Marseille : Les syndicats vent debout contre les annonces d'Emmanuel Macron 

D'inacceptable à hors sol en passant par irresponsable, les syndicats enseignants sont quasi unanimes à condamner le projet "d'école du futur" présenté à Marseille par le président de la République avec le recrutement des professeurs des écoles par les directeurs d'école. Alors que son ministre avait réussi à attirer des syndicats sur son projet de réforme de la fonction de directeur, l'annonce de directeurs managers par Emmanuel Macron sans aucune concertation, les invite à prendre de la distance.

 

Des appels à la grève

 

"Le Président de la République s’est livré à un exercice de dénigrement des agent-es du service public et a annoncé la mise en place de dispositifs qui feraient des écoles de Marseille un terrain d’expérimentation de la dérégulation de l’Éducation nationale", affirme la Fsu. "Le recrutement des professeur-es des écoles par les directeurs et directrices d’école ouvrirait une brèche dans le fonctionnement du service public d’éducation : Emmanuel Macron cherche à substituer aux mutations régies par des règles connues de tous un recrutement sur profil, ouvrant la porte à l’opacité et au clientélisme. Les écoles marseillaises n’ont pas besoin d’un nouveau modèle managérial qui met à mal le service public d’éducation et dénature les relations entre les personnels, elles ont besoin de moyens". La fédération estime qu'E. Macron "instrumentalise la crise"des écoles marseillaise "pour pousser des propositions néolibérales". Elle "invite les personnels à ne pas supporter le dénigrement de leur travail et à se mobiliser le 23 septembre, à l’appel de l’intersyndicale de l’éducation".

 

Premier syndicat du 1er degré, le Snuipp Fsu est particulièrement remonté. "En déplacement à Marseille, le Président de la république s’est livré à une véritable provocation en reprenant à son compte les refrains libéraux de transformation de l’école primaire", écrit le Snuipp. "Cette annonce présidentielle opportuniste lance de la plus mauvaise des façons le débat sur l’école dans la campagne présidentielle. Elle coïncide également avec le second passage au parlement programmé en septembre de la proposition de loi Rilhac, téléguidée par le ministère et largement rejetée par la profession enseignante. Les personnels sont appelés à se mobiliser pour mettre en échec ce projet qui dérégulerait le fonctionnement actuel de l’école".

 

Appel au dialogue social

 

"Cette annonce est hors-sol et mal venue. Elle ne répond ni aux attentes ni aux besoins des équipes", écrit le Se-Unsa. "Ce n’est pas de motivation dont manquent les enseignants marseillais, mais bien de conditions matérielles dignes pour leurs élèves et pour eux. Les enseignants et personnels éducatifs de la cité phocéenne ont montré leur engagement dans des conditions déplorables sans avoir été choisis pour cela. Malheureusement, aucun chiffrage de l’aide qui serait apportée aux écoles de Marseille n’a été donné, alors que des moyens supplémentaires sont nécessaires et attendus par les personnels... Il est nécessaire que la rue de Grenelle décrypte rapidement son projet et discute avec les organisations syndicales. À ce stade, les incertitudes et interrogations sont légion et ne permettent pas d’envisager une année sereine sur ce sujet. Mais le but du président était-il d’apaiser et de soutenir l’école ou de partir en campagne en s’adressant à son électorat sur de vieilles idées plus efficaces pour la communication politique que pour l’éducation ?"

 

Les inégalités accentuées

 

"En instaurant une telle mesure qui vise à être étendue et généralisée, le président pointe clairement les enseignant·es comme responsables des difficultés rencontrées dans certains quartiers de la ville", écrit la Cgt Education. "C’est inacceptable. C’est trop simple de rejeter la faute sur les autres alors que c’est l’abandon des pouvoirs publics (locaux et nationaux) qui a plongé les écoles dans l’insalubrité et les quartiers dans l’isolement et la précarité. C’est un leurre de penser qu’en modifiant le rôle et le poids des directeur·trices d’école, on va répondre aux attentes des usager·ères et des élèves. C’est un leurre de penser que cela suscitera les vocations parmi les personnels, facilitera leur recrutement ou la pérennisation des équipes pédagogiques. Au contraire, le recrutement local et l’autonomie forte laissée aux directions dans un contexte de concurrence accentuent les inégalités scolaires et sociales".

 

"Ce que nous promet E. Macron c'est une école publique alignée sur les écoles privées où tout sera géré comme dans une entreprise, or cela n'est pas notre conception de l'école. Ce que veut Macron, c'est casser l'école publique. De plus, il ajoute que ces « écoles innovantes » pourraient être généralisées. C'est une porte ouverte à l'école libérale", écrit Sud Education.

 

Inopérant

 

Le Snalc juge "inadmissible, l'annonce du recrutement des enseignants par les directeurs d'école. "Cette idée, que l’on sait très chère à notre ministre et ce depuis longtemps, ne répond en rien aux difficultés rencontrées sur le terrain. Elle relève d’une logique qui n’est pas celle de notre École. Testée il y a plus de 10 ans sous le nom de dispositif ECLAIR, elle avait été abandonnée car elle se révélait inopérante. Beaucoup de postes restaient d’ailleurs sans candidatures... Impossible de ne pas y voir un moyen d’expérimenter un pouvoir hiérarchique du directeur d’école... Le SNALC invite l’ensemble des collègues qui seraient concernés par cette expérimentation, directeurs comme adjoints, à la rejeter dans les différentes instances".

 

Fsu

Snuipp Fsu

Se-Unsa

Snalc

 

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 06 septembre 2021.

Commentaires

  • delacour, le 06/09/2021 à 09:23
    Beaucoup, trop certainement, ne croient plus en la grève. C'est un fait.
    Mais tout le monde peut écrire à son élu, à son député, sensé le représenter pour lui dire combien il est contre le sabotage de l'école publique en commençant par enfoncer un coin dans les équipes pédagogiques avec des directeurs devenus "chefs" d'entreprise.
    Nul besoin de longs commentaires dans votre lettre (gratuite par courriel!), C'est la quantité qui jouera. Ne restez pas amorphes sinon le libéralisme remplacera la liberté.  
    Retraité, je vais de ce pas écrire à ma député LREM (quelle République? quelle marche ?)
    • delacour, le 06/09/2021 à 09:57
      Voilà, c'est fait pour moi ! 

      Bonjour Madame,

      Le président de la République, en visite à Marseille, a prévu un changement radical du mode de fonctionnement des écoles élémentaires.

      Ce faisant, il ne tient pas compte des textes en vigueur, se situant au-dessus des lois.

      Il bafoue la représentation républicaine dont vous êtes notre porte parole.

      Son projet de directeur chef d'entreprise est un leurre, un chef de plus n'améliorera pas ce qui se fait en classe. Les directeurs actuels manquent de temps face aux exigences de l'Administration. Modifier le fonctionnement des équipes pédagogiques représente un sabotage de celles-ci.

      Aussi je vous demande de bien vouloir voter contre la loi Rilhac.

      Je constate par ailleurs que votre question (ci-dessous) reste sans réponse à ma connaissance. Elle n'inclut pas le souhait de changement de statut des directeurs.

      En vous remerciant, veuillez agréer, Madame la Députée, mes meilleures salutations.

      Jacques Delacour

      Directeur d'école honoraire


      Question soumise le 16 février 2021

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      Mme Fannette Charvier appelle l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports concernant les jours de décharge de direction non délivrés. L'article 1er du décret n° 89-122 du 24 février 1989 relatif aux directeurs d'école dispose que « l'instituteur ou le professeur des écoles nommé dans l'emploi de directeur d'école peut être déchargé totalement ou partiellement d'enseignement dans les conditions fixées par le ministre chargé de l'éducation nationale », ce afin de bénéficier du temps nécessaire à l'exercice des responsabilités que comporte la fonction de directeur d'école en matière de pilotage pédagogique, de fonctionnement de l'école et de relations avec les parents et les partenaires de l'école. Ces volumes de décharge sont ainsi déterminés en fonction des caractéristiques de chaque établissement. Or, face au manque d'effectifs dans la brigade de remplacement, un grand nombre de directeurs ne peuvent utiliser ces temps de décharge d'enseignement que partiellement. Cette pénurie est d'autant plus grande dans le contexte sanitaire actuel. Quoi qu'il arrive, les tâches qui incombent aux directeurs d'écoles doivent être réalisées donc, faute de temps de décharge, c'est sur leur temps personnel qu'elles sont effectuées, sans aucune gratification. Face à une anomalie qui s'est peu à peu généralisée voire normalisée, Mme la députée souhaiterait connaître les actions du ministère pour endiguer ce problème. Elle souhaiterait enfin avoir la position du ministère concernant l'ouverture d'un compte épargne temps, qui existe déjà dans la fonction publique d'État mais dont les enseignants et directeurs d'écoles ne peuvent bénéficier aujourd'hui, afin d'épargner ces jours de décharge non délivrés.


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