A quoi servent des consignes sanitaires émises deux jours avant la rentrée ? Le ministère publie le 28 août au soir des "recommandations" concernant les récréations, la cantine, l'enseignement musical, l'EPS et les internats. Publiés très tardivement ces textes son parfois inapplicables, parfois surprenants. Sans valeur obligatoire, comme le protocole, ils engagent la responsabilité des directions et des collectivités territoriales et dégagent d'autant le ministre...

Irritation des directions

Publiés durant le week-end précédant la rentrée, les "recommandations" émises par le ministère ont été fraichement accueillies  par les équipes de direction. Ainsi , sur Twitter, F Leroux, un personnel de direction, estime qu'il est "hors de question de retomber dans une gestion de l'urgence".J. Crémoux, un directeur d'école, juge "qu'on n'a plus le temps (de tout reprendre) alors que ça fait deux mois qu'on attend".

Récréation : Distanciation non obligatoire mais recherchée...

La fiche sur les récréations rappelle le port du masque par les élèves dans le second degré  et que les jeux de contact sont autorisés mais "dans la mesure du possible" entre élèves d'un même groupe. Quelques lignes plus bas, il est dit que "la distanciation n'est pas obligatoire" mais "elle doit toutefois être recherchée" et il faut "rechercher une stabilité entre les groupes partageant un même espace ou temps de récréation". Encore plus bas, il est recommandé "d'appliquer strictement les mesures visant à limiter le brassage". Ainsi ces "recommandations" donnent des avis opposés et tendent à interdire ce que le protocole autorise (le brassage par exemple). Aux équipes de direction de se débrouiller entre un protocole ultra laxiste et ces "recommandations" de dernière minute !

Cantine : Vous auriez du embaucher plus de personnel...

Le pire est probablement la fiche sur la cantine. Les collectivités territoriales doivent beaucoup apprécier d'apprendre si tard qu'il faut revoir les assises (pour éviter le face à face et le cote à cote "lorsque cela est possible". Ou encore qu'il faut faire un service à l'assiette ou avoir un salarié chargé de servir l'eau. Toutes mesures qui impactent le nombre d'employés de cantine.

EPS : réduction des épreuves du bac

En EPS quand le port du masque n'est pas possible (pour les exercices physiques) il faut "faire respecter par les élèves" la distanciation, laquelle est supprimée par le protocole ! Le gymnase est autorisé "dans le respect des règles de distanciation" ainsi que la piscine . Pour l'évaluation du bac le texte recommande deux activités seulement (au lieu de 3). Les A.S. peuvent aussi reprendre.

Musique : chantez avec le masque !

En Education musicale, les salles spécialisées sont autorisées, ce qui peut impliquer de revoir les plans de circulation. Leur utilisation pose aussi un problème sanitaire puisqu'aucune désinfection n'est prévue entre les groupes. "Au collège comme au lycée, le port du masque est obligatoire pour les professeurs et les élèves. Concernant les pratiques vocales, que ce soit en éducation musicale, en musique ou en chorale, cette disposition s’impose. La qualité du timbre, la justesse, l’expression seront travaillées sans rechercher la puissance vocale. Comme le montrent aujourd’hui certains enregistrements récents consultables sur Internet, un travail vocal soutenu aboutissant à des productions vocales de qualité reste aisément envisageable dans ce cadre réglementaire", affirment les recommandations. On se demande comment les enseignants pourront enchainer des séquences chorales avec un masque... A l'école par contre le chant choral peut se dérouler sans masque, comme si les élèves n'excrétaient pas le virus, en limitant à une seule classe (pas de chorale d'école).

A quoi ça sert ?

Ces recommandations si tardives sont parfois inapplicables. Ce sera souvent le cas pour la restauration ou la récréation par exemple. Mais à  vrai dire le protocole lui-même, même ultra léger, le sera aussi, par exemple sur le lavage des mains. Alors à quoi servent ces textes ? Si on est optimiste on estimera qu'il a fallu tant de réflexion et d'échanges entre ministères pour les produire que deux mois ont été nécessaires. Si on ne l'est pas on pourra penser que tous ces textes tardifs mettent les directions locales devant des situations impossibles voire devant des contradictions et que ces textes n'ont comme finalité que de dégager la responsabilité du ministre au moment où ce sera nécessaire.

François Jarraud

Les recommandations

Sur le protocole