Bac : Un grand oral "scandaleux" selon l'Apses 

Nouveauté du bac, le grand oral est coefficienté 10 et pèse autant que le français par exemple. S'il est une catégorie d'enseignants experts en discriminations et inégalités ce sont les professeurs de SES. Et pour eux il n'y a pas de doute : l'épreuve du "grand oral du bac" est taillée sur mesure pour offrir un avantage aux candidats favorisés. Ils l'expliquent de façon précise.

 

"Les candidat·e·s sont censé·e·s avoir travaillé pendant l’année les questions avec leurs professeur·e·s, mais aucun temps n’est prévu dans les grilles horaires du nouveau lycée pour cela", rappelle l'Apses. "Les enseignant·e·s devront donc « préparer » leurs élèves pendant les heures de cours, parallèlement à la préparation aux épreuves écrites qui auront lieu au mois de mars et à l’enseignement de programmes extrêmement volumineux, le plus souvent sans dédoublement. Dans ces conditions, il n’est pas envisageable de développer des pédagogies actives pour amener tous les élèves à maîtriser les techniques de l’oral, et à développer leur autonomie".

 

Faute de préparation, l'épreuve est socialement discriminante estime l'Apses. Cela déjà par son organisation. Le temps d'évaluation (5 minutes) ne permet de juger que la forme. " Quand ce ne sont pas les connaissances qui sont valorisées, cela laisse la place à l’évaluation de comportements, d’attitudes corporelles, d’aptitudes langagières qui sont répartis de manière très inégale selon les milieux sociaux".

 

Le pire est dans la 3ème partie de l'épreuve. " Le 3e temps du Grand Oral, qui porte sur le projet d’orientation du candidat, est lui aussi scandaleusement discriminant : le/la candidat·e doit parler de ses « rencontres, engagements, stages, mobilité internationale », etc. Or, la capacité à trouver des stages est très dépendante du réseau social des parents, et donc de leur milieu professionnel et social, comme le montrent déjà très bien les stages de 3e. Quel·le·s élèves pourront valoriser les « stages à l’étranger » et présenter, dès la Terminale, des preuves de leur « mobilité internationale » ? Comment des critères d’évaluation aussi marqués socialement ont-ils pu être intégrés dans le texte sur le Grand Oral sans que personne ne s’en émeuve ?", écrit l'Apses.

 

L'Apses demande la suppression de la 3ème partie, un temps de préparation et des critères d'évaluation définis nationalement.

 

Sur le site

 

 

Par fjarraud , le jeudi 01 octobre 2020.

Commentaires

  • Docultivateur, le 01/10/2020 à 08:57
    Toujours de très bonne foi, l'APSES... Parler pour les sans-voix, ça évite d'avoir à travailler pour eux dans la classe : un oral séquencé précisément pour éviter de laisser l'individu face à ses possibles fragilités (5 mns préparées/10 mns d'échanges où il faut aussi faire confiance à la clairvoyance et la bienveillance des jurys, leurs collègues/5 mns où on évaluera la capacité du candidat à parler de son parcours, et non le parcours lui-même), évalué sur la base de compétences qui sont visées dans les programmes (mais que l'APSES ne veut pas lire apparemment). 
    En posant cette nouvelle épreuve, on met l'accent sur un angle mort de la pédagogie française (et non des moyens accordés aux enseignants) : la place de l'élève dans ses apprentissages.
    • papysvt, le 02/10/2020 à 20:03
      Comme on n'a aucune information précise, il est difficile de se faire une idée. Les courroies de transmission que sont les IPR sont aux abonnés absents depuis plus d'un an. Silence total. Il me semble que ce soit disant "grand oral" va être encore une fumisterie pédagochic de plus dans l'océan d'absurdités qu'est la réforme Blanquer. Quant à faire de l'oral en classe, il faudra m'expliquer comment on fait avec 35 élèves. Les "Y a qu'a" et les "Faut qu'on" me font bien rigoler lorsqu'on sait qu'il n'y a pas une minute accordée à la préparation de ce grand oral dans les programmes. Je suppose que le ministère compte sur la bonne volonté des enseignants pour faire ça gratis pro deo après que la ministère ait octroyé quelques euros mensuels aux plus jeunes enseignants pour faire taire la grogne. Il est évident qu'un fils d'un PDG qui a une utilisation aisée des outils de communication aura un énorme avantage sur un jeune issu d'un milieu défavorisé dont le français est des plus hésitant et qu'on va abandonné à son sort. Tout dans le paraitre. Ce grand oral est un hochet macronien pur jus.
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