Nathalie Sayac : Des albums jeunesse pour vivre les mathématiques 

« Les maths ça ne s’apprend pas, ça se vit ». Voilà pourquoi Nathalie Sayak, maitre de conférence en didactique des maths, écrit depuis plusieurs années des albums jeunesse permettant aux enfants d’apprendre les mathématiques au travers des situations qui leur sont familières. La place de cette discipline en maternelle a toujours été au centre de ses préoccupations. Elle nous explique pourquoi.

 

« Un petit problème de rien du tout » vient de paraître aux éditions Circonflexe. De quoi s’agit-il ?

 

Cet album est le cinquième que j’écris avec Caroline Modeste, illustratrice. J’adore les maths depuis toujours, et pour moi, les maths c’est ludique, c’est logique, ça permet une meilleure compréhension du monde qui nous entoure.

 

Depuis plus de vingt ans, je participe à la formation des enseignants du premier degré et pour beaucoup dès qu’on parle de mathématiques en maternelle, ça bloque. Dans les différentes formations que j’ai animées, j’essayais d’utiliser les albums de littérature mais j’en ai trouvé très peu qui permettait que l’enfant puisse réfléchir par lui-même à des concepts mathématiques. Je suis convaincue que dès leur plus jeune âge, les enfants en sont capables, pourvu qu’on leur présente des situations qui font référence à leur vécu. Ils ont beaucoup plus de potentialité que ce qu’on leur propose. Alors, je me suis lancée dans la rédaction de ces petites histoires, pour moi, pour me prouver que c’était possible. Ce n’est que quelques années plus tard que le premier livre a été publié. Je travaille avec Caroline, l‘illustratrice, depuis. C’est grâce à elle que mes albums sont ce que je voulais qu’ils soient : de vrais albums jeunesse que les enfants lisent et relisent… Et c’est cela le but. À force de lire et relire l’histoire, ils s’imprègnent du problème mathématique soulevé.

 

Ce n’est donc pas une méthode, c’est le principe de la petite graine. Les concepts murissent petit à petit dans la tête de l‘enfant grâce à la répétition. En général, les enfants lisent un album et y reviennent quelque temps après, et bien souvent leur perception du monde a évolué entre temps. L’enfant s’imprègnent donc du concept mathématique sans même s’en apercevoir. En didactique des maths, on parle de dialectique outil-objet avec l’idée que pour aborder un savoir nouveau, il faut le rencontrer dans une situation qui lui donne du sens. C’est ce propose mes albums : une rencontre avec le savoir mais dans la vie de tous les jours.

 

Comment un enseignant peut-il utiliser ces albums ?

 

Comme pour tout album, il doit être lu aux enfants. Bien entendu, il serait dommage de se priver de les utiliser pour aborder les concepts mathématiques. D’ailleurs, avec certains enseignants, nous avons décidé de monter des projets autour de ces albums que nous avons présenté aux Cardie de Dijon et Créteil. Nous allons travailler, conjointement enseignants et chercheurs, à un usage scolaire de ces derniers. Une recherche collaborative avec des allers-retours chercheurs enseignants pour construire des outils.

 

Et de quoi parle donc « un petit problème de rien du tout » ?

 

 « Un petit problème de rien du tout » sera le dernier album de la collection. Dans les précédents albums, j’avais abordé le nombre, la géométrie, les mesures et le calcul. Je n’écris pas des albums pour écrire des albums, c’est vraiment pour aborder les mathématiques avec les jeunes enfants de maternelle, et j’ai fait le tour des concepts.

 

Dans cet album, il y a deux problèmes qui parlent de voitures et motos – avec donc une dimension autour du genre. Le premier est assez classique, Léa et Anatole, les personnages, doivent compter le nombre de roues pour cinq voitures et trois motos. Trop compliqué pour les compter avec leurs petits doigts, ils mettent en place plusieurs stratégies pour arriver au résultat.

 

Le deuxième est ce qu’on appelle un problème ouvert, un problème sans solution directe, où il faut bidouiller. C’est le sens des mathématiques, les maths c’est du bidouillage. Scientifiquement, pour résoudre le problème, il faut faire une équation à deux inconnues. C’est la réponse académique mais par les essais-erreurs, on peut amener des enfants à trouver la solution. La résolution de problème, c’est du tâtonnement, c’est essayer beaucoup de possibilité et trouver le même résultat. Tous les cheminements doivent être validés s’ils arrivent au juste résultat. C’est ce que propose la deuxième situation à laquelle sont confrontés Léa et Anatole.

 

Propos recueillis par Lilia Ben Hamouda

 

« Un petit problème de rien du tout, petites histoires de mathématiques » de Nathalie Sayac et Caroline Modeste aux éditions Circonflexe. ISBN  9782378622886

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 01 juillet 2020.

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