Claire Lommé : Des dominos pendant les vacances... 

Dans la zone B, nous venons juste de rentrer de vacances. Comme après chaque vacances, j’ai vraiment beaucoup de travail. Comme corriger ces dominos qu’ont réalisé mes élèves de cinquième il y a un mois et demi... En contemplant toutes ces productions, je me dis que c’était peut-être une fausse bonne idée : comment les corriger ? Qu’évaluer ? Comment organiser un retour sur l’activité en classe ? Il me faut revenir à mes objectifs initiaux lorsque j’ai proposé cette activité. Mais les avais-je formulés pour moi-même? Pas vraiment. J’avais eu une intuition : cette activité va enrôler les élèves et les faire progresser. Ça s’appelle un élan d’enthousiasme pédagogique. Et maintenant, il faut que j’en fasse quelque chose de constructif, plus d’un mois après, parce que j’ai été totalement débordée. Heureusement, j’ai un enregistrement de ces séances.

 

Piéger les dominos ?

 

Nous avions travaillé les priorités de calcul. Après une entrée par le visionnage et l’analyse d’un jeu télévisé qui montre les difficultés d’adultes face à des calculs mettant en jeu des questions de priorités, nous avons étudié et mémorisé les règles. J’ai cherché à amener les élèves à les hiérarchiser, des règles qui leur semblent élémentaires à celles qu’ils perçoivent comme plus complexes. Dans mes deux classes de cinquième, si les formulations ont varié, le nombre de catégories et leur classement a été le même. Nous nous sommes entraînés sur des exercices à parcours différenciés, et nous avons terminé sur les dominos. En tout, cela représente entre 8 heures et 10 heures, selon la classe, dont 2 à 3 heures sur la confection des dominos.

 

Le plan, c’était de faire réaliser des dominos qui soient intéressants pour des élèves en fin de sixième, en cinquième ou en PPRE (plan particulier de réussite éducative). J’ai explicité les objectifs puis les contraintes : à quoi ressemble un domino (tous les élèves ne savaient pas ce qu’est le jeu de dominos), que doit-on porter dessus ? Ensemble, toujours, nous avons discuté de ce que je chercherai à évaluer, à la correction :

            « Déjà, vous voulez que ça soit bon, qu’on puisse les mettre bout à bout » ;

            « Il faut qu’on mette des calculs qui sont intéressants. Si on met genre 2×3 bah ça sert à rien parce que dedans il n’y a pas de question à se poser, on fait 2×3 et voilà ;

            « Il faudrait qu’on fasse comme quand on répète la leçon : on met que des + et des -, et puis que des x et des ÷, et puis on mélange tout, et après il y avait d’autres trucs… » ;

            « Oui, aussi faut des parenthèses, des fois » ;

            «  Et des crochets, si on peut, non ? C’était la règle de la fin. » ;

            « Faut qu’on fasse attention à pas faire des pièges. L’année dernière on avait fait des pièges et vous aviez pas aimé parce que c’est pour que les gens ils apprennent. »

 

Nous avions à peu près tout. Les élèves se sont lancés. Ils ont réalisé un brouillon, puis ont reporté au propre.

 

Des exemples

 

J’ai donc obtenu un jeu par binôme, parfois par trinôme. 25 jeux de dominos à corriger. Mais je vois mieux où je vais. D’abord, je choisis les compétences que je vais évaluer ; il y a de tout : chercher (identifier les contraintes, faire des propositions), modéliser (se rapporter aux règles de priorités de calculs), représenter (représenter des nombres de façons différentes), raisonner (organiser, vérifier et corriger), calculer (vous aviez deviné, n’est-ce pas ?) et communiquer (écrire correctement les calculs, avoir recours aux parenthèses, aux crochets). Je ne vais pas couper à la vérification de chaque jeu, mais finalement ce n’est pas très long, et surtout c’est intéressant : en vérifiant, je complète mes évaluations de compétences. Des exemples ?

 



 

 

 

 

Quel retour en classe ?

 

Bon, quel bilan ? J’ai résolu la question de la correction et celle de l’évaluation. Il en reste une : quel retour en classe ? J’ai prévu de prendre en photo des jeux entiers bien mis en place, et des dominos isolés, pour en discuter avec les élèves : je voudrais qu’ils se mettent à ma place pour évaluer eux-mêmes, de façon raisonnée et constructive, ce que ces exemples enseignent des connaissances et des compétences de leurs auteurs. Ce sera aussi l’occasion de réactiver les priorités, après les vacances. Peut-être voudront-ils jouer ; c’est prévu : j’ai identifié les jeux fonctionnels (pas forcément entièrement justes, d’ailleurs).

 

Mon intuition était correcte : cette activité a vraiment bien fonctionné. Je suis contente, car ce n’est pas toujours le cas. Elle a impliqué tous les élèves sans exception. Ils ont pu produire en fonction de leur niveau à ce moment-là, mais les enregistrements mettent en évidence des questionnements et des échanges entre eux qui ont contribué aux apprentissages, d’autant que ceux qui ont terminé rapidement ont épaulé leurs camarades plus lents, fragiles ou peu sûrs d’eux.

 

Naturellement, il y a des points à améliorer. En particulier, certains binômes ont réussi à m’échapper pendant les séances, alors que j’aurais dû les remettre sur la bonne route, comme dans le premier domino-exemple reproduit plus haut. Pourtant, j’avais pris le temps de valider tous les brouillons… Je dois donc être encore plus vigilante, à toutes les étapes. Et puis j’ai vraiment mis trop de temps à corriger, alors que j’ai pour habitude d’être efficace. Les prochaines fois, je réfléchirai mieux au moment adéquat. Mais c’est tout de même globalement positif de mon point de vue. Et c’est une bonne chose de faite…

 

Claire Lommé

 

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Par fjarraud , le mardi 09 mars 2021.

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