Séverine Walker : La classe flexible 

La classe flexible, c’est le sujet de prédilection de Séverine Walker. Enseignante depuis maintenant douze ans, elle a écrit un livre qui regorge de pistes de réflexions sur le sujet, « Enseigner en classe flexible ». L’enseignement en classe flexible, ce n’est pas simplement disposer de balle de tennis sous le tabouret des élèves ou encore de coussins dans un coin de la classe. Enseigner en classe flexible c’est mettre en branle toute une organisation pédagogique pour un meilleur climat scolaire, une meilleure attention des élèves, même les plus en difficulté et une plus grande réussite de tous.

 

Aujourd’hui, Séverine enseigne en CE1 à l’étranger, au Luxembourg, dans une grande école de plus de quarante classes. Ses vingt-quatre élèves aux profils tous différents, ressemblent beaucoup à la sociologie d’une classe française. C’est donc en classe flexible qu’elle a, là aussi, organisé son enseignement. Mais avant le Luxembourg, elle a enseigné plus de dix ans dans des écoles d’éducation prioritaire au sein de classes de cycle deux ou encore d’ULIS école avec des élèves présentant des troubles des fonctions cognitives. C’est dans l’une de ces écoles, l’école Trait d’Union de Florange, qu’elle s’est lancée dans l’aventure classe flexible avec ses collègues d’alors.

 

Il y a plus de quatre ans, Séverine et ses collègues se sont rendu compte que leur façon d’enseigner ne leur convenait plus. « Notre organisation n’était pas en adéquation avec les élèves que nous avions en face de nous. Nous avions des classes chargées, une importante hétérogénéité de niveaux, des élèves avec des troubles des apprentissages ou des problèmes d’attention, etc. Nos objectifs étaient simples : la mise en place d’une différenciation pertinente pour tous les élèves, le développement d’une réelle autonomie et la création d’un climat de classe serein et davantage propice à des apprentissages efficaces et pérennes ». C’est au hasard d’une lecture que Séverine découvre la classe flexible. « Il y a quatre ans, il y avait peu de ressources sur le fonctionnement et l’organisation de la classe flexible. Nous avons trouvé quelques ouvrages utiles dont ceux de Debbie Diller sur les centres mathématiques, les centres de littératies ou encore sur l’aménagement de l’espace ». C’est donc à partir de ces lectures que l’équipe enseignante s’est lancée dans l’aventure. Depuis, Séverine n’imagine pas un seul moment revenir à un autre mode d’enseignement. Dans l’école privée où elle enseigne maintenant, elle a réussi à maintenir cette organisation et même à inspirer certains de ses collègues.

 

Deux grandes zones de travail

 

Disposant d’une assez grande et de tables individuelles, elle a pu aménager sa place autour de deux grandes parties principales : à l’avant, des tables face à un tableau numérique interactif et sur les côtés et à l’arrière, des espaces dans lesquels les élèves travaillent en autonomie. Dans ces espaces, on trouve une bibliothèque, dont les livres changent tous les mois, plusieurs espaces au sol pour les manipulations ou encore des tables pour travailler seul ou en groupe. « Ils ont aussi à leur disposition tous les outils nécessaires pour travailler en autonomie, matériel de manipulation, meubles à tiroir, que l’on nomme centres d’autonomie, ou encore des assises dites « flexibles » »

 

Sur son blog Séverine partage son expérience de classe flexible et partage les outils qu’elle crée et qui l’aident à aller vers une pratique pédagogique plus en adéquation avec ses objectifs. En 2018, ce sont les éditions Retz qui s’intéressent à son travail ainsi que celui de ses collègues, « nous avons accepté assez vite puisque cela correspondait à la suite logique des échanges et partages que l’on réalisait déjà au travers des réseaux sociaux ».

 

Un retour sur investissement certain

 

Après plusieurs années à fonctionner en classe flexible Séverine ne se voit pas revenir à une organisation de classe plus traditionnelle. Une position facile à comprendre à l’écoute des avantages qu’offre cette méthode. « Un climat de classe plus serein et coopératif dans lequel chacun a sa place, sait ce qu’il a à faire et ne craint pas le regard des autres, des séances d’apprentissage plus courtes mais bien plus efficaces, une différenciation permettant de prendre en compte les capacités et les besoins de tous les élèves, le développement d’une autonomie dans laquelle les élèves sont capables de travailler seul ou avec leurs camarades, de prendre des initiatives et de trouver des solutions à de nombreux problèmes… » Pourtant, Séverine tempère son propos. « Au vu des nombreux avantages que je viens de citer, il serait facile de dire que tout va bien dans une classe flexible, que tout est facile mais il n’en est rien. En effet, pour atteindre un fonctionnement qui me corresponde, car nous n’avons pas tous les mêmes attentes et les mêmes besoins, cela m’a pris plusieurs années. Essayer, se tromper, recommencer, continuer malgré les doutes, la fatigue. Cette aventure est loin d’être un long fleuve tranquille mais ça en vaut vraiment le coup ! »

 

Lilia Ben Hamouda

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 14 octobre 2020.

Commentaires

  • fc9d518, le 25/04/2022 à 12:14
    Rien de bien nouveau, ça fait un siècle que les classes Freinet fonctionnent de manière "flexible", non pas pour suivre une mode, mais parce que c'est une chose tout à fait normale et naturelle dans cette pédagogie.

    Les activités individuelles étant par définition individuelles, les élèves peuvent se placer où ils veulent du moment que le boulot est fait.
    J'ai eu des élèves qui faisaient leurs exercices de maths ou d'orthographe dans la cour sous l'olivier, ou bien seuls dans une autre pièce, aucun souci.

    Et durant les moments collectifs (EPS, présentations d'exposés, réunions coopératives, lectures de textes libres...), étant donné qu'il n'y a ni cours ni leçons, les élèves peuvent là aussi se placer où et comme ils veulent pour participer et écouter.
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