Covid 19 : Le gouvernement choisit l'immobilisme 

Après plusieurs jours de réflexion et de fuites organisées dans la presse, le gouvernement a choisi de ne rien faire face à la montée de l'épidémie. Le 29 janvier, Jean Castex n'a annoncé aucune mesure générale de grande ampleur et rien pour l'Ecole. Comme si la nouvelle variante du virus ne changeait pas totalement la donne particulièrement dans les écoles. S'il est délicat de savoir quel moment est le meilleur pour décider la fermeture des écoles, il est certain que le temps perdu ne se rattrape pas. A trop attendre il pourrait être trop tard pour atténuer la vague qui arrive.

 

Repousser la décision

 

"La situation est préoccupante. La progression du variant britannique fait peser un fort risque d'accélération. La question du confinement se pose légitimement", a expliqué Jean Castex le 29 janvier. Mais finalement il a décidé que "nous pouvons encore nous donner une chance" et repousser à plus tard d'éventuelles mesures. Finalement seules les très grandes surfaces non alimentaires sont fermées. Aucune mesure particulière est prise pour l'éducation.

 

Quelques heures avant l'intervention du 1er ministre, les syndicats enseignants étaient reçus au ministère de l'éducation nationale. Les seules mesures décidées par le ministère sont de fermer la classe dès qu'il y a un cas de variant anglais. Mais la mesure risque de prendre quelques temps avant que celui-ci soit identifié. Le ministère a aussi précisé que la règle de distanciation de 2 mètres qui s'applique partout pour les personnes sans masque ne s'applique pas dans les cantines scolaires. En fait rien ne change et ces précisions ne sont toujours pas publiées dans la FAQ ministérielle.

 

"On aurait aimé de l'anticipation. On aurait aimé discuter sur une éventuelle fermeture et les mesures à préparer dans ce cas. Ou sur l'allongement des vacances. Mais cela n'a pas été le cas", nous a confié Benoit Teste, secrétaire général de la Fsu à la sortie de la réunion. Rien n'a été acté sur l'aération des salles, le fonctionnement en alternance,  l'adaptation des vacances, la garde des enfants des professions essentielles ou même les masques tissus fait maison portés par les élèves. Le ministère s'enferre dans l'immobilisme comme la FAQ continue à afficher que les enfants ne sont pas contagieux.

 

Une situation totalement nouvelle

 

Alors que le premier ministre reconnait que le variant anglais change tout, le ministère de l'éducation nationale refuse de prendre en compte cette réalité. La variant anglais a trois particularités qu'il faudra pourtant bien prendre  en compte : il est deux fois plus contagieux, il touche les enfants comme les adultes et il est aussi nettement plus létal. Ces trois caractéristiques mettent les écoles et les établissements scolaires en première ligne. C'est ce presque tous nos voisins ont compris en fermant leurs écoles.

 

C'est ce que nous voyons dès maintenant en constatant que la catégorie où l'épidémie progresse le plus vite actuellement est les 0-9 ans selon les données du ministère de la Santé. Les chiffres du ministère de l'éducation nationale montrent une hausse des contaminations. Mais ils sont très en dessous de la réalité. Le ministère déclare 11864 élèves malades sur la semaine du 2 au 28 janvier quand le ministère de la Santé compte 1247 jeunes de 0 à 9 ans et 3982 de 10 à 19 ans pour la seule journée du 25 janvier.

 

Retour aux fondamentaux

 

Avec le variant anglais on retrouve les fondamentaux des épidémies de coronavirus classiques telles qu'étudiées, dans leur rapport avec les écoles, dans une étude du Haut Conseil de la Santé Publique en 2012. Selon cette étude, "les enfants jouent un rôle particulièrement important dans la transmission de la grippe ; ils sont plus réceptifs à l’infection que les adultes, sont responsables de plus de cas secondaires dans les foyers que les adultes, ont un portage viral plus important et prolongé, « maîtrisent » beaucoup moins leurs sécrétions respiratoires, et sont en contact étroit avec les autres enfants à l’école, favorisant ainsi les transmission", écrit le HCSP. "L’école constitue une zone d’amplification de la grippe".

 

Pour le HCSP la fermeture des écoles s'impose si l'on veut maitriser l'épidémie. Mais il faut bien choisir le moment. Elle n'est efficace qu'au début de l'épidémie. "Les stratégies reposant sur des mesures (de fermeture) autour des cas identifiées sont intéressantes en début de pandémie pour retarder la diffusion du virus sur le territoire mais deviennent insuffisantes quand cette circulation est avérée", écrit le HCSP. "L’impact de la fermeture des écoles ne concerne pas que les enfants d’âge scolaire : 66 % des cas évités sont hors du groupe d’âge scolaire (qui représente 20 % de la population)". Fermer les écoles c'est diminuer le risque de propagation dans l'ensemble de la population.

 

Evidemment cette fermeture a un coût social et économique très lourd. Celui-ci est à peser face à l'efficacité de la fermeture. Il est clair qu'actuellement le gouvernement gagne du temps peut-être pour aller jusqu'aux congés de février. C'est un pari. Parce que le variant anglais va très vite. Il touche déjà 4 fois plus de monde en France qu'il y a 15 jours. Il y aura un moment où la fermeture des écoles pourra être douce sur le plan économique mais n'aura plus d'effet sur l'épidémie. Il y aura un moment où il sera trop tard pour chercher des masques FFP2 pour la population et particulièrement les enseignants. L'exemple britannique avec ses 100 000 morts est à nos portes.

 

François Jarraud

 

Le rapport du HCSP

 

 

 

Par fjarraud , le lundi 01 février 2021.

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