"Evitons que papy et mamie aillent chercher les enfants à l'école, quitte à renforcer le périscolaire". De l'intervention de Jean Castex, le 27 août, retenons cette phrase bonhomme qui résume les contradictions de l'exécutif. Il faut à la fois faire passer le message que la maladie progresse et dire aux parents qu'il n'y a pas de risques d'envoyer les enfants à l'école. Devant ce pari sur l'avenir, JM Blanquer a multiplié les déclarations rassurantes mais peu fondées.

Face à l'épidémie en progrès...

"Depuis quelques semaines dans une phase incontestable de recrudescence de l'épidémie. Il y a d'abord, vous savez, ce qu'on appelle le taux de reproduction du virus, le fameux R, qui se situe au-dessus de 1, ce qui ce qui signifie que le virus gagne du terrain. Il avait atteint 3 au plus fort de l'épidémie et nous étions redescendus à 0,7 en mai. Nous sommes aujourd'hui autour de 1,4. Nous comptions moins de 1 000 nouveaux cas par jour à la fin du confinement. Nous sommes aujourd'hui à plus de 3 000 nouveaux cas par jour", explique Jean Castex. En fait on serait à 6000 cas ce 27 août. "Ce que nous disent les statistiques, c'est que ce virus circule beaucoup chez les jeunes".

De fait le gouvernement inscrit 19 nouveaux départements en rouge ce qui fait passer leur nombre à 21 : l'ile-de-France, le pourtour méditerranéen, le lyonnais, le bordelais et la Haute-Garonne. Dans ces départements, le préfet peut prendre des mesures fortes comme le port du masque obligatoire dans la rue au coeur de l'Ile-de-France.

Jean Castex a aussi détaillé le plan de soutien aux entreprises et le plan jeunesse avec "la promotion massive de l'apprentissage et de l'alternance", ce qui n'est pas un bon signal pour l'enseignement professionnel.

La force de la langue de bois...

La brève intervention de JM BLanquer se voulait rassurante. "Il faut que les enfants aillent à l'école" , dit, avec raison, le ministre. Selon le ministre "la limitation du brassage (des élèves) a fait l'objet de recommandations". Mais on a surtout retenu qu'il n'est plus du tout interdit. "Il y a cet été des travaux pour faire évoluer les installations sanitaires" dans les locaux scolaires, avance t-il. Il semble pourtant que cela n'a pas du tout été anticipé avec les collectivités territoriales et que ces travaux sont rares. La conséquence c'est , qu'après la limitation du brassage, le lavage régulier des mains est la seconde règle sanitaire que beaucoup d'établissements ne pourront pas respecter.

"Nous sommes en mesure d'assurer la continuité pédagogique par l'enseignement à distance" assure aussi le ministre. Il cite les heures d'enseignement enregistrées alors que l'enquête de son ministère montre qu'elles sont peu utilisées.

Peut-on rassurer sans dire la vérité ? Le discours de vérité ce serait dire aux parents que le gouvernement pense que la propagation du virus dans les écoles ne sera pas forte. Et qu'il y aura peu de barrières, à l'exception d'un masque en tissu porté toute la journée, face au virus dans les classes surchargées.

François Jarraud

PS : Tout au long de la journée le ministre a été interrogé sur la cantine, la récréation, l'EPS et autres "cas particuliers". Il renvoie à des recommandations et annonce leur publication sur le site ministériel. Mais ce 27 août elles ne sont pas publiées.