"Finalement j'ai appris à être plus pointue". Professeure d'histoire-géographie au collège Maurice Genevoix de Montrouge (92), Julie Maurice fait réaliser des bandes dessinées à ses sixièmes sur des thèmes de géographie prospective. Un exercice révélateur pour le professeur, qui découvre l'espace de ses élèves, et aussi pour ceux-ci qui mettent en image les concepts de la géographie.
Une démarche exigeante
On n'arrive à la création de BD en classe comme cela, rappelle Julie Maurice. Si la découverte des capacités des élèves en ce domaine vient d'une initiative de deux d'entre eux, la démarche pédagogique de Julie Maurice est très rigoureuse.
Ses élèves de 6ème ont réalisé des BD dans le cadre de la séquence sur les villes. Avant de concevoir leur BD, ils ont travaillé par étude de documents sur deux villes. Ils en ont tiré des enseignements qu'ils ont mis en tableaux. Ils ont identifié les défis et les acteurs de ces études de cas. C'est seulement après tout cela que la professeure leur demande de présenter en BD la ville de demain, et plus particulièrement celle sur laquelle ils ont travaillé. On est docn tout au long dans une démarche géographique, même si le projet a aussi une dimension artistique. Du coup Julie Maurice fixe des contraintes pour la BD : utiliser 5 notions, faire intervenir des acteurs, répondre au défi de chaque ville.
Des élèves en attente de villes durables
Finalement cela donne quoi ? "Leurs BD montrent qu'ils veulent une ville durable et qu'ils sont perméables à la végétalisation de la ville", nous dit Julie Maurice. "Les trois quarts des BD font intervenir des acteurs, des approches à plusieurs échelles, des évolutions dans le temps". En fait ces élèves ont saisi et is en oeuvre les notions de la géographie urbaine. "Ils ont une vision catastrophique de l'avenir et sont sans illusion sur le changement climatique", continue J Maurice. "Ils espèrent que le verdissement fonctionnera".
Pourquoi ce choix de la géographie prospective ? "Elle implique de se poser des questions et de s'intéresser aux acteurs. Elle implique aussi de raisonner", nous dit J Maurice. "Chaque composante du raisonnement géographique y trouve sa place".
Une démarche citoyenne
La démarche est elle citoyenne ? "Ca les rend acteurs de s'interroger sur l'avenir. Ils réfléchissent aux aménagements urbains", dit J Maurice. "J'ai des élèves qui ont fait leur BD sur le conflit d'acteurs par exemple le devenir d'un bidonville de Lagos".
La démarche est aussi pédagogique car elle les conduit à intégrer le raisonnement géographique. "J'ai eu la sensation que cela leur a beaucoup servi pour tout le reste de l'année", nous dit J Maurice. "Les autres chapitres sont allés plus vite car ils ont compris le raisonnement géographique".
"Finalement j'ai appris à être plus pointue", dit-elle. "J'ai appris à décrypter le raisonnement de mes élèves, à leur faire confiance et à comprendre que la géographe peut passer par tout support".
Propos recueillis par François Jarraud