Maternelle : 5 questions à Guislaine David 

"Le projet de programme ne remet pas en cause la philosophie du programme de 2015". Secrétaire générale du Snuipp Fsu, le premier syndicat du premier degré, Guislaine David voit dans l'évolution entre la Note du CSP et le projet de programme de la Dgesco, le résultat des actions de son syndicat et d'autres acteurs. Le pire est -il évité ?

 

On connait maintenant le projet de programme de maternelle qui va entrer en application à la rentrée. Quel regard portez vous sur ce texte ?

 

Par rapport à la Note du CSP, on peut parler maintenant d'aménagement des programmes et non de réforme. Le projet de programme prend clairement ses distances avec le texte du CSP. Celui-ci attaquait les fondements de la maternelle. Le projet de programme ne remet pas en cause la philosophie du programme de 2015.

 

La mobilisation des collègues et des organisations syndicales , notamment le Forum maternelle, a remis la maternelle au coeur des préoccupations. Toute cette mobilisation a fait que la Dgesco a pris ses distances avec la note du CSP.

 

Des aspects de la philosophie du programme de 2015 sont maintenus. Mais il reste des points problématiques.

 

Lesquels ?

 

Par exemple sur l'apprentissage du nombre. On revient au comptage numérotage alors que le programme de 2015 avait pris un autre parti. Les attendus précisés dans le projet de programme relèvent davantage du cycle 2 que du cycle 1. Cela donne à penser qu'il y a une volonté de mettre en place des apprentissages trop tôt et de primariser la maternelle. NOus ne le voulons pas.

 

Publier des attendus en maternelle est-ce normal ?

 

Ils provoquent forcément un renforcement des apprentissages. L'évaluation de début CP va renforcer ces attendus et il y a là un vrai danger. On criant aussi les futurs documents d'application. Ils pourraient renforcer le programme er aller contre l'expertise des enseignants. On ne veut pas que ce programme soit le prétexte à avoir des documents injonctifs.

 

Une évaluation en début de CP est-ce vraiment nécessaire ?

 

Non. Les enseignants évaluent les élèves. Des évaluations standardisées, comme l'évaluation nationale, mettent en difficulté les élèves et les enseignants. Car elles se focalisent sur certains attendus notamment en phonologie et sur les comptines numériques. Elles ne sont pas axées sur la compréhension par exemple. Au final elles ne sont pas utilisées et ne servent ni aux enseignants ni aux élèves. Il y a aussi la question de l'évaluation positive. Les enseignants y sont très favorables. Or il y a une contradiction entre cette évaluation positive et l'évaluation standardisée de début de CP.

 

Les pays de l'OCDE cherchent à renforcer le lien entre l'éducation de la petite enfance et la maternelle. Ne va t-on pas à l'encontre de cet objectif en France ?

 

La maternelle a une place particulière en France. Elle est très regardée par les pays de l'OCDE car elle a fait ses preuves en matière de socialisation des élèves et de développement du langage. Le programme de 2015 a fait consensus ce qui est rare. Les enseignants se le sont appropriés. Après la Note du CSP on risque de ne pas avoir l'adhésion des enseignants.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

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Réforme de la maternelle : le dossier

 

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 19 mai 2021.

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