Léa Gottsmann : Des Assises pour l’EPS de demain 

Comment voyez-vous l'EPS demain ? Une consultation nationale vient d’être mise en ligne afin de croiser les regards de ceux qui vivent et font vivre l’EPS. Cette consultation prépare des rencontres dans toutes les académies afin de faire remonter des propositions à l’horizon 2022. Les Assises engagent déjà des acteurs connus de l'EPS : le département 2SEP de l’ENS Rennes, le SNEP FSU, l’AE-EPS, l’UNSS, l’USEP, la FCPE, l’Inspection générale d'EPS et des collectivités territoriales. Léa Gottsmann, professeure d’EPS au département à l’ENS de Rennes, porteur du projet, explique comment cela va se passer.

 

Pourquoi cette consultation nationale ?

 

De nombreux enjeux pèsent aujourd’hui sur la discipline, et interrogent sa capacité à y répondre. Par exemple, les chiffres relatifs au décrochage vis-à-vis de l’activité physique sont inquiétants et interrogent la capacité de l’EPS à donner envie aux élèves et futurs adultes d’avoir une activité physique régulière. Les dispositifs tels que  « Bouger 30 minutes par jour » ou le 2S2C peuvent venir inquiéter la place et le rôle de l’EPS à l’école : il devient donc urgent de penser collectivement son avenir. Enfin, l’objectif de ces Assises est aussi de permettre des espaces d’échanges et de discussions, qui s’embourbent régulièrement autour de notre rapport « au sport ». Nous espérons que les formats proposés par cette organisation permettront d’avancer collectivement et d’être forces de propositions pour penser notre EPS de demain, face aux enjeux actuels et futurs.

 

Pouvez-vous nous expliquer le principe d’assises nationales de l’EPS ?

 

Le principe général de ces assises est d’organiser une consultation sur le plan national afin d’interroger la discipline EPS en croisant les regards des différents acteurs. La finalité est d’aboutir à un ensemble de propositions synthétisées dans un « Livre Blanc » à destination du grand public et des politiques. En effet, face au manque de visibilité de la discipline et aux nombreux enjeux actuels et futurs, l’EPS doit être force de propositions - sans filtre et en pensant à l’avenir - pour y répondre. La première étape de ces Assises est une enquête nationale par questionnaire (disponible jusqu’au mois d’avril),ouvert à tout le monde. La deuxième étape sera l’organisation de bistrots pédagogiques, d’avril à novembre dans les académies, qui vont permettre de creuser certaines thématiques et d’aboutir à des propositions concrètes, en croisant les regards : enseignants, formateurs, inspecteurs, collectivités locales, parents d’élèves, élèves, étudiants, associations professionnelles et syndicats, associations sportives, … La dernière étape sera la synthèse de ces Assises nationales en mars 2022 lors d’un rassemblement à Rennes, puis la publication du « Livre Blanc » et des actes résumant l’ensemble des débats et réflexions.

 

Localement, comment cela va-t-il s’organiser ?

 

Dans chaque académie, des comités de pilotage ont la mission d’organiser des bistrots pédagogiques, à partir du mois d’avril jusqu’au mois de novembre, puis d’en faire la synthèse. Un cahier des charges a été construit collectivement avec tous les responsables académiques pour qu’un cadre soit commun à tous, tout en laissant des marges de manœuvre selon les spécificités locales. Trois principales thématiques ont été identifiées et seront affinées en fonction des résultats du questionnaire : a) les objectifs de l’EPS, ce que l’on doit y apprendre et comment ; b) les complémentarités de l’EPS par rapport aux milieux extra-scolaires ; c) les missions et formations des enseignants.

 

Chaque soirée aura pour objectif de mener des réflexions collectives sur ces thématiques (en ciblant certains aspects selon les académies) toujours en croisant les regards et pour aboutir à chaque fois à des propositions concrètes.

 

Ne craignez-vous pas justement que les débats historiques au sein de la discipline prennent le dessus ?

 

C’est toute la difficulté … mais nous espérons que plusieurs garde-fous vont nous permettre d’éviter de retourner dans ces débats embourbés internes. D’abord, le fait de mener une consultation sur le plan national dans chaque académie, va permettre d’impliquer l’ensemble de la communauté, de donner la parole à ceux qui la prennent rarement, ou qui est peu mise en avant lors de nos événements habituels. Ensuite, solliciter différents regards sur l’EPS doit permettre aussi de nous ouvrir aux discussions, de ne pas rester figés dans des débats éternels, pour réfléchir collectivement à de nouvelles façons de penser l’EPS, en collaboration par exemple avec les élèves, les étudiants ou encore les associations locales et les élus. Il me semble que les enjeux sont tellement importants aujourd’hui, que les pressions extérieures ne font que s’accentuer et que notre manque de visibilité est de plus en plus délétère. Cette situation me laisse penser que l’urgence est de se mettre collectivement autour de la table, d’arriver à dépasser les oppositions conceptuelles traditionnelles pour penser l’avenir de la discipline au sein de l’école et de la société. C’est ambitieux, sûrement utopique sur certains points, mais nous sommes confiants dans l’engouement collectif que ce projet génère déjà et qui va s’accentuer au cours des prochains mois.

 

Propos recueillis par Antoine Maurice

 

Le questionnaire

La page relative aux assises nationales

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 25 mars 2021.

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