Alors que le ministre entreprend la réforme de la formation des enseignants dans les INSPE, il a créé une voie parallèle pour la formation des seules professeurs des écoles en lycée. Ce "parcours préparatoire au professorat des écoles" (PPPE), voulu par les plus conservateurs de son entourage, ramène la formation des enseignants du premier degré à ce qu'elle était dans les écoles normales d'autrefois. Dans une lettre du 12 février , que le Café pédagogique s'est procurée, JM Blanquer pousse les recteurs à faire connaitre le PPPE et leur donne des moyens pour rétribuer des professeurs de lycée pour qu'ils participent aux PPPE.
Retour des blouses grises
Les professeurs des écoles sont-ils vraiment des professeurs ? Probablement pas dans l'esprit de l'entourage de JM Blanquer qui a imaginé le retour aux blouses grises avec une formation spéciale pour les futurs PE à base de cours de français et de maths en lycée. Ce projet totalement rétro a l'appui du ministre, comme en témoigne une lettre du 12 février adressée aux recteurs que le Café pédagogique s'est procuré.
Dans cette lettre, signée par AS Barthez (DGESIP),V Soetemont (DGRH) et E Geffray (Dgesco), les deux ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur invitent les recteurs à "faire connaitre les PPPE" en communiquant vers les personnels des académies.
Des moyens pour les lycées
La première année de mise en place des PPPE, les futurs PE, qui préparent une licence spéciale, passent 21 semaines en lycée et 7 seulement en université avec 3 semaines de stage d'observation en école. La seconde année ils consacrent 3 semaines à des stages pratiques en école. Ils ont 27 heures de cours hebdomadaires en lycée principalement en français et en maths.
La lettre annonce une dotation complémentaire en emplois pour ces deux disciplines dans les lycées pour la rentrée 2021avec une rémunération sous forme d'heures supplémentaires à raison d'une heure et demi pour une heure de cours.
Ainsi le ministre arrive t-il à la fois à pousser la réforme des INSPE et à la torpiller en sous main par une réforme qui fait des professeurs des écoles de grands élèves à qui on évite le plus possible la fréquentation des universités.
François Jarraud