 au 23 août à Vénissieux, une soixantaine de professeurs de langue ont échangé sur l'enseignement de la grammaire et du vocabulaire. Comment les enseigner autrement pour que l'apprentissage de la langue ait vraiment lieu. Marie-Alice Médioni, professeure d'espagnol et responsable de l'Université d'été revient sur ces 3 journées.

 

Avec une soixantaine de participants, l'Université d'été du GFEN a retrouvé son public habituel. Les enseignants viennent des régions françaises mais aussi de Belgique, de Suisse et d'Espagne. "Il y a des militants de l'éducation nouvelle avec qui on travaille régulièrement", explique MA Médioni, "mais aussi des nouveaux attirés par le bouche à oreille. Des étudiants aussi". L'Université organise des ateliers et invite un chercheur, cette année Jean-Marc Defays, linguiste et didacticien du FLE.

 

" Le linguistique dans le développement de l'autonomie langagière", de quoi est-il question ?

 

C'est la question de l'acquisition du vocabulaire et de la grammaire pour l'autonomie langagière. La grammaire et le vocabulaire font un grand retour dans les programme. On a travaillé sur des situations qui permettent ces acquisition. Par exemple en grammaire des situations où les élèves observent la langue à partir d'exemples qu'ils apportent.

 

Un atelier, celui de Malo Morvan, nous demandait d'inventer en petits groupes des langues avec pour chacune sa grammaire. On devait ensuite deviner la logique de ces langues. Alors que nous avions eu bien du mal à définir précisément la grammaire, nous constatons qu’elle est une nécessité pour assurer une certaine cohérence. Ainsi, nous observons également que si la grammaire permet de construire une logique, elle ne permet pas d’éviter les erreurs tant les variations sont nombreuses. En effet, même lorsque les règles choisies étaient simples, l’erreur s’est présentée comme inévitable … Cette démarche active, très loin d'une grammaire subie et imposée, ne peut que nous conforter dans l'idée que l'étude de la langue peut être un vrai régal pour nos apprenants d'autant plus qu'elle permet d'aborder par l'invention et la déduction le raisonnement logique sous-jacent dans les grammaires des langues existantes.

 

Jean-Marc Defays revient sur l'invention de la grammaire. Pour lui , les approches communicatives, en mettant l’accent sur la communication à tout prix, ont négligé la réflexion sur la langue.  La correction linguistique (ne pas faire d’erreurs) ne peut être le seul critère d’une maîtrise grammaticale. Il faut également tenir compte de la fluidité de l’énoncé mais aussi de sa complexité qui montre un degré de maîtrise lié à la prise de risques.

 

Et pour le vocabulaire ?

 

On le construit à partir de ce qu'on sait déjà et des ressources apportées et non de listes de vocabulaire. Valérie Péan et Jessika Picarle ont animé un atelier de construction du vocabulaire. A partir de situations concrètes, nous nous questionnons notamment sur notre conception du vocabulaire et sa construction. Les questionnements sont multiples. Les rituels sont-ils efficaces pour acquérir du vocabulaire ? Comment remobiliser le vocabulaire ? Les listes de vocabulaire sont-elles utiles ? Doit-on enseigner les mots les plus utiles ? Les plus fréquents ? Le dictionnaire peut-il être un allié ?

 

Ces méthodes ne sont-elles pas chronophages ?

 

Apprendre prend du temps. Si on va vite on se retrouve avec des élèves qui n'engrangent pas et pour lesquels il faut toujours recommencer. Ce qui est  tragique c'est justement de devoir toujours tout faire vite. En faisant ainsi, on n'apprend pas bien.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 16 septembre 2021.

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