Gaëlle Akhanny a co-créé l'association à vocation éducative "Laissez Parler Les Gens" en septembre 2018. L'objet est de donner la parole aux jeunes et de lutter contre toute forme de discrimination en milieu scolaire. Elle vient de terminer son Master MEEF métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation-encadrement éducatif à l'INSPE de Versailles et souhaite exercer le métier de conseillère principale d'éducation.
Quel dispositif de bien-être avez-vous mis en place dans votre établissement? Et Dans quel objectif?
J'ai eu l'opportunité durant l'année scolaire 2019-2020 de mettre en place dans le Lycée Galilée à Gennevilliers un projet bien-être intitulé "Les helpers". J’étais durant cette année assistante d'éducation dans ce lycée. Étant à la tête d'une association qui lutte contre toute forme de discrimination en milieu scolaire à travers l’audiovisuel, Mme Durand, la CPE, n'a pas hésité à faire appel à la structure. Le lycée Galilée est un lycée polyvalent accueillant plus de 1200 élèves et 4 CPE. Au sein de l’établissement, différents cas de harcèlement avaient été observés depuis plusieurs années et certains élèves faisaient face à de la discrimination. Pour mettre en place le projet sur le thème du bien-être, j'ai choisi de me concentrer sur les élèves.
L'idée était de permettre aux élèves de réaliser un support de communication qui accompagnerait le projet de lutte contre le harcèlement qu'ils mènent dans leur établissement. J'ai tout de suite pensé à utiliser cette création pour participer au concours national Non Au Harcèlement.
Les objectifs éducatifs étaient de développer l'expression vocale, la découverte de soi, l'aisance à l’oral et découvrir les métiers de l’audiovisuel. Les compétences visées étaient la maîtrise des compétences langagières et l'ancrage dans le parcours artistique et culturel (histoire de la vidéo, du cinéma, figures connues, procédé d’écriture, jeu d’acteurs).
Comment et par qui a-t-il été pensé? Les élèves sont-ils partie prenante ?
Pour débuter le projet, j’ai rencontré une CPE de l'établissement et quelques professeurs dont la référente harcèlement pour discuter avec eux des problématiques présentes dans l’établissement. Mme Malaure, enseignante, qui apparait dans le film, a été très active sur ce projet.
Notre cible était les élèves de 2nde. Les élèves sont partie prenante de ce projet. Nous avons sollicités les élèves ambassadeurs contre le harcèlement et avons mené une campagne dans l'établissement pour recruter de nouveaux volontaires. Concrètement, nous avons eu quatre séances de travail de novembre à décembre. Les quatre séances ont eu lieu dans le foyer pour sortir les élèves de leur environnement « salle de classe ».
Lors de la première, les élèves ont découvert le projet. Nous avons passé des extraits de films ou de vidéos ayant pour but de sensibiliser sur le thème du harcèlement pour leur montrer que la fiction peut être un excellent moyen de combattre les discriminations.
Ensuite, lors de la seconde séance nous avons écrit des scénarii. Des élèves de seconde et tous les élèves ambassadeurs dans la lutte contre le harcèlement étaient présents. Nous avons alors proposé aux élèves de se mettre en groupe et de réfléchir à des idées de scénarii. Dans les groupes, nous avons fait une répartition des rôles : chaque élève avait un rôle et représentait un métier du cinéma, l'un costumier, l'autre scénariste.
Lors de la troisième séance, nous avons voté pour le scénario à retenir et avons fait la répartition des rôles. Les élèves ont pris connaissance de leur texte. Comme vous le verrez dans la vidéo, des adultes apparaissent à l'image. Il m'a en effet semblé essentiel de mobiliser sur ce projet les enseignants, les CPE, les assistants d'éducation car je pense que lutter contre le harcèlement est l'affaire de tous mais surtout que c'est ensemble que nous pouvons lutter contre ce fléau. La quatrième et dernière séance a été consacrée au tournage.
Avez-vous repéré des bénéfices de cette initiative ?
J'ai mis en avant l'évaluation du dispositif par les élèves pour qu'ils puissent être les premiers à apporter leurs critiques positives ou négatives sur les séances. Nous avons créé un sondage pour les élèves participants pour observer l’impact et l’utilité de notre action et la modifier, si besoin, pour les interventions suivantes. À travers ce formulaire, j'ai cherché à analyser l’implication, l’épanouissement, l’apprentissage et l’impact sur les élèves qui ont participé. De plus, pour connaitre les points forts et les points faibles de l’organisation et de la mise en place, j'ai consulté le personnel présent lors de l’action. En mars, les enseignants et CPE ont déjà pu constater que suite au travail effectué, 3 situations de harcèlement ont été dénoncées par les élèves eux-mêmes et résolues grâce à la mobilisation de tous.
Nous avons reçu les résultats du concours le 24 mars 2020 et la vidéo que nous avons conçue ensemble a gagné le prix académique meilleure vidéo catégorie Lycée. À cause de la crise sanitaire mondiale que nous avons traversée, la remise des prix a bien eu lieu mais elle s'est faite en ligne sur la plateforme Webex. En effet, le 4 juin dernier, nous étions connectés depuis le lycée Galilé pour recevoir le prix Non Au Harcèlement et des référents académiques harcèlement. Invité d’honneur, Nounah a ouvert le palmarès et ses messages de prévention ont ponctué l’après-midi. Voici le lien vers la vidéo réalisée avec les élèves. Elle peut être librement réutulisée par des professionnels et servir pour beaucoup de support de sensibilisation.
Je tiens à remercier M. Pinard Proviseur du lycée et Mme Durand CPE pour la confiance qu'ils m'ont accordée. Merci à Yann Elliam mon associé, président de l'association Laissez Parler Les Gens qui a co-réalisé ce film à mes côtés. Merci également à Julien Vachon pour le cadrage.
Propos recueillis par Béatrice Mabilon-Bonfils
Directrice du laboratoire BONHEURS (Bien-être, Organisations, Numérique, Habitabilité, Education, Universalité, Relation, Savoirs)
Université de Cergy-Pontoise