Second degré : La rentrée malgré tout 

Il y a du plaisir à retrouver ses élèves. Mais cette rentrée des classes du second degré ne ressemble à aucune autre.  Les enseignants ont bien des poids sur les épaules. A commencer par l'allègement du protocole sanitaire décidé au tout dernier moment. A continuer avec des aménagements en "demi jauge" dans les lycées qui ne sont pas forcément en accord avec la situation sanitaire, et le plus souvent pas d'aménagement dans les collèges. Avec l'inconnue d'un mouvement lycéen en réaction à l'organisation du bac et du BTS. Et pour finir avec les formules ministérielles du dimanche 2 mai particulièrement provocantes...

 

Le protocole allégé en EPS

 

C'était la surprise du week-end. Le ministère a attendu le 1er mai pour revenir sur le protocole en EPS et imposer un nouvel allègement à compter du 3 mai. "A compter du lundi 3 mai", affirme la nouvelle version, "la pratique en intérieur est de nouveau autorisée sur l’ensemble du territoire. Toutefois les activités physiques en extérieur ainsi que les activités « de basse intensité » en intérieur permettant le port du masque dans les gymnases sont à privilégier notamment dans les départements faisant l’objet de mesures de freinage renforcées".

 

Finalement l'interdiction de l'EPS en salle n'aura eu lieu que quand les établissements secondaires étaient fermés ! Les professeurs d'EPS qui avaient préparé des activités en extérieur pour la semaine de rentrée sont invités à les revoir au dernier moment, d'autant que les gymnases des collectivités locales rouvrent. L'invitation à pratiquer des activités "de basse intensité" dans les départements où le taux d'incidence est fort est vraiment la négation du danger. Il faut savoir que le taux d'incidence des personnes en âge d'être au collège et lycée (10-19 ans) est encore au dessus de la moyenne. Cela devrait faire réfléchir avant de retourner en gymnase...

 

Un protocole qui joue avec la sécurité

 

Mais c'est tout le protocole qui joue avec la sécurité des élèves et des professeurs. Pour cette rentrée les lycées sont en "demi jauge". "Dans les 15 départements où la situation sanitaire le justifie, les collégiens seront accueillis avec un fonctionnement hybride, soit une présence fixée à maximum 50% de l’effectif des niveaux de 3ème et de 4ème. Les élèves des classes de 6ème et 5ème seront quant à eux tous accueillis en présence à temps plein. Dans les autres départements, un fonctionnement hybride de même nature pourra être envisagé en lien avec l’autorité académique si la configuration des locaux ou les contraintes propres de l’établissement le justifient".

 

La restriction sur les 6èmes et 5èmes montre que les impératifs économiques passent avant tout : les 4èmes et 3ème comme les lycéens peuvent se garder seuls. La formule de "demi jauge" trompe le public. Il ne  s'agit pas forcement de demi groupes. Dans la plupart des établissements les élèves viennent en classe entière selon une alternance qui tient compte des impératifs du transport scolaire. Le seul effet, et il est important, c'est qu'il peut diminuer l'affluence à la cantine. Car rien n'a été prévu pour adapter la restauration à la réalité épidémique non plus.

 

"Il faut arrêter d'être obnubilé par le rôle de l'école dans les contaminations"

 

Enfin les enseignants reprennent pour la plupart sans avoir été vaccinés. Selon le ministre seulement 35 000 enseignants le seraient, soit environ 4%.

 

Quelles sont leurs perspective de vaccination ? Dans le Journal du Dimanche du 2 mai, le ministre promet qu'il pourront tous être vaccinés avant l'été. Il est vrai que la vaccination sera ouverte à tous les adultes d'ici là... Pourtant le ministre reconnait dans le même article la nécessité de vacciner les enseignants : "le fait de tester tous les professeurs deux fois par semaine doit permettre d'identifier les cas positifs et de couper la chaine de contamination au plus tôt". Le plus tôt cela aurait été de les empêcher d'être malade et de transmettre la maladie...

 

Qu'en est il des tests ? JM Blanquer annonce, dans le même article, que des autotests seront distribués en collège fin mai. Au primaire les tests salivaires resteront alors que la Haute Autorité de Santé les trouve peu efficaces. Selon P Vincent, secrétaire général du Snpden Unsa, 1er syndicat de personnels de direction, les autotests ne sont toujours pas là ce 3 mai. Il seraient encore en Chine. Il est donc probable qu'ils ne seront toujours pas là le 10 mai, jour où les tests lycéens devraient commencer. Les syndicats de chefs d'établissement les jugent d'ailleurs "irréalisables". Ils manifestent eux aussi une grande exaspération.

 

Dernière incohérence de cet entretien et principale provocation, JM Blanquer continue à nier l'épidémie dans les établissements , tout en achetant pour 245 millions de tests. "Il faut arrêter d'être obnubilé par le rôle de l'école dans les contaminations", dit-il dans le JDD. Pourtant l'effet de la fermeture des écoles se lit très clairement dans la baisse du taux d'incidence des scolaires...

 

Appel au blocage des lycées le 3 mai

 

Le ministre exacerbe aussi le mécontentement lycéen. Il maintient les épreuves de philosophie et du grand oral du bac alors que l'intersyndicale et les organisations lycéennes demandent leur annulation. Dans l'entretien donné au JDD il annonce que l'épreuve du grand oral pourrait évoluer "l'élève pourrait présenter un mot du professeur pour signaler les parties du programme non vues". Comme si le controle des connaissances était l'essentiel de l'évaluation du grand oral !

 

Le MNL et l'UNL appellent au blocage des lycées le 3 mai.L'UNL rappelle que la pétition pour l'annulation des épreuves du bac a recueilli 200 000 signatures et que de nombreux cours n'ont pas été assurés normalement cette année ou avec de très fortes inégalités entre lycées. En BTS la situation est identique, le ministère maintenant l'examen alors que les étudiants demandent le controle continu. En conséquence l'UNL "appelle les lycéens à massivement bloquer leurs lycées et à prendre la rue " le 3 mai.

 

Rentrer malgré tout ?

 

La rentrée va être la somme de tous ces gâchis. Le temps perdu pour finalement ne pas adapter les établissements à l'épidémie. Le temps perdu à maintenir des épreuves qu'il faudra annuler au dernier moment. Le déni du risque épidémique alors que l'épidémie a déjà fauché tant de vies et que la première victime française était enseignante. Le peu de cas fait des enseignants qui ne sont prioritaires que de papier. Le manque de sérieux et dans la gestion des hommes et dans la mission d'enseignement. Si le sprofesseurs sont au rendez vous c'est bien pour les élèves.

 

François Jarraud

 

La FAQ ministérielle mise à jour le 1er mai

Autotests : protocole "irréalisable"

Blanquer dans le JDD

Appel de l'UNL

 

 

  

Par fjarraud , le lundi 03 mai 2021.

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