Confine, confine pas ? Confine totalement ou le week end ? Ce qui semble certain c'est que les écoles et les établissements resteront ouverts en Ile-de-France et dans les Hauts de France. Pourtant le taux d'incidence explose pour les jeunes d'âge scolaire dans les deux régions et dépasse le niveau de novembre. Au delà des mesures générales pour la population, des décisions pour les écoles sont nécessaires.
Vers le reconfinement en Ile de France et en Hauts de France
Les petites phrases se sont additionnées depuis 48 heures, le gouvernement tâtant un terrain qu'il sait dangereux. "Le moment est venu pour envisager des dispositions pour la région francilienne", déclare J Castex le 16 au soir sur BFM. "Des mesures du type de Nice sont sur la table", allusion à un confinement durant le week-end. "Le gouvernement va prendre dans les territoires les plus touchés des mesures supplémentaires", dit G Attal à la sortie du conseil des ministres le 17 mars, "pour une application dès ce week end. Elles pourront aller jusqu'au confinement".
Mais pas pour les écoles...
Va t-on confiner les écoles et établissements scolaires ? G Attal l'a vivement nié. La veille, en compagnie d'O Véran, JM BLanquer dit que "la doctrine est claire, l'école est la dernière chose à fermer". Il semble donc que l'on aille vers un reconfinement en Ile de France et dans les Hauts de France le week end avec ouverture des écoles et établissements.
En gardant les écoles ouvertes, le gouvernement respecte l'avis du Conseil scientifique. Celui ci s'appuie sur l'étude ComCor qui recommande le maintien des écoles ouverte. Mais cette étude trouve aussi qu'avoir un enfant scolarisé augmente fortement le risque d'être contaminé. Et elle précise que le variant britannique peut changer la donne.
L'épidémie en forte progression chez les élèves
Et bien ça y est le variant britannique domine largement les deux régions, à hauteur de près de 80% pour l'Ile de France. Or ce variant se transmet aux enfants autant qu'aux adultes, il est beaucoup plus contagieux et plus létal.
Il y a 3 mois J Castex disant que la course était engagée entre la vaccination et ces variants et qu'il la gagnerait. A l'évidence elle est perdue. Et ça se voit dans les statistiques.
Le taux d'incidence des 0-9 ans en Ile de France augemnte beaucoup plus rapidement que celui de la population totale. Il est de 6 pour 100 000 soit le double de la moyenne nationale et très au dessus du niveau de novembre. Il monte quasi verticalement. Celui des 10-19 ans est de 14, plus du double de la moyenne nationale. Il atteint le niveau de novembre et montre très rapidement. Il est déjà supérieur au taux moyen tous âges confondus. La relative immunité du premier covid pour les scolaires n'existe plus. Il serait temps de le considérer.
Immobilisme
Pourtant encore aujourd'hui rien n'est fait pour prendre cette réalité en compte. depuis des mois c'est le grand immobilisme, voire le relâchement. La vaccination des enseignants est au point mort alors que face aux nouveaux variants des pays ont massivement vacciné les leurs comme les Etats-Unis ou l'Angleterre. Les enseignants sont prioritaires dans d'autres pays (Espagne, Italie..).
Rien n'a été fait aussi pour l'aération des salles de classe si ce n'est de recommander de garder les fenêtres ouvertes. Des indicateurs simples comme les controleurs de Co2, recommandés par l'Education nationale, sont absents. La distanciation sociale n'est plus qu'un souvenir lointain. La limitation du brassage est impossible par les usages de l'Ecole. Dans les lycées les élèves des différentes classes sont mélangés lors des spécialités (la moitié du temps). Dans les écoles les élèves des enseignants absents sont répartis dans les classes des collègues. Partout il reste des moments de brassage sur des temps de récréation, d'accueil ou de départ. Dans les cantines les classes continuent à se mélanger.
Va t-on continuer ainsi en Ile-de-France et en Hauts de France ? Les enseignants vont-ils continuer à n'avoir comme seul signal officiel que des allègements réguliers de protocoles conçus dans un autre temps moins favorable à la contamination ? Va t-on continuer à faire avancer l'Ecole de semaine en semaine sans jamais tirer les conséquences de l'existence des variants et de l'impact durable de la maladie sur les élèves et l'Ecole ?
Des exigences syndicales
Des syndicats interrogent le ministère. Le Snes Fsu des Hauts de France a consulté des enseignants de l'académie de Lille et demande "un accueil des élèves en demi groupes " au collège. "L'urgence c'est de réduire la jauge d'accueil dans les collèges du nord et du Pas de Calais", écrit-il. Travailler en mi groupe permet de respecter la distanciation sociale et de régler la question de la cantine.
Le Snuipp Fsu estime que le ministre "n'évalue pas l'ampleur de la crise", notamment ses conséquences sur les élèves. Il demande "un plan d'urgence" avec le recrutement de remplaçants, de psychologues, de Rased. "La crise aura des effets durables sur les élèves.Il faut dès maintenant commencer à les résoudre".
"Nous n’avons pas encore suffisamment adapté le système d’éducation et de formation à la situation pandémique", déclare le Sgen Cfdt. "Pour améliorer la capacité des établissements à accueillir élèves et étudiant.e.s dans le respect des préconisations sanitaires, il convient de mobiliser les budgets du plan de relance pour rénover et améliorer des bâtiments dans lesquels il est parfois impossible d’assurer une ventilation et un renouvellement de l’air dans les salles, dans lesquels l’accès aux sanitaires est insuffisant depuis des années", dit le syndicat. Il demande "d'engager des recrutements et revoir la trajectoire d’emplois, dans l’enseignement scolaire il faut dès maintenant assurer aux contractuel.le.s recruté.e.s comme AED ou enseignant.e.s dans le 1er degré que leurs contrats seront prolongés jusqu’à la fin de l’année scolaire et accompagner leur parcours professionnel vers des emplois stables".
François Jarraud
Le conseil scientifique contre la fermeture des écoles