Parler des indicateurs des lycées dans le contexte actuel où ils sont tous fermés fait vraiment bizarre. Mais il rouvriront et la question de leur réputation va se poser à nouveau. Alors connaissez-vous le lycée Louise Michel de Bobigny ? Ou le lycée Renoir de Bondy ? Non ? Ce sont pourtant parmi les meilleurs lycées de France selon le contre-palmarès du Café pédagogique. S'il est impossible d'enfermer la réalité du travail effectué dans les établissements dans des statistiques, il est possible d'utiliser les indicateurs de résultats des lycées publiés par le ministère de l'éducation nationale pour dévoiler des traces de ce travail. Encore faut-il vouloir les chercher. Parce qu'il y a plus de mérite à faire réussir les jeunes des quartiers populaire que de sélectionner parmi les bons élèves pour remplir ses terminales, le Café pédagogique exploite les statistiques ministérielles pour mettre en avant les lycées qui font vraiment réussir les jeunes qui ont besoin de l'éducation nationale. Et qui sont pourtant souvent si décriés.

Qu'est-ce qui rend un lycée plus efficace qu'un autre ? En 2015, le rapport des inspecteurs généraux Brigitte Bajou, Fabienne Paulin‐Moulard et Thierry Bossard vérifie la validité des indicateurs mis au point par la Depp. Mais il est surtout l'occasion d'une étude plus générale sur les valeurs du lycée où entrent l'architecture, les relations entre les adultes, les travaux donnés par les enseignants et un peu, quand même, les moyens. "La valeur ajoutée, positive ou négative, ne peut jamais être imputée à un seul élément déterminant", préviennent d'emblée les inspecteurs. Mais les facteurs sont les mêmes d'un lycée à l'autre, qu'il soit général ou professionnel.

Alors que depuis mardi 17 midi, la France vit sous confinement, la profession enseignante se réinvente. Faire classe à ses élèves à distance, avec des moyens techniques qui ne sont pas toujours au rendez-vous du côté des parents mais aussi du côté des profs, n’est vraiment pas évident. Pour certains, pourtant, c’est plus simple que pour d’autres. Ceux qui utilisent les outils numériques depuis longtemps n’ont pas, en plus du reste, à se familiariser avec celui-ci. Pour les autres, trouver une solution numérique en urgence, contacter les parents, leur transmettre un guide d’utilisation, voilà qui a occupé une bonne partie de ces deux derniers jours. Contrairement au second degré, rares sont les ENT proposés par les académies dans le premier degré, alors des solutions sont trouvées, des solutions pas toujours RGPD compatibles…. Mais comme l’a dit le président, nous sommes en guerre alors, à la guerre comme à la guerre…

 « Les organisations rappellent que l’engagement avait été pris devant toute les organisations syndicales lors du Conseil Supérieur de la Fonction publique de l’Etat de ne pas appliquer le jour de carence pour les agent-es victimes de l’épidémie par le Secrétaire d’Etat en charge de la Fonction publique. Ce dernier pourtant est revenu ensuite sur cet engagement à un moment où toute tergiversation n’est plus acceptable. Dans une crise sanitaire qui coûtera des milliards à l’économie française, récupérer de l’argent sur le dos de fonctionnaires malades serait très loin des propos du Président de la République sur la solidarité et la responsabilité », écrit l’intersyndicale Cgt, FO, FA, Fsu et Solidaires, le 17 mars à Edouard Philippe. « Le projet de loi doit impérativement, entre autres mesures structurantes pour juguler la crise sanitaire et endiguer l’épidémie, prévoir que le jour de carence soit abrogé ».

La lettre

Alors qu’un million d’enseignants, 12 millions de jeunes et autant de parents cherchent à maintenir « la continuité pédagogique », au second jour de la fermeture des établissements une forte tension continue à s’exercer sur les réseaux et les sites qui ne sont pas prêts à la montée des connexions.

 « La continuité pédagogique ne s’improvise pas, elle s’apparente plutôt à de la gestion de la discontinuité. Nous, personnels de l’éducation, feront au mieux de nos possibilités matérielles et pédagogiques, mais nous appelons le ministère à la modestie : rien n’est prêt dans l’instant, prenons le temps de bien faire », écrit le Snes Fsu. Le syndicat évoque la difficulté d’adapter son enseignement à l’enseignement à distance. D’autant qu’il ne s’agit pas d’imposer des journées de classe aux enfants enfermés à la maison.

Sur le site

Envoyé par « des enseignant.e.s du premier degré du Lot, de Bagnolet, de Montreuil, de Pantin et du 19e et 20e arrondissements de Paris », un appel « à ne pas faire de classe virtuelle » circule sur les réseaux sociaux. « La mise en place d’une classe virtuelle pendant la fermeture des écoles aura pour conséquences d’accentuer l’inégalité scolaire en fonction de l’origine sociale des élèves », écrivent-ils. « Nous appelons aussi nos collègues à profiter du temps qui nous est imparti pour mener des réflexions que nous n’avons souvent plus le temps d’avoir au sein de nos écoles. Quel est le sens de notre métier ? Quelle école et donc quelle société voulons nous pour nos élèves ? »

L’appel

« A partir du lundi 16 mars, et pour une durée pouvant aller jusqu’au terme de la crise sanitaire, les entreprises de la filière EdTech ont ainsi décidé de mettre à disposition – gratuitement et sans conditions – des ressources et outils numériques à destination des établissements, des enseignants, des familles et de tous les apprenants. » Le confinement et la fermeture des écoles est une occasion unique pour les entreprises d’Ed Tech France pour entrer en contact avec leur public : les parents et créer un véritable marché durable de services éducatifs. Une quinzaine de membres, où se mélangent Startups, groupes étrangers et Canopé, qui apporte son image de service public à cette démarche commerciale et qui se considère maintenant comme une startup, proposent des services allant du solfège à la gestion de la relation parents profs.

Sur le site EdTech France

L’Education nationale l’avait annoncé. Un arrêté publié le 18 mars le confirme : « La tenue des concours et examens nationaux de l'enseignement public et privé et des épreuves concourant au recrutement, à l'avancement et à la promotion des fonctionnaires et magistrats est suspendue » annonce le JO qui ajoute : « Ils peuvent être tenus à distance lorsque la nature des épreuves et les conditions de leur organisation le permettent ».

Au JO

Michèle Caine est nommée directrice académique adjointe des services de l'éducation nationale du Nord, annonce le JO du 18 mars.

Au JO

Soyez le premier informé de votre établissement et recevez chaque matin le flash d'information du Café pédagogique, L'Expresso, dans votre boite à lettres gratuitement. Pour cela il suffit d'un clic. Vous pouvez aussi bénéficier des éditions disciplinaires ou pédagogiques du Café mensuel.

Pour s'abonner

« Comme on le sait depuis des lustres, apprendre ne se fait pas en rajoutant des connaissances à celles qu'on a, mais consiste en une transformation de celles-ci.. Ce ne sont pas les savoir qu'il faut transmettre, ce sont les stratégies par lesquelles on les construit », écrit Eveline Charmeux sur son blog. Elle rappelle aussi « une confusion vieille comme l'école, entre "faire des exercices" et "apprendre". Confirmée dans les discours officiels actuels, où cette notion d'exercices que les élèves vont devoir faire à la maison, est omniprésente. Rappelons — car c'est généralement oublié, voire ignoré — qu'un exercice est une activité d'entraînement d'un savoir acquis récemment. Ce n'est jamais un moyen d'apprendre… La "classe à la maison", la formule est jolie, mais elle est bien discutable : la maison n'est pas un lieu pour faire la classe. Je pense qu'il faut donner un autre rôle à ce moment étrange et douloureux qu'est le nôtre. Ce temps d'apprentissage… peut être un temps de découvertes réciproques, pour les parents et pour les petits... A condition, bien sûr, que que rien ne vienne gâcher ce positif, et surtout pas des comptes à rendre et des jugements de valeur, inutiles et blessants ».

Sur son blog

« Aucun collègue n’a véritablement été préparé à la mise en oeuvre de cette continuité pédagogique. C’est dans l’urgence que chacun d’entre nous fait preuve d’ingéniosité pour permettre à nos élèves de poursuivre leurs apprentissages », écrit l’Apmep, association des professeurs de maths. « Afin de vous aider, parents, enseignants, l’APMEP vous propose sur son site un certain nombre de ressources que vous pouvez utiliser librement ». L’Apmep propose des diaporamas pour le cycle 3 ; des jeux, les problèmes de Tonton Rémi (Lycée) ; les Annales, les vidéos de Mathscope du cycle 3 à la seconde. « La période que nous traversons est l’occasion de montrer que l’Éducation Nationale fait enfin confiance à ses professeur.e.s. et à leur haute conception du service public », conclut l’Apmep. On trouvera dans le communiqué les liens vers les ressources.

Le communiqué

Réalisé par des enseignants du collège V. Daubié de Plouzané, une commune de la banlieue de Brest, ce « Guide méthodologique de l’élève » donne des conseils pour organiser le travail scolaire à la maison. Il commence par organiser la semaine de façon peut-être trop chargée pour du travail à la maison : 5 heures de travail par jour soit 23 heures semaine. Le Guide donne des conseils pour être dans de bonnes conditions de travail et se concentrer comme « ne pas remettre au lendemain les activités ». Etre au calme est aussi demandé mais comment font les familles avec plusieurs enfants dans un appartement de 50m² ? Il donne des conseils pour télécharger le sleçons et utiliser Pronotes.

Le guide

« Comment créer du lien, donner le sourire, animer sa classe à distance ? Avec ma collègue Florine, on a eu l’idée de lancer un défi par jour à nos élèves. J’ai lancé l’idée sur les réseaux sociaux : n’hésitez pas à proposer de nouvelles idées », écrit Charivari sur son blog. Des exemples de défi ? Ecrire un tautogramme (c’est une phrase, ou un texte, dont tous les mots commencent par la même lettre : Votre vaillant visiteur va vérifier votre voiture.),  se déguiser et envoyer la photo (visage masqué), faire un origami, inventer un problème de maths à partir d’une photo envoyée par la maitresse / le maitre. Etc.

Sur son site

De Petit ours brun veut aller à l’école à La petite poule rousse, pour ne citer que des albums très connus, des enseignantes mettent en ligne sur le site Véronique Favre des albums sonorisés pour une découverte en famille. Une belle initiative pour les enfants, les parents et les enseignants tous réunis pour tirer profit de la continuité pédagogique.

Sur le site de V Favre

« Il est impossible de « reproduire » cette école à la maison. Mais je vais essayer ici de vous proposer quelques activités ponctuelles qui ne demandent pas trop de matériel. » Sur son site, Christine Lemoine propose aux parents des activités pour faire le pont en attendant la réouverture de l’école. Par exemple fabriquer des chapeaux en papier en regardant la vidéo (ou en demandant à Papa ou Maman de réaliser le pliage pour les plus jeunes !) et les décorer. ; trouver le plus vite possible un vêtement nommé par l’adulte ; ouvrir les placards, sortir une pile de pulls et apprendre à les plier soigneusement etc. Des activités qui paraissent simples mais qui en réalité travaillent des compétences scolaires chez les enfants.

Sur son site