Rodrigo Arenas (FCPE) : Nous ne pouvons plus attendre 

"Nous ne pouvons plus attendre. On doit donc être source de solutions". Pour la FCPE le moment est venu de proposer une autre école. A la veille de la manifestation nationale du 18 mai, Rodrigo Arenas, co président de la FCPE, première association de parents d'élèves, fait le point sur les réformes lancées par JM Blanquer et la loi sur la confiance à l'école. Il explique pourquoi la Fcpe appelle les parents à manifester. Surtout il annonce une large consultation pour proposer une autre école.

 

On a beaucoup vu des parents de la Fcpe organiser des "nuits des écoles" ou d'autres actions dans les écoles. Quel bilan en faites vous et allez vous continuer ?

 

Pour rétablir la confiance il faut s'attaquer à ce qui provoque la défiance. L'école doit donner un avenir aux enfants. Mais elle doit aussi régler des problèmes au quotidien : absences non remplacées, manque d'accompagnateurs, de personnels médicaux sociaux, etc. C'est cela qui crée la défiance envers l'école.

 

On aurait aimé que la loi intègre les propositions du président de la république comme 24 élèves par classe. Or elle n'en parle pas alors que c'est le problème numéro 1. Ce qui remonte du terrain ce sont des ajustements comme ceux qu'on a connu pour les dédoublements.  On soutient la mesure mais pas au prix d'une hausse des effectifs dans les autres niveaux. Ce jeu de bonneteau ne rétablit pas la confiance.

 

Finalement cette loi est davantage un règlement intérieur en direction de l'encadrement de l'Education nationale qu'une loi rétablissant la confiance avec les parents. Elle permet de régler des comptes entre le ministre et la majorité sénatoriale mais s'occupe pas des enfants. Les propositions d'amendement sont idéologiques. Plutôt que s'attaquer à l'absentéisme on s'attaque aux familles pauvres avec la suppression des allocations familiales. Le Sénat instrumentalise le nationalisme avec les drapeaux en salle de classe plutôt que faire confiance aux enseignants sur les valeurs de la République.

 

On est en train d'assister à une transformation du métier enseignant , de métier en emploi. C'est une taylorisation du métier. On le voit avec les étudiants qui arriveront dans les classes et dont on sait qu'ils seront livrés à eux mêmes. Au final c'est au détriment des enfants.

 

Avec l'instruction obligatoire à 3 ans, le sénat confirme le transfert d'argent public vers les écoles privées confessionnelles. Or l'Etat devrait garantir la laïcité. Si on parle de scolariser à  ans pour l'égalité des chances il vaudrait mieux scolariser à 2 ans car à trois cela concerne peu d'enfants. Pour cela il aurait fallu investir dans l'école. Et le gouvernement ne le fait pas. On sera vigilant par exemple pour que le plan Mayotte (500 millions) ne profite pas lui aussi aux écoles privées.

 

Avec la loi Blanquer on va vers une école de la détection. En fonction de leurs talents les élèves auront davantage de moyens. C'est une rupture d'égalité.  On retourne aux petits lycées du 20ème siècle. C'est une vision de l'école qui n'est pas égalitaire.

 

Le 18 mai il y a un mouvement enseignant. Vous allez y participer ?

 

On participera au 18 mai. Mais on va faire plus. On lance une campagne de remontée de solutions pour construire une autre école. On appelle la société civile à se réunir pour cela. On peut nous envoyer des contributions à lautrecole@fcpe.asso.fr . Nous allons recueillir la parole de la société et organiser un vrai débat de société sur l'école. On portera ce projet à la connaissance de tout le pays.

 

Vous avez été longtemps président de la Fcpe 93. Comment vivez vous les mesures prises par le Sénat ?

 

La Seine Saint Denis est un miroir grossissant de la réalité nationale. Cela fait longtemps que l'on dit que le département manque de moyens. Faire travailler école et collège ensemble c'est bien. Mais il faut s'attaquer aux problèmes extérieurs à l'école comme la sureté ,les difficultés sociales, la mixité sociale. La loi n'évoque pas ces problèmes. Et nous ne pouvons plus attendre. On doit donc être source de solutions.

 

Propos recueillis par François Jarraud

 

 

Par fjarraud , le vendredi 17 mai 2019.

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