On le savait une récente étude de la Depp, la division des études du ministère, le confirme : l'appel à davantage d'heures supplémentaires dans le second degré se fait au détriment des enseignantes. Et les suppressions de postes dans les collèges et lycées généraux et technologiques ne sont pas compensées par les heures supplémentaires, contrairement aux déclarations ministérielles.
Depuis la rentrée 2019 on peut imposer deux heures supplémentaires à tout enseignant. Cette mesure est à relier avec les suppressions de postes dans le second degré. Officiellement 440 postes ont été supprimés à la rentrée (en ETP, beaucoup plus en ETPT) alors que la croissance démographique aurait du imposer la création de plus d'un millier de postes. Au total ce sont 1500 postes qui ont manqué à cette rentrée dans le second degré.
La solution proclamée par le ministère est bien connue : l'appel à davantage d'heures supplémentaires annuelles (HSA). La réalité est un peu plus complexe. Selon la Depp, à la rentrée 2020, le nombre total de HSA a augmenté de 1.8% à la rentrée 2020. Mais elle a baissé de 1.1% dans les formations générales et technologiques. Seule la hausse en enseignement professionnel (+4.8%) met les compteurs en positif. En clair, la réforme du lycée s'accompagne de suppressions de postes qui ne sont pas compensés par des HSA contrairement à ce que le ministre affirme.
L'étude de la Depp met aussi en évidence le fait que le recours aux HSA augmente les inégalités entre les enseignants et les enseignantes et entre les corps. Selon la Depp les hommes perçoivent 23% d'heures supplémentaires en plus que les hommes. Cet écart varie selon les corps. Il est de 16% pour les certifiés mais de 35% pour les professeurs de chaire supérieure et de 28% pour les agrégés.
Sur ce point comme sur d'autres, la Note de la Depp éclaire les choix ministériels : diminution des heures d'enseignement de 2% dans les formations générales et technologiques du second degré, montée des inégalités de genre et entre les corps, manque de sincérité.
François Jarraud
Etude Depp