L'enseignement agricole regarde ses ambitions sombrer 

"Il n'y a pas d'ambition pour l'enseignement agricole". Alors que la moitié des exploitants agricoles vont partir en retraite dans les 10 ans et que l'agriculture française doit prendre le virage de l'agroécologie, l'enseignement agricole public enrage qu'on lui coupe les ailes. C'est du moins le message que porte le Snetap Fsu. Interdit d'ouverture de classes faute de moyens, l'enseignement agricole public voit des structures privées, parfois proche du pouvoir comme le gigantesque projet Hectar, se substituer à lui.

 

Passer à coté des enjeux

 

"On est en train de passer à coté des enjeux", nous dit Frédéric Chassagnette, co secrétaire général du Snetap Fsu, avec Clémentine Mattei.  Les enjeux c'est le renouvellement de la moitié des exploitations agricoles dans les 10 ans et le virage écologique que l'agriculture française doit prendre.

 

Un tournant parfaitement repéré par des groupes privés comme Hectar qui, avec des moyens très importants, est en train de couper l'herbe sous les pieds de l'enseignement agricole.

 

Un secteur délaissé

 

Comment est-ce possible ? L'enseignement c'est, selon le Snetap Fsu, la branche délaissée du ministère de l'agriculture. Sur le plan pédagogique, les décisions sont prises par l'éducation nationale et arrivent, avec retard dans les établissements agricoles. "Il faut décrypter ce que veut JM Blanquer", remarque F Chassagnette.

 

Sur le plan financier, l'enseignement agricole public est aussi délaissé par son ministère, estime le Snetap Fsu. La preuve : le retournement budgétaire de cet été. Alors que le Sénat avait augmenté le budget de 15 millions, la majorité au final l'a amputé de 5 millions.

 

Suppressions de postes

 

"Nous n'avons plus les moyens d'ouvrir des classes", se plaint le Snetap Fsu, ce qui permet aux écoles privées de se développer. Un plan de suppressions de postes a été lancé en 2019 et d'année en année davantage de poste disparaissent  : 50 en 2019, 60 en 2020, 80 en 2021 et 110 en 2022. "On aurait pu penser qu'avec le covid ce plan serai revu. Mais non. On arrive au point de rupture", dit F Chassagnette. "En réalité le ministère ne sait plus faire sans que ces suppressions d'emplois se voient. JUsque là ils ont évité les fermetures d'établissements et gardé le maillage des structures. Mais ils préparent le quinquennat d'après où il y aura des fermetures". Pour le Snetap, l'enseignement agricole public se bat pour sa survie.

 

Réformes non désirées

 

Dans la foulée des réformes du grand frère de l'éducation nationale, l'enseignement agricole reçoit les mêmes consignes que l'éducation nationale. Par exemple il vit, mal, le passage du controle en cours de formation (CCF) au controle continu pour le bac. "On cherche la logique : on instaure le controle continu en bac pro à la place du CCF, mais le bts agricole est entièrement en CCF. On nous prend pour des idiots". Le controle continu amène des problèmes bien connus : diplômes maison, pressions des parents, pression des contrôles toute l'année sur les élèves...

 

Il y a quand même des particularités comme le triste sort fait à l'éducation morale et civique (EMC). Alors qu'après les attentats il a été mis en place partout ce ne sera le cas au bac pro agricole qu'en 2022. Ce sont toujours les moyens qui manquent.

 

Le tournant de 2022

 

F Chassagnette déplore aussi l'incapacité où est l'enseignement agricole de développer l'agro ecologie. "ON ne devrait pas l'avoir au programme qu'en agronomie. L'agro ecologie c'est aussi une question économique et de société". Le syndicat souhaite que ce sujet soit renforcé dans le bac professionnel agricole.

 

Le Snetap Fsu vit mal l'ouverture du projet Hectar ou encore celui d'une nouvelle école vétérinaire privée. "Nous n'avons plus les moyens d'assumer notre mission de service public". Pour l'enseignement agricole aussi l'élection présidentielle de 2022 sera celle de la dernière chance. Après 2022 il faudra détricoter le réseau d'établissements.

 

François Jarraud

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 06 septembre 2021.

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