Bien-être : Juliette François et Isabelle Grossetête : Etre bien pour apprendre 

« En apprenant aux élèves à mieux se connaître, à comprendre leur réaction, à se faire confiance mais également en apprenant à mieux connaître les autres, à communiquer sereinement, à coopérer, on les engage à co-construire avec l’enseignant un climat de classe apaisé. » Nouvel ouvrage « pour intégrer les sciences cognitives dans sa pratique de classe », le livre  propose fiches, quiz , documents détachables pour améliorer le climat de classe.

 

Vous venez  de publier "Etre bien pour apprendre "  (Nathan). Quelles sont vos motivations  et quels sont les objectifs de cet ouvrage destiné aux élèves de  Cycles 2 et 3 ?

 

Etre bien pour apprendre  repose sur la démarche CARE : les Clefs de l’Apprentissage par la Recherche en Education, démarche que nous avons construite en nous appuyant sur notre expérience du terrain et sur notre formation universitaire dans les domaines de la recherche en éducation et de la formation.

 

A travers ce projet, nous cherchons à créer une synergie entre expertise enseignante et savoirs théoriques, entre  les connaissances du terrain et  celles de la recherche en sciences cognitives, en sciences de l’éducation, en sociologie de l’éducation, afin de créer une passerelle, un espace de médiation.

 

Notre  démarche pédagogique repose sur l’articulation de trois domaines d’apprentissage – cognitif, socio-émotionnel et comportemental.  Ces trois domaines ont à nos yeux la même valeur, c’est en les développant  tous les trois que l’on conduit l’élève à bien apprendre. C’est une démarche inclusive, qui s’adresse à tous les élèves, chacun pouvant se l’approprier à son niveau et selon ses besoins. En donnant le nom de CARE, nous nous inscrivons dans cette perspective humaniste, qui développe l’attention aux autres, l’empathie, l’engagement envers soi, envers les autres. Cette démarche s’inscrit également dans une perspective plus globale portée par l’Unesco à travers l’éducation à la citoyenneté mondiale, qui permet à chaque élève de bien apprendre grâce à une connaissance de soi, une capacité à coopérer et communiquer avec autrui, un environnement inclusif, propice à un apprentissage de qualité et un environnement apprenant.

 

Etre bien pour apprendre s’adresse aux enseignants, les accompagne dans la mise en place d’une pédagogie basée sur l’apprendre à apprendre, le bien-être et la coopération, mais les accompagne aussi dans leurs questionnements, dans l’évolution de leurs pratiques.

 

Car enseigner est un métier complexe, exigeant, intense qui implique une réflexion sur soi et nécessite de se former tout au long de sa carrière afin de pouvoir ajuster ses connaissances du terrain à des connaissances théoriques.

 

Etre bien pour apprendre prend en compte le bien-être enseignant, nous avançons l’idée de l’importance de prendre soin de soi en classe, nous proposons des pistes de réflexion sur la gestion des émotions, du stress, de la fatigue.

 

Quel genre d'outils proposez-vous aux professeurs des écoles ?

 

Etre bien pour apprendre  articule théorie et pratique : la théorie, à travers l’interview de « spécialistes » pour chaque notion abordée : la cognition, le savoir être et le savoir vivre ensemble, la pratique  avec un accompagnement pas à pas qui permet à l’enseignant de mettre en place des séances clés en main. 

 

L’enseignant  dispose ainsi d’une palette d’outils pour s’approprier la démarche. Ce sont des activés simples à mettre en place dans la classe, sous des formes variées : des carte jeux, des cartes de relaxation, des pictogrammes, un « neuro livret » qui accompagne l’élève dans une démarche réflexive, des « neuro quiz » pour se tester et retenir les informations essentielles. Nous proposons un univers avec des personnages colorés qui illustrent l’attention avec Focus, le contrôle cognitif avec Blokus, la flexibilité mentale avec Flexi et la capacité de coopération avec Totem, personnages auxquels enseignant et enfants pourront se référer. Cet outil est également conçu comme un outil réflexif, sur lequel on peut prendre des notes et réfléchir à ses pratiques.

 

C’est une méthode flexible : les enseignants peuvent l’expérimenter dans sa globalité. Ils peuvent aussi « piocher » en fonction de problématiques plus spécifiques: certains pourront avoir besoin de travailler sur l’attention, d’autres s’orienteront peut être plus sur le développement de la communication et de la coopération. Nous guidons l’enseignant en début d’ouvrage sous forme de plan d’action : un plan «attention », un plan « travail en groupe » ...

 

En quoi la démarche proposée est-elle  de nature à améliorer le climat  de classe ?

 

Notre ouvrage s’ouvre sur une citation d’Edgar Morin qui évoque la nécessité de prendre conscience de son identité commune avec tous les autres êtres humains. Nous sommes une espèce qui apprend en communauté, en groupe, ce sont les fondements de l’école.

 

Notre démarche s’inscrit dans cette perception globale des individus, enfants comme adultes : en prenant en compte le fonctionnement cognitif ; en intégrant les habiletés socio-émotionnelles ; en étant attentif aux besoins et à la place du corps, en développant un environnement de bien-être.

 

Considérer l’élève dans sa globalité, sa cognition, ses émotions, son corps, son implication permet d’agir sur le climat de classe. En apprenant aux élèves à mieux se connaître, à comprendre leur réaction, à se faire confiance mais également en apprenant à mieux connaître les autres, à communiquer sereinement, à coopérer, on les engage à co-construire avec l’enseignant un climat de classe apaisé. On les amène à évoluer dans un espace « care » dans lequel chacun prend soin de soi et des autres, dans la confiance et la bienveillance.

 

Propos recueillis par Béatrice Mabilon-Bonfils

Directrice du laboratoire BONHEURS

Université de Cergy-Pontoise

 

 

 

Par fjarraud , le jeudi 09 juillet 2020.

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