Christine Guimonnet (APHG) : Des enseignants en demande de sérénité 

Dans quel état d’esprit les professeurs d’histoire-géographie partent-ils en vacances ? Christine Guimonnet, secrétaire générale de l’APHG, association des professeurs d’histoire-géographie, évoque les relations avec JM Blanquer, l’accueil des réformes du lycée et du lycée professionnel, les attentes pour la rentrée 2020.

 

JM Blanquer est reconduit dans son ministère. Quelles relatons l’APHG entretient-elle avec lui ? Etes vous écoutés ?

 

 JM Blanquer nous a reçu lui-même plusieurs fois alors que N Vallaud Belkacem nous faisait recevoir par des conseillers. On aborde avec lui des sujets importants, comme la réforme du lycée ou du lycée professionnel. Il nous écoute. On sent qu’il a de l’intérêt pour nos disciplines. On fait remonter ce qui pose problème. Et il décide. On a obtenu 3 heures pour le tronc commun du lycée alors qu’on craignait 2 heures. Mais on est passé de 4 à 3 heures hebdomadaires et ce n’est pas satisfaisant.

 

La réforme du lycée a-t-elle un impact sur les postes en histoire-géo ?

 

Le fait qu’on ait la spécialité HGGSP avec 4 heures en 1ère et 6 en terminale a une incidence sur les postes. Notre matière n’est pas en tension. En série technologique, nous n’avons plus qu’1h30 au lieu de 2 heures et c’est insuffisant pour des élèves qui ont besoin d’être davantage outillés. Ou alors il faudrait davantage de marge de manœuvre dans les programmes.

 

L’APHG a demandé des aménagements dans les programmes du lycée. Vous souhaitez quoi précisément ?

 

Le programme idéal n’existe pas. Mais les professeurs se sont retrouvés avec plusieurs niveaux à traiter en même temps, les E3C et ses dysfonctionnements : banque de sujets ouverte très tard, pas forcément adaptée aux progressions, lourdeurs des « points de passage obligatoires » (NDLR : des points de programme à traiter obligatoirement). Tout cela a été très lourd pour les enseignants.

 

Les élèves, eux , ont passé un trimestre dans des conditions hors normes. L’enseignement à distance est très différent de l’enseignement en classe. Il ne fonctionne bien qu’en fonction du lien entre le professeur et élève. Et certains élèves ont eu des problèmes matériels. On risque d’avoir à la rentrée des élèves très fragiles.

 

Alors on demande que les E3C soient remplacés par une épreuve terminale. On veut aussi que les PPO soient facultatifs pour avoir un peu de souplesse dans cette année. Pour la série technologique il faudrait retirer un chapitre en histoire et un en géographie.

 

Il faudra aussi se préoccuper des élèves qui on vécu le confinement dans un cadre anxiogène. Il n’y a pas que les questions de programme.

 

Quel regard jetez-vous sur le bac 2020 ?

 

Les E3C n’avaient pas été demandés. Ils ont beaucoup déstabilisés les équipes. Ce mixte entre contrôle continu et épreuve d’examen a été très chronophage. Or pour pouvoir préparer les élèves il faut du temps. Une seule épreuve par an serait suffisante.

 

Le lycée professionnel a été lui aussi réformé. C’est mieux pour l’histoire-géo ?

 

Les collègues sont très mécontents. L’horaire est ramené à 1 heure hebdomadaire alors que cs élèves on besoin d’un enseignement général qui leur donne des outils. Les collègues se sentent niés dans leur identité professionnelle. La réforme ne passe pas du tout.

 

Globalement pour cette rentrée les professeurs d’histoire-géographie veulent un cadre serein où ils puissent travailler en confiance. La vague médiatique de prof bashing a heurté les professeurs. Car leur conscience professionnelle est très forte.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 10 juillet 2020.

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