DHG : Les trois lettres qui vont (elles aussi) échauffer les lycées 

Vous aimez le chaos généré par les épreuves du bac ? Une autre crise se profile à l'horizon, tout aussi insoluble et tout autant née des décisions ministérielles : celle des DHG (dotations horaires des établissements). En finançant les dédoublements dans le premier degré par des suppressions de postes dans le second, le ministère génère des situations impossibles dans les établissements. Un nouveau motif de tensions apparait au fur et à mesure que les enseignants découvrent ce qui les attend à la rentrée 2020.

 

Lycée mort et élèves dans la rue

 

Comme pour les E3C, il suffit d'ouvrir la presse quotidienne régionale pour constater que les dotations horaires commencent à semer la pagaille dans les établissements épargnés par le conflit du bac. Ainsi le 11 février c'était lycée mort à Ambert (63) comme à Bergerac (24) et pour les mêmes raisons : 4 postes supprimés à Bergerac, 20 heures en moins à Ambert mais qui se cumulent avec les 72h supprimées cette année. A Rodez aussi le lycée perd 4 postes. Aux Sables d'Olonne les lycéens sont dans la rue pour garder des esneignants. A Falaise le lycée est "KO". Au Mans un lycée perd 196 heures (plus de 10 postes) d'un coup. A Vitry en Artois ou à Toucy ce sont les collèges qui manifestent contre les pertes de moyens.

 

Pourtant on attend près de 30 000 élèves en plus dans le second degré à la rentrée 2020. Mais, pour pouvoir créer 440 postes dans le 1er degré, le ministre a décidé d'en supprimer autant dans le second. Officiellement ces postes sont compensés par des heures supplémentaires (pour 315) et par 125 postes récupérés sur le dos de Canopé. Mais en fait les prévisions de postes pour 2020 annoncent 820 postes supprimés dans les académies à la rentrée.

 

On commence à avoir une idée de ce que cela entraine sur le terrain là où les DHG ont été annoncées par les rectorats. C'est notamment le cas dans les académies de Strasbourg et Bordeaux, qui sont un peu en avance sur les autres.

 

Strasbourg supprime la 2de heure de chorale

 

Strasbourg perd officiellement 11 postes à la rentrée 2020. Mais, selon Arnaud Sigrist, co secrétaire académique du Snes Fsu, ce sont 1800 heures qui sont retirées à la rentrée soit l'équivalent de 100 postes, dans une académie où le nombre d'élèves est stable. Le syndicat a déjà un tableau complet des suppressions d'heures dans les établissements. Il lesamême cartographiées.

 

"C'est un carnage", nous dit A Sigrist. "Avec le nouveau mode de calcul des moyens par division, des établissements perdent beaucoup d'heures alors que l'an dernier on avait déjà rogné sur les moyens".

 

Par exemple, le lycée Koeberlé de Sélestat perd 142 heures (8 postes) à la rentrée. Ce sont surtout des heures académiques, données pour accompagner des politiques académiques, qui sont retirées. Une situation qui fait réfléchir au moment où on parle de confier les heures Rep à une gestion académique... Dans le petit lycée de Münster, 45 heures disparaissent, autant que l'an dernier. En deux années le lycée perd 20% de ses moyens.

 

Selon A Sigrist, "les grands perdants seront plutôt les petites structures qui vont devoir assurer 7 spécialités mais avec des règles de calcul par division. Les prélèvements d'heures se font souvent sur les options, non financées dans la réforme du lycée, les dédoublements et les disciplines les moins représentées. Le cas des LV3 par exemple devient critique. Un autre exemple mérite d'être cité :le rectorat supprime la seconde heure de chorale dans les collèges. La communication ministérielle s'efface derrière sa gestion.

 

Bordeaux vide le rural au profit de la Gironde

 

L'académie de Bordeaux connait une croissance des effectifs élèves (3000 en plus dans le 2d degré) surtout en Gironde. Elle a déjà un taux d'encadrement inférieur à la moyenne nationale. Le ministère avait créé 50 postes en 2019. Il en annonce 11 pour 2020 auxquels s'ajouterait l'équivalent de 18 postes en heures supplémentaires. Mais pour Jean Pascal Méral, secrétaire général du Snes Fsu de l'académie, il faudrait 230 postes supplémentaires pour faire face à la croissance démographique et maintenir le taux d'encadrement.

 

Tout le jeu du rectorat va consister à prélever des moyens hors de la Gironde pour les y amener. "Mais dans les petits établissements ruraux souvent iln'y a rien à prélever ou alors il faudrait carrément fermer le collège", nous dit JP Méral. Ainsi, par exemple, le lycée Claveille de Périgueux perd 10 postes. "Il paye deux fois les réformes ", estime JP Méral."La réforme du lycée a fait diminuer le nombre d'élèves en lycée technologique. Et la gestion des postes amène le rectorat à en prélever en Dordogne pour en amener en Gironde".

 

Dans les autres académies, les enseignants commencent seulement à découvrir leur DHG. Si le conflit du bac trouve une solution acceptable, ce qui n'est pas sur, les lycées et collèges pourraient ne pas retrouver leur calme. Là aussi c'est la gestion ministérielle qui est en jeu. Pourtant JM Blanquer connait la vieille règle : on ne peut pas réformer (le lycée) et supprimer des moyens.

 

FRançois Jarraud

 

Carte scolaire 2020

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 12 février 2020.

Commentaires

  • XavHi, le 12/02/2020 à 09:18
    CQFD... c'est bien ce que le SNES-FSU dénonçait dès les premiers projets de cette réforme scélérate : une perte de postes programmée en lycée malgré des effectifs d'élèves encore à la hausse. Qu'ajouter...
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