Censée supprimer les filières pour échapper aux déterminismes sociaux et aux inégalités de genre, la réforme du lycée menée par JM Blanquer les prolonge jusqu'en terminale comme le montre une nouvelle étude Depp. En terminale le choix des doublettes est dicté par l'origine sociale et par le genre. Les maths sont la discipline du tri social dans cette réforme.
Inégalités sociales
Dans une nouvelle Note, la Depp, division des études du ministère, étudie le choix des "doublettes" de spécialités faisant suite au choix des triplettes en première. Bien loin d'avoir ouvert aux élèves le champ des possibles en fonction de leurs goûts, la réforme a reconstitué des filières d'excellence marquées par l'origine sociale et le genre.
"La doublette la plus fréquente en terminale est la très classique "mathématiques, physique-chimie", issue pour moitié de la triplette "mathématiques, physique-chimie, SVT", note la Depp. "C’est la doublette avec la plus importante surreprésentation d’élèves d’origine sociale très favorisée. La deuxième doublette la plus fréquente est "histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques (HGGSP), SES" où quatre élèves sur dix choisissaient les mathématiques en troisième enseignement de spécialité en première. Les mathématiques sont conservées en enseignement de spécialité par 60 % des élèves, principalement par les garçons et les élèves d’origine sociale très favorisée".
L'analyse des choix entre 1ère et terminale montre le poids des inégalités sociales. "La triplette la plus fréquente en 2019, "mathématiques, physique-chimie, SVT", choisie par 28 % des élèves, conduit pour 43 % des élèves à la doublette "physique-chimie, SVT", pour 37 % d’entre eux à la doublette "mathématiques, physique-chimie" et pour 19 % à la doublette "mathématiques, SVT", ajoute la Depp. "Ces choix sont différents selon le sexe et l’origine sociale des élèves. La doublette "physique-chimie, SVT", la plus choisie après une triplette "mathématiques, physique-chimie, SVT", n’est choisie que par 29 % des garçons d’origine sociale très favorisée alors qu’elle est choisie par 56 % des filles d’origine sociale défavorisée. En règle générale, les choix des filles sont proches de ceux des élèves d’origine sociale défavorisée. Lorsque l’on croise ces deux caractéristiques, les écarts sont amplifiés", précise la Depp.
Inégalités de genre
Aux inégalités sociales, la nouvelle classe de terminale est aussi marquée par les stéréotypes de genre. " Les différences entre les choix des filles et ceux des garçons sont essentiellement liées au choix des enseignements de spécialité "sciences de l’ingénieur" et "numérique, sciences informatiques" en première pour les garçons et des SVT pour les filles.
Les élèves d'origine sociale défavorisée se retrouvent davantage dans les combinaisons "plus rares et plus littéraires", note la Depp. Le lycée Blanquer s'affiche non comme le lycée du choix mais comme celui du tri social.
François Jarraud
La Note Depp
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