Pierre Sallard : Un cheval de Troie à la marseillaise ?  

Animateur du collectif des pédagogies alternatives du 3ème arrondissement marseillais, maitre formateur, Pierre Sallard réagit aux annonces d'Emmanuel Macron le 2 septembre. Quitte à changer l'école, il appelle à un changement qui vienne des enseignants et non qui soit le cheval de Troie d'une réforme descendant et libérale.

 

Donner plus d'autonomie ce n'est pas innover

 

«  Au fond, l'idée est simple : donner plus de liberté pour obtenir plus de résultats», dit Emmanuel Macron. Eh non, ce n’est pas si simple que ça ! Un système éducatif basé sur la libéralisation et un contrôle des résultats produirait un système inégalitaire, avec une démotivation des enseignants et une perte de la créativité. Pour stimuler l’innovation, on a vu mieux. Prenons juste les tests de fluence comme exemple : on a vu mieux comme innovation.

 

Continuons le discours :  «  je veux (…) qu'on puisse lancer ce projet dans les premières écoles, où on pourra donc adapter, repenser les projets d'apprentissage, les rythmes scolaires, les récréations, la durée des cours, les façons d’enseigner ». Eh non, encore raté, ce n’est pas une innovation ! Cela existe déjà, il suffit de lire les nombreux ouvrages traitant de la nécessité de réformer la forme scolaire traditionnelle.  Je pourrais vous inviter à aller dans une classe pratiquant des pédagogies alternatives, voir mes élèves s’emparer de leur plan de travail pour individualiser les apprentissages, programmer les temps de travail, anticiper, prévoir et s’organiser en autonomie.

 

Suite du discours : « Et inventer l'école du futur, il faut le faire dans les endroits qui sont les plus en difficulté ». Là, j'ai été emporté par des sentiments négatifs. Je me suis mis à penser aux nombreuses expérimentations tentées par des collègues et mises à mal par la hiérarchie. Je pense à ce que fait l'école Balard ou encore celle de Mons en Bareuil. Je pense aux nombreux empêchements.

 

Pour une école inspirante, innovante, responsable

 

Je me suis rappelé pourquoi nous avions créé un collectif, sans attendre un discours présidentiel, le collectif des pédagogies alternatives du 3ème arrondissement de Marseille (ou CPAP3), pour pouvoir échanger, se former, coopérer… Bref se construire professionnellement sur notre temps personnel alors que cela incombe normalement à notre employeur. Je propose au président de la république de venir les mercredi et les samedis matins avec mes collègues, sur du temps personnel, pour discuter professionnellement de nos situations vécues en classe.

 

Je me suis rappelé les conseils de Hargreave et Shirley, émettant des propositions pour la  mise en place d’une école inspirante, innovante, responsable et durable. Cette école s‘appuierait sur une responsabilisation des enseignants, un développement des pédagogies actives, un encouragement professionnel, un système éducatif non centralisé, sur des réseaux permettant la coopération, les échanges et les innovations. Pour avoir vécu les stages ICEM, national ou local, c’est exactement ce que nous proposons ou vivons, pas besoin d’imaginer une école du futur, elle existe déjà !

 

Je terminerai mon propos en revenant au concept d’innovation. Il ne doit en aucun cas servir de cheval de Troie à la mise en place d’une école verticale, autoritaire et évaluative. Il ne doit pas servir à imposer des projets avec des directeurs mis sous tutelle. Non, le concept d’innovation doit servir la mise en place d’une école républicaine, démocratique, égalitaire permettant la réussite de tous les élèves et le bonheur de  tous les enseignant.e.s.

 

Pierre Sallard

Maître formateur,

membre de l’ICEM 34,

animateur du CPAP3.

 

Sur le discours d'E Macron

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 16 septembre 2021.

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