Comment impliquer davantage les élèves lors des cours en distanciel ? Simon Tournerie, professeur de SVT au lycée de la Venise Verte de Niort (79) a testé des solutions lors des différents confinements. Il les partage avec nous comme, par exemple, avoir un invité surprise lors des classes virtuelles. En mettant l'accent sur le travail collaboratif et en stimulant la créativité de ses élèves, il invite ses élèves à concevoir des productions ou à créer des quiz.

Quelles stratégies avez-vous mises en place pour dynamiser vos classes virtuelles ?

Le besoin d’agrémenter les classes virtuelles est venu très rapidement suite aux retours des élèves quant à leur difficulté à se mobiliser. Pendant les semaines de classe 100% à distance, j’ai testé plusieurs pratiques pédagogiques imaginées seul ou à partir de collègues inspirants qui ont partagé leur travail sur les réseaux sociaux.

Voici quelques exemples de stratégies mises en place. La première est la mise en activité des élèves en groupe grâce à l’utilisation de la fonctionnalité correspondante sur l’outil de visio (classe virtuelle du CNED et BBB proposé par la DNE). Par exemple la création collective d’une vidéo pour faire la synthèse d’un chapitre. Un travail collectif a conduit à extraire les essentiels d’une séquence sous la forme d’un texte avec autant de phrases que d’élèves. Chaque élève doit ensuite écrire sa phrase sur un A4 blanc et se filmer en train de recevoir un papier froissé (sa feuille A4), la déplier pour faire lire sa partie de synthèse, la replier puis la jeter. Le montage de toutes ces séquences permet de reconstituer le bilan.

Un autre exemple : les invitations surprises. A plusieurs reprises, j’ai invité des personnes à rejoindre les séances à distance. Ils et elles se connectent sous le nom “invité surprise” et les élèves posent des questions pour identifier la personne en question. Le chef de cuisine, Jean-Noël Chastanet, très à l’écoute des élèves en temps ordinaire, est par exemple venu avec une recette. Il est ensuite reparti avec une commande de 3 autres recettes à partager.

En quoi consistent « vos menus du jour » présentés en début de séance ?

A chaque début de séance à distance, je propose une page d’accueil affichant deux grands ensembles. D'une part une image (libre de droits) montrant un petit déjeuner, un café gourmand, un goûter... selon l’heure de la journée. Ces images ont ensuite été choisies dans des thèmes différents : sport, musique, voyage, paysage... Les élèves volontaires sont invités à proposer des images pour la séance suivante. D'autre  part un "menu du jour" présentant  les activités prévues pour la séance et l’organisation du travail.

Je mets en avant deux cadres pour la fin du cours : ce que les élèves doivent faire pour la prochaine séance et ce que le prof doit faire pour les élèves. En fin de séance, on revient sur cette page pour faire le bilan des activités réalisées, au regard des objectifs initiaux, puis on détermine ce que chaque partie (élèves et prof) doit réaliser pour préparer la prochaine séance.

Quels usages faites-vous des écrits collaboratifs ? Des exemples ?

Je propose des écrits collaboratifs dans différents contextes et avec différentes finalités. Avec un outil simple et intuitif ne nécessitant pas de connexion comme Digidoc de la suite La Digitale ou Framapad de la suite libre Framasoft, avec des groupes de 2 ou 3 élèves, je propose un apprentissage progressif à l’usage des écrits collaboratifs. En premier lieu, je créé le document pour un groupe. Dans un second temps, les élèves dupliquent un canevas mis à disposition. L’étape finale est celle de l’autonomisation quant à la création du document collaboratif.

Les écrits collaboratifs doivent réduire et répartir la charge individuelle de travail individuel. Cela optimise le temps de rédaction de chaque élève et dégage du temps pour réfléchir à ceux qu’ils écrivent et également pour mener d’autres activités. Ecrire avec les autres implique d’accorder une attention accrue à ce que l’on écrit individuellement mais implique également de lire avec attention ce que les autres écrivent. A travers les écrits collaboratifs, je vois également un gain dans la possibilité de différencier les activités des élèves.

Quelle place laissez-vous à la créativité au cours de vos séquences ?

En classe, il est parfois difficile de concilier les exigences sur les savoirs, la méthodologie... et la liberté de sortir du cadre. J’essaye de faire une place particulière à la créativité dans la  réalisation de la tâche finale. En début de séquence, je présente l’objectif final et met à disposition un plan de travail qui accorde à l’élève la possibilité de faire des choix sur l’ordre des activités, le niveau de guidage dont ils ont besoin... La production peut également prendre des formes variées (texte, vidéo, enregistrement audio...). Et enfin, j’invite régulièrement les élèves à me faire part de leurs idées d’ajustement de ce qui est attendu. Par cette ouverture, je souhaite faire en sorte que les élèves osent davantage prendre part aux processus de travail en imaginant et réalisant de nouvelles options.  

Quelques mots sur les quiz créés par vos élèves ?

Régulièrement, je propose aux élèves de créer des quiz à destination des autres élèves de la classe. En général, pour une question, quatre propositions dont une seule est juste. Les quiz sont mis à disposition des élèves sur un site de classe accessible depuis ordinateur, tablette et smartphone.

L’élève créateur de cette ressource doit s’interroger sur les essentiels à prélever dans les activités précédemment menées, les mettre en forme de façon claire et accessible et rédiger des propositions alternatives incorrectes mais assez plausibles.  L’élève qui “jouera” à ce quiz a alors la possibilité de remobiliser les notions et s’entraîner à son rythme car les quiz sont autocorrectifs et non limités en nombre de réponses par élève.

Propos recueillis par Julien Cabioch

Dans le Café

Continuité pédagogique en SVT : Comment avancer dans le programme ?

Continuité pédagogique : Diversité en SVT