Praesco : Notre enquête sur les pratiques enseignantes en mathématiques en Cm2 

L’enquête PRAESCO (PRAtiques d’Enseignement Spécifiques aux COntenus) relative aux pratiques d’enseignement des mathématiques en CM2 a été menée en 2019 par la DEPP et des chercheurs en didactique des mathématiques des laboratoires EDA et LDAR de l’université de Paris. Cette enquête par questionnaire réalisée sur un échantillon représentatif de 1 317 enseignants de CM2 avait pour but de caractériser leurs pratiques en mathématiques.  L’enquête porte sur l’enseignement des mathématiques, de façon générale et de façon plus approfondie sur certains thèmes du programme scolaire (numération, décimaux, division, résolution de problèmes numériques). Les professeurs ont été également interrogés sur leurs activités de préparation, d’enseignement, d’évaluation, de travail avec les autres et de formation. Le parcours professionnel des professeurs enquêtés, leur ancienneté et leur contexte de travail ont également été pris en compte.

 

Quelques précisions à propos de cette enquête

 

La publication des résultats survient quelques mois après ceux des enquêtes CEDRE et TIMSS, aussi pourrait-on être tenté d’y chercher des explications à la faiblesse des scores des élèves en mathématiques dont l’origine est bien sûr multifactorielle. Comme nous l’avons déjà écrit pour le Café pédagogique à l’issue de la publication des résultats de TIMSS  TIMSS que faudrait-il faire, que faudrait-il surtout éviter ?, il n’est pas question pour nous de faire porter aux professeurs la responsabilité de l’état du système éducatif français en mathématiques.

 

Par ailleurs, il n’est scientifiquement pas possible de tirer de conclusions générales des résultats de l’enquête PRAESCO quant aux effets des pratiques d’enseignement sur les apprentissages effectifs des élèves. Les enquêtes sur les effets-maîtres montrent en effet qu’aucune pratique n’est valable pour tous les publics indépendamment des contextes sociaux et institutionnels dans lesquels elle se réalise. Enfin, établir dans des conditions particulières des relations entre enseignement et apprentissage nécessiterait des enquêtes dédiées et une méthodologie adaptée, ce qui n’était pas l’objet de PRAESCO.

 

Cette enquête donne, sans objectif d’évaluation, une photographie de l’éventail actuel des pratiques déclarées en mathématiques des professeurs en CM2 et nous renseigne ainsi sur la richesse du travail enseignant, les satisfactions éprouvées, les difficultés rencontrées, etc. Un tel état des lieux, inédit en France jusqu’à aujourd’hui, apparaît indispensable pour éclairer les choix des décideurs, cadres et formateurs sur l’enseignement des mathématiques à l’école.

 

Convergences et disparités : quelques résultats saillants

 

L’enquête révèle des pratiques convergentes. Ainsi, de façon quasi-unanime, les enseignants déclarent proposer à leurs élèves des activités visant aussi bien le développement d’automatismes en calcul que la compréhension des procédures. Ils déclarent porter fréquemment attention au travail de leurs élèves, chercher à aider immédiatement ceux qui se trouvent en difficulté et travailler sur les erreurs de leurs élèves lorsque celles-ci sont récurrentes. En revanche, les moyens préférentiellement mis en œuvre pour y parvenir varient selon les professeurs.

 

Au vu des résultats de l’enquête, apparaissent également des disparités liées aux caractéristiques personnelles, professionnelles ou de contexte. Par exemple, les enseignantes déclarent adapter plus souvent leur enseignement à leurs élèves que leurs collègues masculins ; les enseignants entrés plus récemment dans le métier proposent moins de situations complexes et de phases de travail réflexif sur les connaissances ; l’enseignement en classe multiniveau constitue un facteur de difficulté pour un tiers des enseignants concernés, notamment lorsqu’ils ont peu d’expérience en la matière ; les professeurs des écoles privées, davantage que leurs collègues du public, expriment une attente de formation pour l’enseignement des mathématiques.

 

Une typologie de pratiques

 

L’analyse statistique des résultats de cette enquête à grande échelle met au jour cinq groupes de professeurs caractérisés par des pratiques homogènes. Par ordre décroissant des effectifs des groupes, on distingue des enseignants qui :

1.         expriment davantage de difficultés vis-à-vis des mathématiques et de leur enseignement (26 %) ;

2.         affirment des choix didactiques visant un enseignement des mathématiques où les élèves construisent activement leurs connaissances (22 %) ;

3.         témoignent d’un engagement et d’une satisfaction moindres dans l’enseignement des mathématiques (21 %) ;

4.         déclarent proposer un enseignement de type magistral, plutôt technique, visant davantage la réussite immédiate qu’un apprentissage pérenne (17 %) ;

5.         témoignent d’un engagement fort dans l’enseignement des mathématiques, et dont les réponses laissent penser qu’il font « flèche de tout bois » pour faire réussir leurs élèves (14 %).

Tous ces résultats sont développés dans la Note d’Information 21.10 publiée par la DEPP et son annexe Excel, très riche de précisions complémentaires sur les résultats et les méthodes.

 

Cécile Allard, Pascale Masselot, Marie-Lise Peltier-Barbier, Éric Roditi et Frédérick Tempier

 

Chercheurs en didactique des mathématiques aux laboratoires EDA et LDAR (Université de Paris).

 

 

Par fjarraud , le mardi 09 mars 2021.

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