Utiliser des données en géographie ce n'est pas seulement acquérir des compétences géographiques ou même professionnelles. C'est aussi réfléchir à l'ordre du monde et à sa place dans cette organisation. La géographie ne sert pas à faire "la guerre", même sociale, mais elle rend compréhensible le monde. C'est cela qui nous a plu dans la séquence réalisée par Hugues Labarthe et deux collègues, Jérome Chastan et Pierre Rangier, sur les mobilités dans le cadre du Grand Paris.

Le discours sur la ville inclusive

"Le thème permet de réfléchir au discours marketing sur "la ville inclusive" que des aménageurs ou des politiques véhiculent", nous a dit Hugues Labarthe, profeseur au lycée Delacroix de Drancy (93). "Ce n'est pas une notion scientifique". La mobilité c'est ce qui permet l'accessibilité dans la métropole et par exemple l'accès à l'emploi. Et c'est ce sujet sur lequel les élèves travaillent.

Deux scénarios existent pour cette séquence. Le premier exige des élèves un gros travail sur les données brutes. Dans le second ils sont davantage guidés. "A l'époque on cherchait à travailler avec les ouvertes", nous dit H Labarthe. "Or c'est compliqué car données ne sont pas des ressources éducatives. R Goigoux a bien montré que pour qu'un professeur adopte un dispositif il faut que ce soit efficace et pas trop difficile. On s'est rendu compte que ça nuisait à cette efficience".

De la géographie au vécu des élèves

Au final les élèves tracent une ligne de métro dans l'agglomération après avoir réalisé une carte des zones d'emploi et une autre de la population inoccupée. "Les élèves remarquent l'organisation socio-économique de la région", dit H Labarthe. "Quand ils croisent le faible emploi et l'éloignement des gares cela les renvoie à des quartiers qu'ils connaissent comme Champigny. Ca les renvoie aussi à leur expérience personnelle, celle de parents qui cherchent de l'emploi et qui n'ont pas de voiture par exemple".

En utilisant les données et un logiciel de SIG (ArcGis) ils entrent dans une sphère quasi professionnelle et développent leur littératie numérique. "Ca leur permet aussi se positionner par rapport aux autres jeunes. Il y a un cheminement qui se fait dans leur tête avec leur ressenti, leurs choix dans Parcoursup. C'est mon rôle de professeur d'objectiver la réalité socio économique".

F Jarraud

La première sequence

Et la seconde