Bénédicte Asssogna : Une frise historique immersive avec Minestory 

Un jeu vidéo comme support d’apprentissage ? Pour beaucoup, impossible ! Pourtant de plus en plus d’enseignants se lancent dans l’aventure. L’intérêt ? Susciter un engouement des élèves en utilisant un support insolite. En 2018, Julien Crémoux, que beaucoup connaissent déjà au travers de Twoulipo, lance l’idée d’une frise immersive historique s’inspirant du jeu MineCraft. Quelque mois plus tard débuté l’aventure MineStory à laquelle participe Bénédicte Asssogna. Projet qu’elle présentait au forum des enseignants innovants 2019.

 

Enseignante depuis 2012, Bénédicte Assogna est une férue d’histoire – elle est d’ailleurs titulaire d’une licence en archéologie médiévale. Après une expérience professionnelle d’animatrice socio-culturelle et de professeure de théâtre, elle prépare un master en pédagogie et sciences de l’éducation. « J’ai toujours eu la fibre de l’enseignement, c’était une suite logique de mon parcours professionnel ». Et aucun doute, cette reconversion est une réussite. « Je me suis sentie immédiatement à l’aise et à ma place tant dans une salle de classe que dans une équipe enseignante. J’y suis bien, voilà tout ». Aujourd’hui, elle enseigne en CM1, à l’école Saint-Louis de Bonnières-Sur-Seine.

 

Une frise historique immersive et collaborative

 

Désireuse de se renouveler, Bénédicte est active dans différentes communautés d’enseignants. C’est lors d’une manifestation de l’une d’entre elles, Ludovia, qu’elle assiste à la présentation de MineCity, un projet de modélisation par des élèves de la ville écologique idéale sur une plateforme Minetest. Pour les novices,  « Minetest est un jeu de cubes dans un espace illimité conçu pour élaborer des constructions imaginaires, un frère de MineCraft, mais en version open source. Mais c’est aussi un serveur sur lequel se retrouver pour construire ensemble et échanger des outils ou des maps (ndlr : cartes) faits maisons ».

 

A l’occasion de cette présentation, Julien Crémoux évoque l’idée de MineStory – une frise historique immersive où chaque classe contribuerait en modélisant des monuments du patrimoine. Pour Bénédicte, nul doute, elle sera de l’aventure. « Je voulais en être. Je travaille beaucoup en pédagogie de projets et en interdisciplinarité en classe. Ce type d’aventure proposé par l’inventeur de Twoulipo me convient d’autant plus qu’il fait écho à ma formation initiale en archéologie et histoire des arts ». C’est ainsi que sa classe et neuf autres se lancent dans le projet dont l’objectif est la « création via un serveur Minetest d’une frise historique des périodes par laquelle il sera possible d’accéder à des bâtiments, lieux et aménagements du patrimoine local, national ou mondial qui illustrent une période historique »

 

Un projet interdisciplinaire

 

Concrètement comment cela s’organise ? Bénédicte et ses vingt élèves ont sélectionné un édifice du patrimoine local. Cette année, ils ont décidé de modéliser les jardins et le château de Versailles avec quatre autres classes. Ils en ont étudié l’histoire et l’architecture. Afin d’en construire les plans, Bénédicte s’est servie des fiches de préparation d’un collègue participant au projet, Gilles Tisseraud, qui permet aux élèves d’appréhender le site sur plan et grâce à des photos aériennes à partir de la plateforme Géoportail. Vient ensuite le travail sur feuille.

 

L’occasion pour l’enseignante d’aborder la notion d’échelle, puisqu’un bloc de construction sur Minetest équivaut à un mètre en réalité. « Les élèves reportent sur une feuille quadrillée les distances du monument, en tenant compte de l’échelle ». C’est ensuite tous ensemble que les élèvent modélisent leurs travaux. Ils élaborent aussi une fiche documentaire présentant le monument. Il s’agit bien là d’un projet interdisciplinaire riche. « Cette modélisation me permet d’aborder en classe l’histoire des arts des périodes antique et moderne, les XVII et XVIII siècles en histoire, la mythologie grecque, les allégories et les fables de Jean de Lafontaine en littérature, mais aussi la plupart des concepts mathématiques.  D’ailleurs, je me suis beaucoup inspirée de l’ouvrage de David Plumel : 1,2,3, je code avec Minecraft et du site mathsenvie de Christophe Gigler ».

 

« Un travail collaboratif en mode ruche »

 

L’exercice MineStory est loin d’être solitaire pour les enseignants, ils échangent fréquemment et se partagent leurs fiches de préparation et leurs documents sur un drive commun, « nous travaillons en organisation riche » se plait à dire Bénédicte, tout ce que l’un accomplit profite aux autres.

 

Pour les élèves, idem. C’est un travail collaboratif, en mode « ruche » pour reprendre Bénédicte. Les dix classes participants au projet ont pu voir l’avancé de la modélisation de leurs camarades puisque le serveur dédié, celui mis à disposition par la Dane de Dijon, est le même pour tous. C’est ainsi qu’aujourd’hui les élèves peuvent évoluer sur la frise de façon immersive. Ils se promènent à Aigues Mortes, à la Cité Saint Louis, à la Cathédrale de Reims, dans un bunker de la seconde guerre mondiale, dans l’ancien château du Louvre, sur un site antique ou encore visiter des phares bretons ! Rien de tel pour faire vivre les apprentissages !

 

A la fin de l’année, tous les protagonistes, élèves et enseignants, se retrouveront au congrès annuel, dans la réalité et non sur des serveurs. Enfin presque tous puisqu’une classe participante se trouve à … Doha. L’an passé, c’est à Dijon que les élèves de Bénédicte ont présenté leur modélisation du château de la Roche Guyon – qui se situe juste en face de leur école. Un riche moment de solidarité et de fierté selon les enseignants.

 

Prendre du plaisir à apprendre

 

Bénédicte soulève aussi l’intérêt de ce type de projet pour l’élève, qui prend plaisir à travailler lorsque le sujet l’intéresse.  « Ils me disent : « Maitresse j’adore ce qu’on fait cette année, j’adore faire MineStory. Pourtant nous ne sommes allés que trois fois une demi-heure sur la plateforme depuis le début de l’année. L’essentiel de leur travail se fait dans leurs cahiers. Par exemple, ils doivent résoudre un problème mathématique en lien avec mineStory, ou compter et nommer les formes géométriques d’un bosquet vu du ciel, mesurer le périmètre d’un autre, lire un mythe grec dont les héros sont représentés en statues et réaliser une explication de texte ou une rédaction sur le sujet. Ils sont toujours partant et avides de découvertes ! »

 

Ainsi, comme beaucoup d’enseignants, Bénédicte a compris qu’il était souvent plus intéressant de partir de projets pour aborder les notions et compétences à acquérir… Elle met d’ailleurs à disposition son Genialy, qui reprend les différents apprentissages abordés lors du premier trimestre dans le cadre de MineStory. Un projet soutenu par la Dane de Versailles mais aussi celle de Dijon.

 

Lilia Ben Hamouda

 

Ressources mise à disposition par Bénédicte

Restitution du projet 2018-2019

Site Mathsenvie de Christophe Gilger

Géoportail

 

Livre : « 1-2-3 je code avec Minecraft » de David Plumel. Edition Larousse. ISBN : 978-2-03-593609-7

 

 

 

Par fjarraud , le mercredi 05 février 2020.

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